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Grasset
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Comment ça va pas ? - Conversations après le 7 octobre
Delphine Horvilleur
- Grasset
- Essais Grasset
- 21 Février 2024
- 9782246838463
Fracassée comme tant d'autres après le massacre perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, l'auteur voit son monde s'effondrer. Elle dont la mission consiste à porter la souffrance des autres sur ses épaules et à la soulager par ses mots, se trouve soudain en état de sidération, impuissante et aphasique.
Dans la fièvre, elle écrit alors ce petit traité de survie, comme une tranche d'auto-analyse qui la fait revenir sur ses fondements existentiels.
Le texte est composé de dix conversations réelles ou imaginaires : conversation avec ma douleur, conversation avec mes grands-parents, conversation avec la paranoïa juive, conversation avec Claude François, conversation avec les antiracistes, conversation avec Rose, conversation avec mes enfants, conversation avec ceux qui me font du bien, conversation avec Israël, conversation avec le Messie.
Ce livre entre en résonnance avec Vivre avec nos morts (puisqu'il s'agit ici, a contrario, de l'angoisse de mourir avec les vivants), avec Réflexions sur la question antisémite (puisque c'est le pendant personnel, intime et douloureux à l'essai plus intellectuel et réflexif) et à Il n'y a pas de Ajar (puisque la musique, le ton, la manière des dialogues oraux font écho à ceux du monologue théâtral).
Comme toujours avec l'auteur, le va et vient entre l'intime et l'universel, entre l'exégèse des textes sacrés et l'analyse de la société actuelle, entre la gravité du propos et l'humour comme politesse du désespoir, parvient à transformer le déchirement en réparation, l'inconfort en force, l'inquiétude en réassurance et le doute en savoir. -
Après Le droit d'emmerder Dieu, éloge du droit au blasphème, Richard Malka revient sur l'origine profonde d'une guerre millénaire au sein de l'Islam : la controverse brûlante sur la nature du Coran.
Plus qu'une plaidoirie, ces pages mûries pendant des années questionnent ce qu'il est advenu de l'Islam entre le VIIème et le XIème siècle, déchiré entre raison et soumission.
Les radicaux ont gagné, effectuant un tri dans le Coran et les paroles du Prophète, oppressant leurs ennemis - au premier rang desquels les musulmans modérés, les musiciens, artistes, philosophes, libres penseurs, les femmes et minorités sexuelles.
Plonger avec passion dans cette cassure au sein d'une religion n'est pas être « islamophobe », c'est regarder l'histoire en face.
Traité sur l'intolérance est une méditation puissante, un appel aux islamologues du savoir et de la nuance - pour qu'enfin chacun sache, comprenne, échange, s'exprime. -
« En ce début des années 1990 : le diable grimé en général était toujours présent. Il me semblait qu'en le rencontrant, je pourrais comprendre ce qui le différenciait du reste du genre humain. Constater ce qui lui manquait, ou ce qui avait provoqué un changement de nature. Peut-être me rassurer à bon compte face à l'évidence de l'altérité. Et témoigner. »
Fils d'un père bolivien réfugié en France, Bruno Patino grandit entouré d'images de figures révolutionnaires devenues icônes. Il fantasme et s'interroge sur les hommes derrière les représentations. Parmi ces images, celle du dictateur chilien aux lunettes noires, Augusto Pinochet, incarne pour lui le mal.
En 1992, à 26 ans, l'auteur devient correspondant du Monde au Chili. Pinochet a quitté la présidence mais reste le commandant en chef de l'armée de terre et limite drastiquement ses échanges avec la presse. Il est, sur le continent, l'un des derniers à avoir fait régner l'ordre par le sang avant que les armes ne soient troquées par les écrans et la surveillance. Bruno Patino, cherche, déjà, à percer l'énigme du pouvoir : mû par une étrange obsession, il veut, par tous les moyens, rencontrer le général pour l'interroger.
Ce rare face-à-face est raconté dans ces pages, cinquante ans après la prise de pouvoir de Pinochet par un coup d'Etat, le 11 septembre 1973.
Après ses grands essais sur notre condition numérique, Bruno Patino nous emmène sur un terrain mouvant et passionnant : les combats de sa jeunesse et l'ambiguïté folle d'approcher un monstre. Un conte cruel où un jeune journaliste va pourtant finir par rire avec le diable. -
Mille milliards de rubans : La vraie histoire de la mode
Loïc Prigent
- Grasset
- Le Courage
- 9 Octobre 2024
- 9782246820758
Après les grands succès qu'ont été ses recueils de « pépiements », tel Passe-moi le champagne, j'ai un chat dans la gorge (Grasset), voici le livre de Loïc Prigent que tout le monde attendait : son histoire de la mode. Dans plusieurs volumes dont celui-ci est le premier, il dévoile la couture française et internationale, du XIXe siècle à l'ouverture de la première boutique de Gabrielle Chanel en 1913. Des premiers grands couturiers (Worth) et des premières acheteuses-stars (l'impératrice Eugénie) à l'industrie qui s'en mêle (les machines à coudre Singer) et aux débuts de la commercialisation de masse (les grands magasins), nous découvrons les dessus et les dessous de cette folie française.
