Filtrer
Rayons
- Littérature
- Littérature argumentative (29)
- Essai littéraire (28)
- Art épistolaire, Correspondance, Discours (1)
- Jeunesse
- Bandes dessinées / Comics / Mangas
- Policier & Thriller
- Romance
- Fantasy & Science-fiction
- Vie pratique & Loisirs
- Tourisme & Voyages
- Arts et spectacles
- Religion & Esotérisme
- Entreprise, économie & droit
- Sciences humaines & sociales
- Sciences & Techniques
- Scolaire
- Parascolaire
- Dictionnaires / Encyclopédies / Documentation
Support
Éditeurs
Nous
-
Ce livre rassemble les manifestes de la poète Mina Loy. Écrits entre 1914 et 1919, ces écrits incisifs portent autant sur la politique que sur l'esthétique et constituent les différentes facettes d'un programme radical et résolument moderne pour l'émancipation des femmes et des hommes dans les sociétés occidentales. Égalité hommes-femmes, libération sexuelle, éthique du courage et autonomie : autant des thèmes qu'abordent ces écrits polémiques, qui avec leur langue puissante et leur registre enragé tentent d'opérer la conjonction difficile entre les tendances individualistes typiques du modernisme et la révendication d'une démocratie égalitaire, donnant enfin toute leur place aux femmes en tant qu'individus autonomes. Mina Loy y livre son affirmation radicale d'une éthique du courage ainsi que des refléxions - sur le sexe et l'amour, sur le mariage, sur la prise de conscience du corps... - qui résonnent fortément avec les problématisations féministes d'aujourd'hui, et constituent une étape incontournable dans l'histoire du féminisme européen. Le Manifeste féministe, écrit en 1914, très connu dans le monde anglo-saxon, est suivi des « Aphorismes sur le futurisme », et de plusieurs textes courts sur la constitution d'une société démocratique prenant en compte les découvertes alors récentes de la psychanalyse, des « Aphorismes sur le modernisme », des « Notes sur l'existence », des réflexions sur « L'artiste et son public »...
-
Tout autre chose est le premier livre de Claro aux éditions Nous. Il s'agit d'une sorte d'inventaire d'objets plus ou moins matériels, plus ou moins banals, en tout cas supposés quotidiens. Dans une langue à la fois sombre et précise, ces textes expriment l'inquiétude vis-à-vis de ces objets (couteau, coussin, ampoule, clou, caillou, clé...) qui - investis par le regard et les affects de l'observateur - s'animent d'une présence étrange, d'une sorte de vie onirique, voire cauchemardesque. Le quotidien en ressort modifié, il semble changer d'échelle, s'animer d'une puissance énigmatique et hors contrôle. Chaque texte est un mélange subtil de gravité, d'hallucination et d'humour, qui peut rappeler l'univers de Kafka. « Plutôt que d'isoler l'objet et d'en exploiter l'exacte nature, j'essaie de lui faire rendre gorge, de le machiner avec nos pulsions, de le traiter comme une chose animée, voire animale. Voir en l'objet, non pas la matière ou la forme, mais des possibles, et des impossibles ; le traiter sans ménage, le triturer, et le laisser se retourner contre nous (l'auteur, le lecteur). » [Claro]
-
Ce livre propose un choix d'essais dans l'oeuvre du grand écrivain italien, écrits dans les années soixante, traduits ici pour la première fois. Ce sont des textes incisifs, politiques et polémiques, qui donnent à voir l'écrivain qui lutte pour le développement, le progrès, la justice - et qui deviendra ensuite, dans les années soixante-dix, une des consciences de l'Italie, avec Moravia et Pasolini. Les analyses proposées incarnent la voix d'un combattant pour la vérité, d'un opposant, d'un hérétique, d'un sceptique et d'un pamphlétaire, d'un homme qui combat les pouvoirs, les abus de pouvoir - et d'un écrivain à la sobriété exemplaire, qui aime la concision et manie l'ironie.
