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P.O.L
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« Limonov n'est pas un personnage de fiction. Il existe. Je le connais. Il a été voyou en Ukraine ; idole de l'underground soviétique sous Brejnev ; clochard, puis valet de chambre d'un milliardaire à Manhattan ; écrivain branché à Paris ; soldat perdu dans les guerres des Balkans ; et maintenant, dans l'immense bordel de l'après-communisme en Russie, vieux chef charismatique d'un parti de jeunes desperados. Lui-même se voit comme un héros, on peut le considérer comme un salaud : je suspends pour ma part mon jugement.
C'est une vie dangereuse, ambiguë : un vrai roman d'aventures. C'est aussi, je crois, une vie qui raconte quelque chose. Pas seulement sur lui, Limonov, pas seulement sur la Russie, mais sur notre histoire à tous depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. »
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«Il est avantageux d'avoir où aller»:quand on lui demande son avis, c'est une des choses que répond le Yi-King, l'antique livre de sagesse chinoise. Alors on 'y va. Le premier des reportages qu'on trouvera ici se lance sur les traces de Dracula en Roumanie, après la chute de Ceausescu. L'un des derniers se mêle aux riches et aux puissants du monde réunis au Forum de Davos.
Entre les deux, il y a beaucoup de patrouilles sur le front de l'Est, dans le chaos postcommuniste, des récits de procès criminels, des projets de films, des éloges de livres aimés, une vie du mathématicien Alan Turing, une rencontre désastreuse avec Catherine Deneuve et même une série de chroniques un peu porno écrites avec une délicieuse sensation d'impunité pour un magazine italien. Le tout peut se lire aussi comme une sorte d'autobiographie. -
La première édition de ce livre date de 2004.
L'oeuvre d'Edouard Levé, fulgurante mais dense, est partagée entre photographie et littérature. L'influence de l'art contemporain est particulièrement marquée dans ce Journal qui se présente comme une tentative de neutralisation du monde et du sujet par la réécriture de « rubriques ». Edouard Levé présentait lui-même son livre ainsi : « Dans mon prochain livre, Journal, j'ai repris des articles publiés par des quotidiens et des agences, et j'en ai effacé les référents historiques, géographiques, et patronymiques. J'ai mis l'ensemble au présent de l'indicatif. J'ai récrit certains passages, j'en ai supprimé d'autres, de manière à blanchir une écriture déjà anonyme et collective, celle du journalisme mainstream. Cette réécriture produit un effet de soudain éclaircissement, non pas sur l'événement, mais sur la manière dont on le traite. Lorsqu'on lit le journal, on cherche à être informé :
Qui, quand, où ? En lisant Journal, on est informé sur la manière d'informer. La mise à distance produit un effet d'inquiétante étrangeté. En lisant telle information de la rubrique « International », j'ai un sentiment de déjà-vu, de proximité et de distance simultanées. » Tout y passe et demeure très actuel plus de 15 ans plus tard : terrorisme, guerre civile, guerre, dictature, catastrophe, diplomatie, politique, économie politique, agriculture, manifestation, religion, people, vie sociale, vie locale, transport, accident, médias, justice, suicide, viol, pédophilie, drogue, vol, folie, science, technologie, annonce immobilière, annonce de décès, annonce de naissance, offre d'emploi, météo, sport, littérature, art, musique, théâtre, danse, cinéma, télévision.
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La maison cinéma et le monde Tome 3 ; les années lLibé 2 (1986-1991)
Serge Daney
- P.O.L.
- Trafic
- 21 Juin 2012
- 9782818016343
Ce troisième volume de La Maison cinéma et le monde poursuit la publication des textes de Serge Daney non recueillis de son vivant, signés de son seul nom et parus, pour l'essentiel, dans le journal Libération, au moment où il devient l'un des responsables du service Culture et de la page Rebonds du quotidien. Il continue d'écrire sur les films qui sortent en salles chaque semaine mais revisite aussi ceux, plus classiques, qu'il passe au crible de la télévision dans sa chronique des " Fantômes du permanent ". Il persévère dans ses voyages et son travail, occasionnel, de grand reporter mais s'engage plus encore dans le décryptage de l'information, de la publicité et des médias.