Dans cet essai-récit, Loïc Prigent se raconte par touches dans ce livre où, faux naïf et vrai Tintin, il révèle comment ce que l'on tient pour du superflu s'insère dans l'histoire générale. Le luxe ne s'est-il pas fondé sur les usines de Manchester où l'on traitait le coton récolté par les esclaves d'Amérique ? La technique n'est pas pour rien dans la création, le papier monnaie n'est jamais loin du chiffon.
« Comment la mode est-elle devenue la mode ? Comment le système s'est-il mis en place ? Qui a mis au point les machines, les prospectus, les vitrines, la frivolité comme modèle économique. Qui a décidé du rythme des collections ? Qui a eu l'idée de l'étiquette ? Le défilé et les mannequins ? ». Avec sa fougue habituelle et sa langue virevoltante, Loïc Prigent nous instruit, nous fait sourire, nous enchante. -
« C'est à nous, et à nous seuls, qu'il revient de réfléchir, d'analyser et de prendre des risques pour rester libres. Libres de nous engager et d'être ce que nous voulons. C'est à nous, et à personne d'autre, qu'il revient de trouver les mots, de les prononcer, de les écrire avec force, pour couvrir le son des couteaux sous nos gorges.
À nous de rire, de dessiner, d'aimer, de jouir de nos libertés, de vivre la tête haute, face à des fanatiques qui voudraient nous imposer leur monde de névroses et de frustration - en coproduction avec des universitaires gavés de communautarisme anglo-saxon et des intellectuels qui sont les héritiers de ceux qui ont soutenu parmi les pires dictateurs du XXe siècle, de Staline à Pol Pot. » Ainsi plaide Richard Malka, avocat de Charlie Hebdo, lors du procès des attentats de janvier 2015. Procès intellectuel, procès historique, au cours duquel l'auteur retrace, avec puissance, le cheminement souterrain et idéologique du Mal. Chaque mot pèse. Chaque mot frappe. Ou apporte la douceur, évoquant les noms des disparus, des amis, leurs plumes, leurs pinceaux, leur distance ironique et tendre.
Bien plus qu'une plaidoirie, un éloge de la vie libre, joyeuse et éclairée. -
Petit traité du racisme en Amérique
Dany Laferriere
- Grasset
- Essais Grasset
- 4 Janvier 2023
- 9782246830498
Dans ce livre, le premier qu'il consacre au racisme, Dany Laferrière se concentre sur ce qui est peut-être le plus important racisme du monde occidental, celui qui dévore les Etats-Unis. Les Noirs américains : 43 millions sur 332 millions d'habitants au total - plus que la population entière du Canada. 43 millions qui descendent tous de gens exploités et souvent martyrisés. 43 millions qui subissent encore souvent le racisme. Loin d'organiser une opposition manichéenne entre le noir et le blanc, précisément, Dany Laferrière précise : « On doit comprendre que le mot Noir ne renferme pas tous les Noirs, de même que le mot Blanc ne contient pas tous les Blancs. Ce n'est qu'avec les nuances qu'on peut avancer sur un terrain si miné. » Voici donc un livre de réflexion et de tact, un livre littéraire. Mêlant des formes brèves que l'on pourrait rapprocher des haïkus, où il aborde en général les sensations que les Noirs éprouvent, et de brefs essais où il étudie des questions plus générales, Dany Laferrière trace un chemin grave, sans jamais être démonstratif, dans la violence semble-t-il inextinguible du racisme américain. « Mépris », « Rage », « Ku Klux Klan » alternent avec des portraits des grands anciens, Noirs ou Blancs, qui ont agi en noir ou en blanc : Charles Lynch, l'inventeur du lynchage, mais aussi Eleanor Roosevelt ; et Frederick Douglass, et Harriet Beecher Stowe, l'auteur de La Case de l'oncle Tom, et Bessie Smith, à qui le livre est dédié, et Angela Davis. Ce Petit traité du racisme en Amérique s'achève sur une note d'espoir, celui que Dany Laferrière confie aux femmes. « Toni, Maya, Billie, Nina, allez les filles, le monde est à vous ! »
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Les Monstres : Séparer l'oeuvre de l'artiste ?