On reconnaît dans ces textes le premier auteur italien à écrire un roman sur la mafia - contre la mafia - au début des années soixante, à un moment où son existence est encore souvent niée (Le jour de la chouette).
Celui qui met en garde contre la compromission des partis de gauche qui gouvernent avec la Démocratie Chrétienne, d'abord en Sicile puis à l'échelle de l'Italie. Celui qui voit venir le « compromis historique » avec le Parti communiste (À chacun son dû, Le contexte) et ses conséquences politiques désastreuses. On perçoit également dans ces courts essais l'admiration que Sciascia porte aux grands écrivains siciliens : Verga, De Roberto, Pirandello... jusqu'à son contemporain Vittorini, à qui il rend un bel hommage post-mortem. Mais aussi le rapport difficile qu'il entretient avec Le Guépard de Tomasi di Lampedusa, le fameux roman à succès, qu'il juge trop pessimiste et trop indulgent envers les aristocrates. On y voit son attachement de Sicilien au passé plus ou moins mythique de la Sicile arabe et normande au Moyen Âge - un modèle de civilisation, peut-être de tolérance. On y voit enfin un écrivain qui persévère, qui ne se laisse pas détourner ni corrompre - même s'il lui arrive de se décourager - alors que les campagnes se vident, que la Sicile se vide, que l'émigration des Siciliens est au plus haut. « J'écris seulement pour faire de la politique », écrit-il un jour au réalisateur Elio Petri, qui s'apprête à adapter au cinéma À chacun son dû. Les textes réunis ici le prouvent.
Auteur d'essais autant que de fictions, Leonardo Sciascia (1921-1989) est le plus grand écrivain sicilien du XXe siècle avec Pirandello, l'une des figures centrales de la littérature « engagée » en Italie, l'une de ses voix polémiques les plus lucides et précieuses - que l'on pense à L'Affaire Moro, pamphlet contre l'élite politique italienne après l'enlèvement et l'assassinat d'Aldo Moro, ou aux films tirés de ses romans, comme Cadavres exquis de Francesco Rosi.
-
Voici la réédition en poche d'un livre devenu depuis sa première publication (janvier 2011) un « classique » des éditions Nous. Il présente, pour la première fois traduits et rassemblés, l'ensemble des textes de Walter Benjamin consacrés à Proust.
La relation étroite qui lie l'oeuvre de Benjamin à Proust et à ses textes s'étale sur plus d'une décennie, de 1929 jusqu'à sa mort. Parmi les premiers lecteurs allemands de Proust, Benjamin le traduit (À l'ombre des jeunes filles en fleurs, Du côté de Germantes, Sodome et Gomorrhe) et arrive jusqu'à le « réécrire » - son Enfance berlinoise est une réécriture condensée et fragmentée de la Recherche, revendiquée comme telle par l'auteur.
Les réflexions de Benjamin révèlent une proximité surprenante à la pensée et à l'oeuvre de Proust, sur des sujets aussi fondamentaux que la conception du langage (rejet du contenu communicationnel du langage et de l'arbitraire du signe), de l'oeuvre d'art, de la « judéïté ».
Dans ce volume on trouvera entre autres une analyse de la réception de Proust, à travers son image - à la fois l'image que l'on a de Proust et la sienne, celle que Proust a produit de lui-même. Aussi, les anecdotes, les souvenirs, les récits de conversation autour de Proust (dont celle avec Gide), témoignent de la tentative, toute benjaminienne, de croiser oeuvre et existence.
Constante, multiple, fascinante, la relation de Benjamin à l'oeuvre de Proust donne à voir non seulement les profondes affinités entre les deux auteurs, mais également un Proust inédit.