Si la maison cinéma s'ouvre ici, comme jamais, sur le monde, c'est que de la " Politique des auteurs " Serge Daney a su retenir la politique au moins autant que ses auteurs. Cet art de la mise en scène qu'il a appris des films informe désormais totalement son regard et son écriture critique quel qu'en soit a priori l'objet. En témoignent exemplairement les articles du " Salaire du zappeur " ou les deux séries de textes consacrés à la médiatisation de la révolution roumaine et à celle de la guerre du Golfe.
On trouvera enfin dans ce recueil certaines des mises au point les plus approfondies de Serge Daney sur la Nouvelle Vague et ses suites, sur les relations compliquées du cinéma et de la télévision, sur la photographie et la bande dessinée, et, plus généralement, sur l'opposition de l'image et du visuel.
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Monologuer, c'est parler avec soi-même. Si l'on décale un peu le genre.
C'est parler avec l'Autre comme s'il était soi-même. Cet exercice, qui décale la parole, révèle tout à coup qu'il permet à l'écriture de s'exprimer crument dans un face à face avec son sujet.
Bernard Noël a poursuivi cette confrontation en passant du On au Vous, du Il au Tu, du Je au Elle, dans différents livres (par exemple, chez nous, La langue d'Anna, Le Syndrome de Gramsi, La Maladie du sens) mais il a longtemps désespéré de jeter le Nous dans ce jeu où prendre la tête des phrases, c'est risquer l'auto-destruction.
Finalement, après bien des années dans l'impossible, le Nous a tiré derrière lui une histoire de violence et de désespoir qui est aussi une fable politique d'assez mauvais genre pour servir de fable d'actualité puisqu'il y est question de désespoir politique et de terrorisme ...
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écrits sur le théâtre Tome 2 ; la scène 1954-1975
Antoine Vitez
- P.O.L
- Theatre P.o.l.
- 3 Novembre 1995
- 9782867444890
Antoine Vitez n'a cessé de soumettre la pratique de son art à un constant effort d'élucidation par l'écriture. Il avait le projet de rassembler tout ce qu'il avait écrit en un livre «sur le théâtre et sur ce que l'on appelle la vie» intitulé Chronique. Théorie, rêves, inventaires, lettres, notes, manifeste : écrire anticipait, accompagnait et prolongeait sans cesse le mouvement de son théâtre. C'est donc à partir de l'intégralité des archives personnelles d'Antoine Vitez qu'a pu être établie cette édition. Les textes sont de nature très diverse : réflexions sur les projets en cours, journal de mise en scène, journal de cours, positions, propositions et projets à l'intention des collaborateurs, lettres à des proches ou à des acteurs de la vie politique et intellectuelle, à quoi s'ajoutent tous les textes déjà publiés, articles, programmes, déclarations publiques. On y suivra le voyage d'une pensée inquiète, exigeante, qui, partant toujours de la scène, lieu des simulacres, parcourt le monde, l'histoire, la société et dessine les figures mêlées de l'acteur, du metteur en scène, du maître mais aussi de l'écrivain, du traducteur, de l'intellectuel, du citoyen.
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Version française
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«Que cherchent les écrivains qui, au risque de passer sous les radars médiatiques, n'empruntent pas l'autoroute du récit linéaire et du reportage romancé ? La voie étroite de la poésie débouche sur des formes minoritaires et sur des consistances bizarres de prose. Comme s'il fallait d'urgence ranimer, redessiner les mots en troublant leur usage. Mais dans quel but, au juste ? De temps à autre, on m'invite à exposer des idées. Mon choix du sujet est toujours intéressé. Il concerne ce que je pratique : la poésie et la prose narrative surtout, un peu le montage et le dessin. Il s'agit de parler en s'adressant à des gens en particulier. La dispute n'est jamais loin. Le ton n'est pas toujours sérieux. Limité par le temps, je procède quelquefois par simples assertions, qui se lisent alors comme les têtes de chapitres manquants. Esquisses d'une réflexion que d'autres prolongeraient, ces brefs discours sont ensuite laissés en l'état. Ils portent, donc, sur des inventions marginales : poèmes prosaïques, visuels ou animés, récits digressifs ou hétérogènes, figures de monstres, films dansants, fantômes tracés. Ils suggèrent une certaine politique des formes. Ils plaident pour une imagination technique assez négligée - ou mal vue - en littérature.»