Claire Dederer
- Grasset
- Essais Grasset
- 23 Octobre 2024
- 9782246837169
Peut-on encore aimer les oeuvres de Pablo Picasso, Ernest Hemingway, Roman Polanski et Michael Jackson ? Dans cet essai qui a fait beaucoup de bruit lors de sa sortie aux États-Unis, Claire Dederer, critique de cinéma pour le New York Times, explore un malaise qui s'est installé dans toutes les conversations : certains de nos films, livres et musiques préférés ont été créés par des « monstres ».
À la fois ode au plaisir d'une journaliste cinéphile qui raconte avec passion les oeuvres et confession d'une fan qui s'est sentie trahie, Les Monstres développe l'idée de « taches » sur les productions artistiques, aussi soudaines qu'indélébiles, devenues impossibles à ignorer. Il ne s'agit pas de dresser une liste noire de créateurs mais plutôt de proposer une réflexion sur la rencontre entre la biographie d'un artiste et celle de son public - dans la diversité des expériences et des traumatismes individuels. Claire Dederer examine une société post-romantique où le génie, qui avait été auréolé d'une gloire toute virile, n'est plus exempté de jugement moral.
Une oeuvre peut-elle être destituée à cause des actions répréhensibles de son créateur ? Quel que soit son contenu ? Et si elle a été réalisée avant le passage à l'acte de l'auteur, cela doit-il infléchir notre jugement ? Mais surtout, peut-on continuer à aimer ces oeuvres malgré tout ?
Véritable best-seller aux États-Unis, l'essai de Claire Dederer est une contribution essentielle au débat public. Conçu comme un Contre Sainte-Beuve contemporain et féministe, Les Monstres pétille de drôlerie et d'érudition, sans jamais tomber dans le relativisme ni la caricature.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Carine Chichereau -
Au terme de près de cinquante ouvrages et de cinquante ans de participation à la vie publique, Alain Minc nous offre ici un « arrêt sur images ». Ce ne sont pas à proprement parler des Mémoires mais un bilan d'étape qui se déplie et se déploie, comme un éventail, en quatre volets : figures, moments, legs et ratés.
« Le vrai tombeau des morts, c'est le coeur des vivants » disait Cocteau. Aussi ce livre commence-t-il par les portraits de personnages, aujourd'hui décédés, dont l'auteur a été très proche et qui ont joué un rôle cardinal dans sa vie. C'est un mélange inattendu d'affinités électives où Jorge Semprun côtoie Bernard Tapie, François Furet, Yves Montand... et où souvenirs personnels et descriptions psychologiques se donnent la main.
Ensuite viennent les moments importants pour lesquels il retrace ses réactions analysées à travers le regard d'aujourd'hui : du « monôme » de 1968 au 7 octobre 2023, de l'invasion soviétique de la Tchécoslovaquie à la chute du mur de Berlin.
Puis les idées ou concepts qu'il a lancés et sont devenus des lieux communs dans les débats d'aujourd'hui - comme par exemple « l'équité versus l'égalité », « la mondialisation heureuse » ou le « cercle de la raison » - sur lesquels il s'interroge avec le recul du temps.
Et enfin ses « ratés », les sujets qu'il estime avoir ignorés ou maltraités, réfléchissant rétrospectivement aux raisons de ses faux pas.
Sur chacun de ces thèmes affleure un mélange d'humour et de distance, de profondeur et de légèreté. -
Lettres à la petite fille qui vient de naître
Patrice Franceschi
- Grasset
- Essais Grasset
- 2 Octobre 2024
- 9782246839736
« Ma chère enfant, tu as à peine quelques mois d'existence, l'avenir est tout entier devant toi, mais depuis le jour de ta naissance je m'interroge sur le destin que te réservera le monde dans lequel tu viens de prendre place, et sur la manière dont je pourrais agir pour rendre ce destin le meilleur possible. Cette préoccupation va de soi puisque je suis ton parrain par la grâce de ta mère. Sache que je prends mon rôle très à coeur - comme je le fais pour mes propres enfants. Tout au long des années à venir, je vais t'accompagner dans ta marche en avant, de tes premiers pas jusqu'à mon dernier souffle. Qu'il plaise aux dieux que ce chemin soit long ! »
Ainsi s'adresse Patrice Franceschi à sa très jeune filleule, et à sa mère aussi : première lettre d'une suite de vingt-quatre, destinée à la « petite fille qui vient de naître » pour l'aider à affronter le monde qui l'attend, traversé de violence, de lâcheté, de doutes, travaillé par les dissensions et la colère. Des lettres pleines d'espoir et de solutions pour un regard d'enfant en quête de rire, de paix et d'échange. A la petite fille qui lira ces pages, bien plus tard, comme un parcours initiatique vers le bonheur, Franceschi ne cache rien. Il se livre, aventurier, ami des peuples libres, lecteur des philosophes, écrivain passionné. Il raconte. S'inquiète. Et propose une façon d'être : profondément libre, engagé moralement; jamais indifférent; avec, au coeur, la vérité, la beauté, l'appel du risque et de la sagesse.