-
Premier livre de Sereine Berlottier aux éditions Nous, Avec Kafka, coeur intranquille est un texte puissant, un livre qui opère, de façon très singulière, une sorte enchevêtrement de l'intime et de l'autobiographique avec une pratique de la lecture et de l'écriture « avec » Kafka. L'oeuvre de Kafka est ici beaucoup plus qu'une référence : c'est une présence permanente, et qui interfère avec la vie l'autrice au cours d'une période où elle accompagne sa mère dans ses derniers jours. Réappropriation intime de Kafka, le livre est aussi une réflexion sur la puissance de la lecture. Après les retraductions de Kafka par Robert Kahn, Avec Kafka, coeur intranquille vient renouer autrement, en littérature, le lien des éditions Nous à la figure de Kafka
-
Ce livre présente, pour la première fois traduits et rassemblés, l'ensemble des textes de Walter Benjamin consacrés à Kafka.
Kafka représente pour Benjamin un point stratégique d'éclaircissement de son époque. Dans une lettre à Brecht, Benjamin donne le plan d'une série de conférences consacrées à ceux qu'il nomme les « figures de proue de la situation actuelle ». Ainsi, comme Baudelaire pour la poésie, Brecht pour le théâtre et Kraus pour le journalisme, Kafka a une fonction exemplaire et emblématique pour le roman. C'est en 1925 que Benjamin commence à s'intéresser à Kafka. Le grand essai de 1934, « Pour le 10e anniversaire de sa mort : Franz Kafka » n'est pas, loin de là, son dernier mot sur Kafka. Jusqu'à la fin de sa vie il rassemblera des notes en vue d'un livre sur Kafka, jusqu'à esquisser en 1938, dans une lettre à Scholem, une nouvelle interprétation de son oeuvre.
C'est avec les nouvelles et les romans de Kafka - avec la « teneur de vérité » de son oeuvre - et non avec ses réflexions philosophiques que Benjamin s'explique. Critique et exégèse se confondent dans la lecture benjaminienne, qui cherche dans l'oeuvre de Kafka le substitut d'une impossible théologie. Car Kafka représente aussi l'« interlocuteur » privilégié dans le débat de Benjamin avec lui-même sur le judaïsme et le judaïsme dans le monde moderne.
Dans ce volume on trouvera les différents travaux que Benjamin a consacrés à Kafka (un essai, une conférence, une polémique et un compte rendu), mais aussi les nombreuses notes de lecture et de conversation, les ébauches et esquisses qui proviennent de ses archives à Berlin (ensemble qui ne cessera de grandir pour former ce qu'on appelle aujourd'hui le « complexe Kafka »), ainsi que des extraits de sa correspondance avec Scholem, Adorno et d'autres autour de Kafka. Cet ensemble, pour une grande part traduit pour la première fois, propose aussi un certain nombre de textes encore inédits en Allemagne. Il constitue une véritable somme Sur Kafka, l'un des auteurs les plus importants de notre temps.
-
Naissance de la phrase est composé de deux textes. Le premier est consacré au langage et s'efforce d'explorer la question - insondable - de son origine. Le pari aura été de superposer à la question de l'origine des langues (et, donc, de l'apparition du langage) celle de la venue, en nous, des phrases que nous nous efforçons de former. Autrement dit de tenter de comprendre de quoi le langage répond et de quelle manière il le fait, différemment dans chaque langue et à chaque fois en ravivant le souvenir de sa venue.
Le second texte s'efforce quant à lui de regarder de près comment il revient au poème de restituer au mieux cette éclosion. Le modèle étant Paterson, le livre de William Carlos Williams comme le film de Jim Jarmusch.
-
Ce livre propose un choix de lettres dans la correspondance du grand philosophe, écrites d'Italie entre 1876 et 1889. Le parti-pris qui façonne ce volume : choisir les lettres, nombreuses, où Nietzsche évoque l'Italie, son rapport à ce pays, si radicalement différent de son Allemagne natale, et plus particulièrement certaines de ses villes, dans une quête intellectuelle, existentielle et sensible de l'endroit où « la vie vaut la peine d'être vécue ».