Mêlant choses vues, lectures, pensées, avec tendresse et à hauteur d'enfant, Patrice Franceschi nous livre le plus beau des cadeaux : cent pages pour aimer la vie intensément. -
Que devient l'oeuvre d'un écrivain lorsqu'il est traduit, surtout s'il s'appelle Franz Kafka ? Au milieu des années 1920, dix écrivains font éclore ses oeuvres hors de la langue et du lieu où il les avait conçues, et les sauvent de l'oubli auquel les autorités soviétiques et nazies les avaient condamnées. Pendant plusieurs décennies, Kafka n'existera principalement qu'en traductions, via d'autres voix que la sienne. Un comble pour cet écrivain devenu aphone avant de mourir de la tuberculose en 1924.
Les premiers traducteurs de Kafka ne le deviennent pas par hasard, mais par nécessité ou amour. Paul Celan et Primo Levi le traduisent à leur retour des camps, respectivement en roumain et en italien. Bruno Schulz le traduit en polonais, avant d'être abattu en pleine rue par un SS ; Milena Jesenska très amoureusement en tchèque avant d'être déportée et Jorge Luis Borges en espagnol avant de perdre la vue. Ses traducteurs russes, contraints à la clandestinité, demeureront anonymes. Son traducteur français, Alexandre Vialatte, décèle en lui une nouvelle forme d'hilarité. Quant au poète Maleykh Ravitsch, il le traduit en yiddish après la guerre pour un lectorat qui a quasiment disparu.
Tous ses traducteurs propulsent l'oeuvre de Kafka sur la scène du monde en y projetant quelque chose d'eux-mêmes. Chacun peut, à sa façon, s'écrier : « Josef K, c'est moi. »
Dans cet essai érudit mais vivant, Maïa Hruska tire le fil des échevaux littéraires et politiques du vingtième siècle : analysant la manière dont Kafka est devenu Kafka, elle éclaire subtilement l'Europe d'aujourd'hui à la lumière de celle d'hier. -
Je souffre donc je suis : Portrait de la victime en héros
Pascal Bruckner
- Grasset
- Essais Grasset
- 13 Mars 2024
- 9782246838005
A l'humanité conquérante de la modernité succède aujourd'hui une humanité victimaire. La promesse des Lumières et de la Révolution, un monde meilleur débarrassé du fatalisme et du fanatisme, accouche d'une société du sanglot.
Le souci des humiliés, telle est la grandeur de la civilisation. La victimisation comme chantage sur autrui et pathologie de la reconnaissance, tel est l'envers de ce progrès.
La souffrance est devenue paradoxalement, dans l'Occident hédoniste, un nouveau sacré qui méduse. Chacun, riche ou pauvre, homme ou femme, brandit son brevet de malédiction, qui l'élève au-dessus de ses semblables. Ce dolorisme mâtiné d'aigreur valorise la figure du martyr et alimente ces deux grandes passions que sont le ressentiment et la vengeance. Les heureux et les puissants veulent eux aussi appartenir à l'aristocratie de la marge et former de nouvelles castes de déchus, au détriment des vrais malheureux. Partout fleurit la posture du paria, le narcissisme de la sécession et la concurrence victimaire.
Cajolées, élevées dans la peur et la susceptibilité, les jeunes générations seront-elles capables d'affronter le monde chaotique qui est le nôtre, marqué par le retour de la guerre, l'hyper violence, le terrorisme islamiste et les catastrophes naturelles ? -
Comment peut-on, adolescent, faire la démonstration d'un talent inouï au point de devenir une sorte de bête de foire dans les milieux littéraires parisiens, et à vingt ans, renoncer brutalement à la poésie pour partir vendre du café et des casseroles en Afrique ? C'est ce qu'on a l'habitude d'appeler le mystère Rimbaud. Cette répudiation lui a valu anathème (André Breton) et incompréhension (Etiemble), certains comme René Char se montrant plus compatissants (« tu as bien fait de partir, Arthur Rimbaud »). Mais aucun ne s'est demandé si ce n'était pas plutôt la poésie qui l'avait lâché, inapte désormais à rendre compte de la modernité qui, sous la bannière du progrès, rendait obsolète le vieux monde de l'alexandrin et du sonnet.
Or le jeune Rimbaud fut en première ligne dans ce changement à vue. Il fut hébergé par Charles Cros, poète et inventeur du phonographe, fréquenta Paul Demeny dont le frère Georges est un des pionniers du cinéma, usa abondamment des trains et des vapeurs, posa pour Carjat, le photographe des « people », assista à la construction du premier métro du monde, celui de Londres, et il connaissait au moins par Cabaner les discussions enflammées du café Guerbois où Monet, Manet, Cézanne, procédait au dynamitage de l'académisme.
« Il faut être absolument moderne », lâche-t-il dans Une saison en enfer, établissant bien moins sa feuille de route que reprenant un mantra du temps. Et la poésie dans tout ça ? « Ne va-t-il pas être bientôt temps de supprimer l'alexandrin ? » glissa-t-il à Banville, alors grand maitre du Parnasse. Il s'en chargea dans Une Saison en enfer et dans les Illuminations.
Pour nous aider à percer le mystère, restent heureusement les témoins. Et dans cette constellation, les étoiles de première grandeur : Ernest Delahaye, l'ami du collège, Georges Izambard, le professeur à peine plus âgé que son élève, Isabelle qui accompagna avec un dévouement amoureux l'agonie de son frère, et Alfred Bardey qu'on ne peut soupçonner d'avoir été influencé par un passé dont il ignorait tout quand il engagea à Aden pour surveiller ses entrepôts de café un jeune Français trainant dans les ports de la Mer Rouge. Mais tous s'entendent pour confirmer la prophétie du vieux professeur du collège de Charleville que fixait derrière son pupitre le regard pervenche : « Rien de banal ne germera dans cette tête. » Jean Rouaud -
Dans son premier roman, Le Goût des garçons, Joy Majdalani explorait sans pudeur et sans complaisance l'éveil à la sexualité de jeunes adolescentes. Dans Jessica seule dans une chambre, voici des femmes à l'âge adulte.
Jessica a vingt-trois ans. Elle s'impatiente dans la minuscule chambre d'étudiante qu'elle loue sous les toits de Paris : elle va nonchalamment de garçon en garçon. Louise a vingt-neuf ans. Elle a réussi sa vie, à son grand déplaisir : une carrière dans un fonds d'investissement ? des amis aux conversations clinquantes et banales ?
Alors qu'il vient d'être quitté par Louise, Justin rencontre Jessica. Il est l'objet du roman, vraiment l'objet. Jessica et Louise le transforment tour à tour en soupirant, en sauveur, en fardeau. L'objet n'a de valeur que par les moyens de se détester qu'il engendre entre les deux femmes. Chacune tente de reconstituer la vie de l'autre au moyen de bribes : indices glanés sur les réseaux sociaux, informations soutirées à Justin, silhouettes aperçues derrière les vitres des bars. Après des mois de fantasmes et d'obsessions, vient le moment de l'affrontement.
Cette histoire d'amitié et de haine recense tous les petits séismes de l'existence de ces jeunes femmes, dont la férocité est un combat contre le désespoir qui les guette. Comment supporter l'atroce concurrence que, parfois, les femmes se créent ? -
L'homme augmenté : Futurs de nos cerveaux
Raphaël Gaillard
- Grasset
- Essais Grasset
- 10 Janvier 2024
- 9782246835172
-
Sur le pouce : Un petit doigt pour la main, un pas de géant pour l'humanité
Mathieu Vidard
- Grasset
- Essais Grasset
- 3 Avril 2024
- 9782246830511
En dépit de sa petite taille, le pouce occupe une place centrale dans notre vie. Héros discret, il est un outil essentiel dans la réalisation de nombreuses prouesses techniques et un marqueur de l'évolution de l'humanité. Bien plus qu'un simple doigt, il symbolise l'histoire de notre espèce.
Ce petit élément de notre anatomie a joué un rôle crucial. Sa capacité à s'opposer aux autres doigts a été fondamentale pour notre habileté manuelle, transformant des primates arboricoles en fabricants d'outils. On avait compris son importance dès les grottes préhistoriques, où il est représenté - par des mains comprenant un pouce. Grâce à lui, nous pouvons non seulement manipuler des objets, mais les représenter, en un mot : communiquer et créer.
Il est le rassurant compagnon des bébés. On le retrouve dans de nombreuses expressions du langage courant. Au-delà de cette présence familière, il reste un sujet de recherche pour les scientifiques. Ils montrent que, bien qu'il ne soit pas le propre de l'être humain, son degré de sophistication a permis à notre espèce d'occuper une place à part dans le règne animal.
Dans ce livre à la fois personnel, vivant, et impeccable d'un point de vue scientifique, Mathieu Vidard fait d'un petit sujet une grande aventure. -
Requiem pour « la Coloniale » : Afrique : conquête et retraite de l'armée française
Stephen Smith, Jean De La Gueriviere
- Grasset
- Essais Grasset
- 23 Octobre 2024
- 9782246840633
Une époque s'achève. L'armée de la France n'est plus « la Coloniale », ce corps expéditionnaire fait de puissance de projection et de mobilité qui remonte à Richelieu et aux « compagnies ordinaires de la mer ». La guerre a cessé d'être lointaine et choisie ; elle est de retour à nos frontières et imposée. Mises à la porte en Afrique, mises au défi en Europe, les troupes de marine - à ce jour le coeur battant de l'armée française - vont devoir se reconvertir.