Une préface de Pierre Parlant, écrivain et philosophe (et déjà auteur d'un livre sur Nietzsche aux éditions Nous, Les courtes habitudes. Nietzsche à Nice, 2014), éclaire ce montage, qui met au premier plan le Nietzsche voyageur et marcheur (« Je suis au moins huit heures par jour sur les chemins : c'est à ce prix que je supporte la vie »), « médecin et patient en une seule personne », « homme qui aime le sud » qui cherche et trouve l'endroit où le travail est enfin porté par une « force vitale » débordante.
-
Beckett atteint le point d'indistinction du récit et de la théorie, tout comme marx (et hegel) voulaient transformer la philosophie en histoire.
Accomplissement de la tendance au roman réflexif. possibilité d'interpréter beckett comme une tentative pour répondre à la formule biblique: "tu redeviendras poussière. " le panthéiste dit: après la mort, je deviendrai fleur, feuille, terre. beckett en fait la preuve: ce que je suis quand je suis boue. pas une abstraction mais une soustraction. archétype d'une métaphysique matérialiste.
-
Les « 33 écrits » de Jacqueline Risset que propose ce volume constituent un complément indispensable à toute lecture de Dante, ainsi qu'une étape fondamentale pour sa réception en France. Ils creusent la manière dont Jacqueline Risset a replacé Dante « en avant de nous », et retracent chronologiquement l'histoire d'une lecture, d'une traduction et d'une réception. Ces 33 écrits sur Dante déconstruisent la figure monumentale du Poète et à la fois articulent une critique novatrice de Dante, tout en s'inscrivant dans la lignée de ces grands lecteurs européens de La Divine Comédie qu'ont été Joyce et Beckett, Ezra Pound et TS Eliot, Mandelstam, Borges ou Pasolini.
Le volume est composé d'études, d'articles, d'entretiens, de conférences rédigés entre 1973 et 2014, et offre un vaste aperçu de la bibliographie dantesque de Jacqueline Risset. Parmi les titres, évocateurs de sa dimension hétérogène : « Peut-on traduire les géants ? », « J'ai compris Dante à travers Sade », « Proust, Dante et Pétrole (Pasolini) », « Animal et immortelle. Entre Homère, Dante, Kafka », « L'univers de Dante dans la peinture et dans le cinéma », « Dante humaniste », « Machiavel et Dante ».
Le chiffre 33 est un clin d'oeil à la mécanique qui actionne les ressorts de la grande horloge céleste de La Divine Comédie. Chaque écrit raconte comment Jacqueline Risset a traduit (notamment en libérant le vers de la tradition pétrarquienne) et comment d'une « absence », la présence de Dante a fini par gagner la littérature de notre temps.
Jacqueline Risset a renouvelé en France la lecture de Dante par une traduction qui a su prendre la mesure de la « révolution de langage poétique » qu'il a initiée, dont le principe repose surtout sur l'adoption du vers libre, qui privilégie le rythme plutôt que la métrique, pour redonner à la terza rima sa vitesse et à La Divine Comédie sa proximité. Soudain, Dante redevient notre contemporain.
Les écrits de Jaqueline Risset, articulés dans ce volume par Jean-Pierre Ferrini et Sara Svolacchia avec la complicité d'Umberto Todini, avec qui elle partagea sa vie et qui s'occupe aujourd'hui de ses archives à Rome, sont accompagnés d'une présentation par Jean-Pierre Ferrini et Sara Svolacchia et d'une postface de Martin Rueff.
-
Correspondance entre le philosophe et le poète.
-
Depuis le plus jeune âge, l'auteur éprouve l'indocilité de son corps et, contrairement à ce que son entourage pouvait espérer, la maturité n'a rien arrangé. Aujourd'hui encore, son corps refuse obstinément de se plier aux consignes, et notamment à celle-ci : apprendre à rester à sa place et à ne pas dépasser les limites. Dans ce livre, il a décidé d'être plus que jamais à l'écoute de ce corps. C'est ensemble qu'ils ont écrit ces quelques poèmes du débordement.