Pour savoir où aller, il faut savoir d'où l'on vient. Ce livre remonte le long cours du tropisme africain de l'armée française et, donc, de la France.
Armée conquérante, force occupante, sentinelle de la Françafrique en même temps que « gendarme » de l'Afrique francophone pendant la Guerre froide et, pour finir, arrière-garde de la présence française au sud du Sahara, « la Coloniale » vient d'être rapatriée. Ses départs forcés - de la Centrafrique en 2015, du Mali en 2022, du Burkina Faso et du Niger en 2023... et, bientôt, du Sénégal et du Tchad ? - sont les étapes d'une grande retraite humiliante.
À la chute du jour, les ombres du passé ressurgissent : Fachoda, la colonne Voulet-Chanoine, le massacre de Thiaroye, la féroce répression anti-insurrectionnelle au Cameroun, le Rwanda, la plus tragique des nombreuses interventions de la France dans l'Afrique indépendante. Mais le requiem inclut le kyrie eleison, la « pitié » de reconsidérer la vie du mort au regard des circonstances. Dans la reconnaissance inégale de l'Autre, il y eut des officiers aux affaires indigènes aussi bien que des « tirailleurs », la fraternité d'arme dans deux guerres mondiales, le Régiment de marche du Tchad (RTM) reversé dans la 2e DB du général Leclerc, la libération par ses « sujets » de la métropole sous occupation nazie, les progrès de la médecine militaire tropicale. -
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7 octobre : La journée la plus meurtrière de l'histoire d'Israël racontée par ses victimes et leurs proches
Lee Yaron
- Grasset
- Essais Grasset
- 24 Avril 2024
- 9782246838265
Le 7 octobre 2023, le Hamas lance une attaque de grande ampleur en Israël : des civils sont enlevés, torturés, massacrés, brûlés. Ce jour devient le plus meurtrier pour le peuple Juif depuis la Seconde Guerre mondiale. Comment prendre la mesure de ce pogrom moderne et préserver la mémoire de ces 1 200 victimes ?
La journaliste Lee Yaron donne un visage à ces femmes, ces hommes et ces enfants assassinés, en dressant des dizaines de portraits comme autant de tombeaux littéraires pour ne pas oublier. Elle a interviewé les membres de leur famille, les survivants, les services de secours, elle a eu accès aux transcriptions des appels téléphoniques et aux échanges de messages qui ont précédé, parfois de quelques secondes, la mort de ces innocents. Du festival de musique « Tribe of Nova » au kibboutz de Kfar Aza en passant par un village de bédouins, Yaron nous conduit en ces lieux de deuil pour saisir au plus près la violence inouïe qui s'est déchaînée ce 7 octobre. Une journée qui restera gravée dans l'histoire d'Israël, du Moyen-Orient et du monde entier.
Il s'agit de la première grande enquête réalisée par une journaliste israélienne, publiée dans le monde entier, et suivie d'une postface inédite du lauréat du Prix Pulitzer 2022, Joshua Cohen, ainsi que d'une liste des noms de toutes les victimes de ce massacre.
Traduit de l'anglais par Colin Reingewirtz et Laurent Trèves. -
Les jours heureux, programme du Conseil national de la Résistance ; "Il est minuit moins le quart"
Collectif, Sophie Binet
- Grasset
- Essais Grasset
- 13 Mars 2024
- 9782246838128
En mars 2024, nous commémorerons le 80e anniversaire des « Jours Heureux », le programme adopté par le Conseil National de la Résistance le 15 mars 1944.
Alors que la guerre fait rage en Europe et que l'Allemagne nazie occupe la France, des hommes se réunissent dans l'ombre pour ériger les fondations d'une société nouvelle. L'action militaire n'est pas tout, il faut aussi préparer l'avenir, inventer le jour d'après. Ça sera le rôle de l'état-major de la Résistance - le CNR - fondé par Jean Moulin en mai 1943. En pleine clandestinité, les chefs des grands réseaux, les délégués des principaux partis politiques, de droite comme gauche, ainsi que les représentants des deux grandes confédérations syndicales de l'époque - la CGT et la CFTC- se réunissent et élaborent un projet économique et social pour la France de demain. Le 15 mars 1944, le programme est entériné et publié sous le nom « Les jours heureux ». Plus qu'une simple brochure militante, politique et économique, c'est un idéal, une vision et un changement radical de la France qui émergent. En son coeur, l'idée de solidarité et de mise en commun des richesses : service public, nationalisation, sécurité sociale, droit à la retraite, accès aux soins, congés payés, liberté de conscience, une presse indépendante des puissances de l'argent. Voici jetés les fondements de l'Etat providence et d'une société où l'intérêt particulier cède devant l'intérêt général. Adopté à la Libération par le gouvernement provisoire du général de Gaulle, les « Jours heureux » ont façonné en profondeur notre pays. Mais cet héritage précieux est aujourd'hui en péril, grignoté par des politiques qui sapent son essence et affaiblissent les institutions démocratiques. D'où l'urgence de redonner à ce document historique exceptionnel toute la place qu'il lui est due, car sauver le passé, c'est sauver l'avenir.