« Dans pas longtemps mon corps sera une clameur, mon corps sera un million. »
-
L'idée poétique - fil conducteur et composant principal de la nouveauté de ce film - consiste à transposer tout le parcours de saint Paul dans le contexte contemporain.
Pourquoi ai-je l'intention de transcrire ce parcours terrestre dans notre durée présente?? Tout simplement pour rendre, cinématographiquement, de la façon la plus directe et violente, l'impression, la conviction de son actualité. En définitive, pour dire au spectateur, d'une manière explicite, sans même l'obliger à réfléchir, que « saint Paul est ici, aujourd'hui, parmi nous », et qu'il l'est presque physiquement, matériellement : que c'est à notre société qu'il s'adresse, que c'est sur notre société qu'il pleure, que c'est notre société qu'il aime, menace et pardonne, agresse et embrasse tendrement.
Aucun désert ne sera jamais plus désert qu'une maison, une place, une rue où vivent les hommes mille neuf cent soixante-dix ans après Jésus-Christ. Ici, c'est la solitude. Coude à coude avec ton voisin qui s'habille dans les mêmes grands magasins que toi, fréquente les mêmes boutiques que toi, lit les mêmes journaux que toi, regarde la même télévision que toi, c'est le silence. Il n'y a pas d'autre métaphore du désert que la vie quotidienne.
-
Premier livre de Jacques Rancière aux éditions Nous et premier livre critique en France consacré à l'oeuvre de Philippe Beck. Avec Le sillon du poème les éditions Nous poursuivent leur travail d'éclaircissement du rapport entre poésie et philosophie.
Dans ce livre Jacques Rancière s'intéresse plus que tout à ce que fait la poésie de Philippe Beck. Ce qu'elle fait au langage dans la pratique du poème, ce qu'elle fait à la fois à la pensée comme intervention sur le langage, et à la politique par sa manière de mettre des mots en commun à l'adresse d'une possible communauté. Il éclaire le travail de re-poétisation du poétique effectué par Beck, qu'il s'agisse de sa façon de réveiller la poésie latente dans la prose - celle des contes populaires ou des recensions critiques - ou de la manière dont il réactive des genres supposés défunts ou désuets - de l'idylle au poème didactique. Rancière insiste sur le noeud langage-penséecommunauté en partant de la combinaison qu'opère Philipe Beck entre le lyrique au sens large et le travail critique.
Pour ce faire, il s'arrête sur les opérations formelles pratiquées par Beck sur les textes (interprétation, verticalisation, densification), et désigne l'idée de dégel de la langue comme utopie de la poésie et assignation à la protestation contre un état du monde. Cette protestation est dans la forme d'une obstination. Obstination qui consiste à penser que la poésie est un mode du discours qui importe à la pensée elle-même, et obstination à penser la poésie comme une histoire sur laquelle il faut toujours revenir pour la continuer.
-
Ma durée Pontormo est un livre très ambitieux et totalement inclassable. Ecrit dans une prose ample et précise, il assemble, tresse, de façon très subtile : des séquences de voyage sur les traces du peintre, une lecture assidue du Journal qui résonne avec le propre journal de l'auteur et des réflexions et impressions sur la peinture de Pontormo. A partir de l'oeuvre et du journal de Pontormo, Pierre Parlant poursuit l'exploration de la forme qu'il nomme « autobiographie d'un autre », qu'il avait initiée avec Les courtes habitudes, paru aux éditions Nous en 2014.