Cette nouvelle édition des « Jours heureux » est précédée d'un texte inédit de Sophie Binet, actuelle secrétaire générale de la C.G.T.
Un livre de combat, de rassemblement et d'espoir. -
« Comme certains de mes livres, Théories de théories est une tentative de classement au moyen d'une forme. Son titre s'explique par le double sens du mot ''théorie'', c'est-à-dire une proposition générale sur un sujet donné et une succession d'êtres ou de choses à la file. (Quand on dit : il y avait une théorie de chats, cela signifie que plusieurs chats se suivaient les uns derrière les autres.) Il se passe en une journée, à partir du moment où, levé, on s'habille (« théorie des beaux vêtements »), et s'achève à la fin du jour (« théorie du coucher du soleil »). Entre les deux, je propose des théories sur tout ce que l'on appelle la vie, ou du moins la vie comme je l'entends.
On y trouvera une théorie du désir, une théorie de l'amour, une théorie des ponts (si mal en point dans le monde de murs où nous vivons), une théorie des grandes vieilles actrices de théâtre, une théorie des mappemondes, une théorie du temps, une théorie de la couleur marron, une théorie du rire, une théorie du mot fin dans les livres, une théorie des odeurs, une théorie des fleurs coupées, une théorie de l'ombre et une théorie de la lumière, bien d'autres.
Ces théories, pour moi, ressemblent aux bâtons de métal qu'on nous faisait frotter en classe de physique pour attirer la limaille de fer. Elles rassemblent ce qui est épars, à la merci des coutumes, des idées reçues, des superstitions, de l'ignorance, et proposent des interprétations plausibles. Elles ne cherchent pas à être ''vraies''. Théories de théories est, en quelque sorte, une boîte à outils.
Je dois ajouter que ''théories'' ne veut pas dire abstrait. Mes théories, qui sont parfois longues, parfois courtes, le plus souvent des essais, quelquefois des fictions, se fondent sur des observations, des faits historiques, les remarques des auteurs les plus divers de tous les temps et de tous les pays. Des expériences sensibles, aussi. C'est mon livre le plus intime. A la fin, j'espère qu'on en aura retiré une certaine conception du monde, suivant ce que l'on pourrait appeler une pensée moirée, à la façon de la moire du tissu, changeante et variée comme la vie. » Ch. D. -
Voici l'art de vivre de Dany Laferrière. Sous forme de maximes, de réflexions commentées, de rêveries, cent pages pour devenir soi-même un peu japonais.
« J'ai voulu savoir comment les choses s'étaient passées dans cette vie où je n'ai pas cessé de bouger, souvent malgré moi. Toutes ces villes où j'ai vécu (Port-au-Prince, Petit-Goâve, Montréal, New-York, Miami, Paris, Tokyo), assez pour les intégrer en moi sans devenir sédentaire pour autant. Je suis passé, à peine étonné, du sud au nord, du rhum au vin, de l'été à l'hiver, jusqu'à devenir un cerisier en fleurs. J'ai franchi clandestinement les frontières de classes, de races ou encore celles qui séparent un pays d'un autre. J'ai accumulé diverses expériences au fil des jours ensoleillés ou pluvieux, mais je n'avais pas encore évalué ce parcours.
L'été dernier, j'ai découvert sous forme de réflexions fulgurantes, de haïkus langoureux, de descriptions hâtives d'un lieu, d'une situation ou d'un état d'esprit, ce qui s'était passé dans ma vie durant ce dernier demi-siècle. Lecteur horizontal, j'ai choisi de vivre dans ma baignoire ou dans mon lit sans quitter l'espoir qu'une inconnue frappe à ma porte. Je note que la plupart des gens veulent savoir ce que l'écrivain cache alors que je me contente de ce qu'il tente de me faire voir.