L'écriture de Ma durée Pontormo s'est constitué à partir de plusieurs points d'appui. Avant tout la contemplation de l'oeuvre picturale de celui (Jacopo Carucci, dit Pontormo, 1494-1557) que l'histoire de l'art a classé, dans le courant maniériste du XVIe siècle italien. Autre déclencheur : la lecture du journal du peintre, écrit au commencement de l'année 1554, soit trois ans avant la mort du peintre, alors âgé de 60 ans. Un journal bref (une vingtaine de pages), insolite, où se côtoient principalement, et de façon décousue, des observations disparates et des prescriptions d'ordre hygiénique et diététique ainsi que des anecdotes biographiques et des allusions au travail en cours de l'artiste. Cruciale enfin aura été le désir d'Italie, l'expérience consistant à se rendre à plusieurs reprises sur place (surtout en Toscane) afin de mettre à l'épreuve cequ'exige et permet chaque fois la nécessaire présence du regardeur des oeuvres.
Quant à sa structure, c'est le rapport inattendu au temps dont le journal du peintre témoigne qui a déterminé la composition du livre. Un temps qui s'avère décisif dans sa mention systématique (Pontormo est scrupuleux, attentif au calendrier, à la suite des jours) et cependant « flottant », comme si le marquage quotidien devait finalement se retrouver absorbé dans le flot et l'épaisseur des contingences d'une vie marquée essentiellement par le souci de l'oeuvre et l'inquiétude d'un sujet. Ma durée Pontormo rejoue cette durée d'écriture, fait lui-même journal de cette expérience du temps, du regard et du voyage et invente peut-être ainsi un nouveau genre : le poème-essai.
-
Les journées en Arlequin est un livre des rencontres. Homme de radio, homme de revues, d'entretiens, Jean Daive a passé sa vie à dialoguer avec des poètes, des artistes, parfois des inconnus. Les journées en Arlequin racontent comment se trament le temps consacré à l'écriture et le temps libre, un temps ouvert à la rencontre, temps de l'écoute, de la chance, de l'accident, de l'imprévisible. Le livre réunit douze textes (sur Paul Celan, Georges Seurat, Jean Paulhan, Pierre Reverdy...) et s'ouvre sur un entretien avec Jean Starobinski à propos du temps et de la journée - la journée productrice de moments intenses, la journée qui doit pouvoir permettre d'écrire un livre.
-
Partage de la nuit ; deux études sur Jacques Rancière
Bernard Aspe
- Nous
- 8 Octobre 2015
- 9782370840202
Si Jacques Rancière peut aujourd'hui être considéré comme l'un des philosophes les plus lus et traduits au monde, il n'existe à ce jour que de rares livres sur son oeuvre, la plupart publiés à l'étranger. En articulant les deux axes fondamentaux de sa pensée - politique et esthétique - Partage de la nuit propose une analyse aussi claire que radicale des enjeux de la philosophie de Jacques Rancière, avec laquelle le travail de Bernard Aspe n'a cessé de dialoguer.
L'oeuvre de Rancière se caractérise par le geste de rendre indissociables la politique et l'esthétique. Pour saisir cette indissociabilité, il faut d'abord comprendre que la politique n'est pas l'art de gouverner, et que l'esthétique n'est pas une discipline académique. La politique est selon Rancière la mise en oeuvre d'une égalité réelle au sein même des dispositifs qui semblent la récuser. Ces dispositifs que Rancière dit « policiers » correspondent à cet art de la gestion des populations qu'exercent les gouvernants. La politique est toujours la contestation active de cet art de gouverner, une contestation que Rancière identifie comme une logique de l'émancipation. L'esthétique - telle que l'entend Rancière, et en particulier dans son livre le plus important sur la question, Aisthesis -, loin d'être une discipline spécialisée, est un régime de pensée et de visibilité qui engage non seulement la définition même de l'art, mais aussi ses effets sur la sensibilité. Ce régime se définit, à l'instar de la politique, par la mise en oeuvre d'un présupposé égalitaire. Au-delà des opinions politiques des artistes ou des écrivains, la littérature de Flaubert, la peinture de Murillo, et plus tard le cinéma de Chaplin ou de Godard sont autant d'exemples d'une démocratie radicale inscrite à même l'ordre du sensible. Cette démocratie est une promesse dont l'esthétique a en charge de rappeler à la politique qu'elle doit rester son véritable horizon. C'est ici que se trouve le point de jonction le plus profond entre l'esthétique et la politique, leur caractère proprement révolutionnaire.
-
Bilan des années de travail passées et programme de travail à venir Description du projet est un texte charnière dans l'oeuvre de Jacques Roubaud. Pièce centrale d'un parcours intellectuel, il frappe par la force de ses propositions et la multiplicité de ses investigations.
Le projet, ici décrit, est un projet de poésie. Je m'imagine, d'une part, inclure dans l'activité de poésie, ou plus exactement soumettre à l'activité de poésie, les directions de recherche que la poésie et les mathématiques viennent de me faire apparaître : lyrique médiévale et théorie de l'amour-forme poétique ; mystère du vers ; théories linguistiques ; rythme (appropriation de la musique). D'autre part, orienter en retour la poésie elle-même, dans son écriture, à partir des découvertes qui pourront être faites dans les régions ainsi explorées. Enfin donner à l'ensemble la meilleure cohérence possible ; qui soit poésie elle-même. Ou ombre de la poésie.
-
Aujourd'hui devenue « légendaire », selon le quotidien Libération, la revue littéraire d'avant-garde TXT (1969- 1993) est de retour. En 2018, vingt-cinq ans après le n° 31, paraissait un n° 32, « Le retour ». Défi ? Gag ?
Une telle résurrection, on n'avait jamais vu ça. Ce « retour » aurait pu tourner court. Or ça continue : le groupe s'est reformé, avec quelques nouveaux à la rédaction : Bruno Fern, Typhaine Garnier et Yoann Thommerel.
Ce n° 33, « L'Almanach », animé par l'esprit d'Alfred Jarry, est riche en découvertes : aux côtés de textes récents d'auteurs de la première époque (Philippe Boutibonnes, Éric Clémens, Jacques Demarcq, Christian Prigent), des textes d'auteurs venus d'horizons divers : Jean-Pierre Bobillot, Bernard Bretonnière, Bruno Fern, Typhaine Garnier, Ettore Labatte, Béatrice Mauri, Édith Msika, Jean-Christophe Ozanne, Aldo Qureshi, Rayas Richa, Benoît Toqué et Ana Tot. Des oeuvres de Daniel Dezeuze, Marie-Hélène Dhénin, Ena Lindenbaur et Serge Lunal rythment la succession des textes.
-
En 1971, pendant deux mois, Eustachy Kossakowski suit à pied la frontière indécise qui sépare Paris de ses banlieues. Un à un, il fixe sur la pellicule les 159 panneaux qui entourent la ville à son entrée, sur sa limite administrative, aux points de convergence des rues de la banlieue et des rues parisiennes. Ces panneaux sont photographiés de face, à six mètres de distance, et au milieu du cadre. Cette règle stricte, éliminant toute volonté esthétisante, révèle une réalité changeante et hasardeuse, et donne à voir une vue surprenante sur Paris.
-
Cultive son carré de sueur sans opinion.
S'applique à l'en-deçà. Suit le tout tracé. Il a beau : théorie lui décuple les mains en doigts. Terrain favorable. Révolution du corps autour de sa tête. Aussitôt il : se pique d'idéaux. Exagère ses gestes. Parle langue qui gueule. Cible les problèmes. Manie d'instinct le despoétique. Se fantasme martyre. Sa bête louvoie. Théorie lui rassemble les doigts en poings. Entre en matière (chanson de geste).
-
H! hache! hasch! hallucinations de la lettre H
Jacques Barbaut
- Nous
- Disparate
- 17 Février 2016
- 9782370840271
Jacques Barbaut est un écrivain inclassable, à l'écriture expérimentale et encyclopédique. H! Hache ! Hasch! est une « tentative d'épuisement » de la lettre H, une entreprise à la fois drôle et savante, d'une grande inventivité visuelle. L'auteur y témoigne tout à la fois d'une authentique passion du littéral, d'une avidité tous azimuts, et d'un vrai sens du nonsense.