Pour rester dans cette simplicité proche de l'enfance, j'ajouterai que je lis une page les yeux ouverts, pour la repasser dans ma tête les yeux fermés. L'eau chaude de la baignoire me permet de fuguer en regrettant de ne pas l'avoir fait à certains moments comme la fois où j'ai manqué de prendre cette petite route de terre qui m'appelle depuis si longtemps, et cela même si j'ignore où elle me mènera. J'ajouterai que c'est quand on n'a rien à faire que le temps devient précieux. Mais pensant que la vie est linéaire, je tente vainement d'en sortir en prenant le bon chemin au mauvais moment. Pour finalement comprendre que ces petites notes, comme des touches de couleur, me dessinent un portrait naïf. Ce mince livre m'aura pris plus de temps qu'aucun autre. »D.L -
Partir, toujours. Ailleurs. Rêver, imaginer, s'arracher, découvrir. La porte à côté ou une vallée du Cachemire. A l'est d'Eden ou aux îles Lofoten. Dans une vallée verdoyante où se cache une abbaye, au coeur d'un cimetière parisien. Vers l'Asie. Ou le fort de Cape Coast, au Ghana. Tel est le programme, et parfois l'envie... Mais nous sommes désormais hésitants, travaillés par le doute, l'éco-anxiété, l'inflation, l'avihonte. Quel est notre far-west, si tout a été vu ? La rencontre est-elle encore possible, après les confinements, casque sur les oreilles et portable à la main ?
Voici donc un éloge du voyage et de l'ailleurs, par l'un de nos plus grands voyageurs - puisque Gavin's Clemente-Ruiz, essayiste, chroniqueur, romancier, est un des voyageurs du légendaire Routard. Savoir lire une carte. Apprendre à se perdre. Echanger en langage des signes. Ouvrir les yeux. Transmettre à ses enfants. Parler à son voisin. Retrouver le goût des couleurs. Inventer la micro-aventure. Essayer le slow travel. Et le tout, bien sûr, en restant un citoyen éveillé et conscient.
Aux côtés de Gavin's Clemente-Ruiz, prenez un peu d'élan, de joie et de soleil. Un merveilleux récit, vif et pétaradant, qui donne envie d'été et d'aventure. -
Surnommée « la reine des fleurs » depuis l'Antiquité, la rose règne sans partage : elle est la plus offerte au monde. En l'associant à l'amour dès son apparition, en Perse, nous lui avons prêté une passion que nous la chargeons de transmettre, ce qu'elle accomplit avec charme et fugacité, douceur et piquant. Cueillons-la avant qu'il ne soit trop tard, en compagnie d'Alain Baraton, le jardinier de Versailles, dans ce livre qui est la première histoire culturelle de la rose.
Qu'est-ce qui la caractérise ? Comment et quand s'est-elle répandue sur toute la terre ? Quelles sont ses propriétés, quelle est sa symbolique ? La rose rose est-elle la rose originelle ? Qui sont ceux qui lui ont donné son nom (et ceux qui en rêvent) ? De quels grands peintres a-t-elle été la fleur favorite, quels sont les plus beaux poèmes en son honneur, quels musiciens ont composé en s'inspirant d'elle ? Saviez-vous que la rose a causé des guerres, et engendré des usages gastronomiques ? La fleur la plus célèbre du monde est pleine de surprises.
Tout ceci, et bien d'autres découvertes encore, nous attendent dans Le Livre de la rose, où, alliant botanique, histoire et anecdotes, Alain Baraton révèle les secrets de la fleur aux cent pétales. -
Au fil des années, en parallèle avec essais, journaux ou romans, Marc Lambron a réalisé de nombreux entretiens avec écrivains, acteurs, chanteurs, créateurs de mode, artistes en général. Pour la première fois, il rassemble les transcriptions d'une soixantaine de ces rencontres selon le verbatim alors enregistré puis transcrit par ses soins.
On y trouvera de grands disparus, Jeanne Moreau, Juliette Gréco, Charles Aznavour, Raymond Devos, Françoise Gilot, Johnny Hallyday, Karl Lagerfeld, Jane Birkin, et du côté des écrivains Alberto Moravia, Tom Wolfe ou Martin Amis.
Beaucoup de cinéma : les actrices françaises les plus en vue, de Catherine Deneuve à Isabelle Adjani, d'Isabelle Huppert à Fanny Ardant, y apparaissent, tout autant que des Anglo-Saxons tels Robert Redford, Faye Dunaway, Woody Allen, Charlotte Rampling ou John Malkovich.
La réputation de mutisme d'un Sami Frey ou d'un Hedi Slimane s'y trouve démentie, tandis que Patti Smith, Gérard Garouste ou Philippe Starck, parmi beaucoup d'autres, y revisitent leur carrière.
Au fil de ces entretiens, l'auteur cultive continument une même approche : proposer à ses interlocuteurs, regardés comme des personnages de roman, de se livrer à une sorte d'autobiographie parlée, de la naissance d'une vocation à ses accomplissements majeurs. Pour la plupart conduites en longueur, ces rencontres offrent comme la photographie verbale d'un parcours restitué par le locuteur lui-même. L'ensemble constitue une archive unique mise en perspective, de vive voix, sur le mode de la confidence et de la remémoration.