-
Pierre Parlant
Collectif
- Nous
- Cahier De La Cooperative Des Litteratures
- 18 Janvier 2019
- 9782370840622
Le premier Cahier de la Coopérative des littératures [ C. C. L ] émane de l'association La Coopérative des littératures : celle-ci a pour ambition d'organiser des rencontres dans le champ de la création poétique, de les confronter à d'autres arts, d'explorer les domaines de la traduction comme de la réflexion théorique. Elle souhaiterait envisager ses angles d'attaque à l'intérieur d'un commun que le mot « coopérative » explore au pluriel de propositions. Les cahiers, publiés par les éditions Nous, paraîtront au mieux une fois l'an. Ils se veulent moins fronton de revue (pas de numérotation) mais volume collectif explorant un axe de recherche ou volume monographique, comme cet ensemble sur le travail de Pierre Parlant.
La Coopérative des littératures est constituée de 6 membres : Delphine Ménage, Christine Plantec, Benoît Casas, Jean-Patrice Courtois, Emmanuel Laugier et Pierre Parlant.
Ce premier volume, monographique, comprend entretiens et textes inédits avec et de Pierre Parlant, ainsi que onze interventions sur son travail et sur quelques livres précis. Le travail de Pierre Parlant construit depuis plus de 20 ans une avancée sûre et certaine dans le champ de la littérature de création et particulièrement de la poésie contemporaine : ses livres sont des marqueurs rares, par leur délicatesse, leur audace, leur tact, mais aussi par les déplacements qu'ils opèrent, et parfois leur violence syntaxique et sémantique. La langue qui les constitue, pas à pas, toujours en avant d'elle-même, invente un mode singulier de vision. Si le « résultat de l'action du discours, comme l'écrit PP « est toujours, sous mille rapports, de donner à voir », il va sans dire que ce sont ces milles rapports et les régimes, les modalités, temporels que sa conduite appelle, qui forment la puissance de surgissement de cette écriture. J.-F. Lyotard parlait, en une expression magnifique, de « la vue bordant le discours », il faudrait élever le singulier de la chose vue au cube de la volumétrie des mots et du phrasé très singulier de PP pour se figurer ce que chacune des expériences conduites dans ses livres oeuvre. Jean- Patrice Courtois a écrit que le poète travaille à l'oeil et plus précisément que si « le poète travaille à l'oeil », c'est qu'il y a, dans ce discernement-là, une évaluation en vues spéciales de ce qui doit être acté dans la poésie pour que s'opère un déplacement de la poésie. Acte à la vitesse une et indivisible.
-
Je voudrais, prétention vaine, dépouiller mon récit des mots, qu'il ne reste que des morceaux de verre auxquels on se blesse les pieds, de façon à briser l'idolâtrie des mots et à chérir chaque fracture qui resterait ici fracture. Creuser pour entendre de profundis, oui, tout au fond, tous les cris qui s'en exhalent depuis la fondation du monde, avec leur réversibilité en chant de grâces.
Il y avait le bruit régulier de la machine respirante, et j'attendais la visite de mon nourricier, bercée du bonheur de l'attente qui se prolonge quand on est sûr qu'elle ne sera pas déçue. Parfois on me lavait. Et parfois il est venu me voir. Lui qui m'avait opérée, quasi tuée, quasi sauvée. Mon corps n'était plus entre ses mains. Pourtant, inerte, il s'animait quand il venait dans mes parages. Quelque chose de moi était resté entre ses mains.
Prose intense, phrase limpide, recherche d'un absolu toujours différé, Ma tête de l'autre est une confession. C'est le récit d'une conversion. Une véritable expérience intérieure.