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L'image et l'occident ; pour une histoire de l'idée d'image en Europe latine
Jean-louis Schefer
- P.O.L
- 20 Avril 2017
- 9782818042540
De ce texte son auteur dit qu'il est un bref essai d'architecture faufilé sur la ques- tion des images qui a occupé tantôt la théologie, la philosophie (la mémoire, la perception des réalités) et la somme des traités de peinture, au moins depuis le haut Moyen Âge : le fonds moral dont procèdent à la fois les prescriptions sur les images et les procédés de fabrique demeure inchangé dans l'ensemble des spéculations sur le pouvoir des images et sur leur nature. Ce fonds moral, dont procèdent les raisonnements sur les affects liés aux images, a une origine religieuse : l'image est le dernier terme des substitutions d'offrandes sacrificielles destinées aux dieux : on n'offre jamais (dans toute l'histoire des religions) son corps mais un substitut qui en est la monnaie (l'idée d'un transport de sa substance sous une autre apparence) ou la figure. Toute divinité doit se satisfaire de ce mode de paiement à échéance. Mais ceci engage, pour un autre développement, un chapitre d'histoire des religions et, singulièrement, celle de la matière des offrandes et la nature des équivalents. Il est fondamental que l'Europe latine se soit séparée du monde byzantin pour des raisons de théologie monétaire, rappelées ici.
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Ces casseroles qui applaudissent aux fenêtres
Iegor Gran
- P.O.L
- Fiction
- 10 Septembre 2020
- 9782818051689
Iegor Gran n'a pas du tout, du tout apprécié le confinement ni les applaudissements ni le concert de casseroles chaque soir accompagnant la « valse des morts ». Pour la première fois dans l'histoire, l'État prenait la peine d'annoncer au pays la mort au quotidien de citoyens ordinaires, à l'unité près. L'information, au format « alerte », était aussitôt propulsée sur toutes les ondes. Pendant deux mois, on a exhibé son empathie pour les personnels de santé. Mais en réalité, dénonce Iegor Gran, on a aussi applaudi la mort, la peur, la servitude et l'envie d'obéir, son statut de cobaye de la médecine, la précarité économique des autres, la destruction de la culture.
« Mes amis se terraient comme des rats, refusaient de me voir, même à distance respectable. Je me découvrais cerné de grabataires poltrons, certains âgés d'à peine vingt ans, enfermés chez eux, incontinents de peur. Partout, la soumission. Des millions de personnes ont bien voulu être cobayes dans une expérience médicale jamais tentée auparavant : le confinement généralisé. Peu importaient les conséquences sociales, sanitaires, économiques. On avait légué à la science nos corps encore bien vivants. » Iegor Gran s'emporte, dénonce, et nous offre un coup de gueule féroce et hilarant qui, dans le style et la construction, est dans la lignée de L'écologie en bas de chez moi (2011).
« C'est vrai, quoi ! Il n'y a pas de raison que des Français se promènent impunément tandis que le gouvernement patauge dans la crise ! »
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«Je regarde des tableaux depuis mon enfance. Certains, au fil des années, ont rajeuni jusqu'à retrouver la fraîcheur de leur invention. Cette familiarité n'a pu devenir une science : je mêlais toujours un peu de moi-même à l'énigme que j'y découvrais.
Je ne sais pourquoi, un jour, l'idée que les maisons peintes ne logeaient que des carrés de ciel m'a dicté ce livre.
Sur quoi ouvrent ces fenêtres? Un infini déguisé en une source naturelle? Sur le vide dans lequel ces fictions sont suspendues? La brèche d'un aquarium où notre idée d'une réalité viendrait flotter?»
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La première partie de ce nouveau livre est haïtienne. C'est elle qui donne son titre à l'ensemble. Il y est question en effet d'Haïti où Valère Novarina a effectué deux séjours pour préparer et jouer sa mise en scène de L'Acte inconnu (P.O.L 2007). Il y est aussi question du travail avec les acteurs, de théâtre et de peinture, de l'accord profond qui s'est produit lors des répétitions et du travail plastique. C'est un texte joyeux.
La deuxième partie du livre, son deuxième acte, s'intitule Vue négative ou Voie négative (le choix n'est pas encore fait). Il aurait pu tout aussi bien s'intituler Variations sur une idée fixe. Cette idée de plus en plus ferme chez Valère Nova- rina que 'l'esprit respire'. Et s'il respire, c'est parce qu'il renverse, parce qu'il passe par ce que l'auteur appelle le niement (quelque chose comme une négation positive, dialectique).
Le lien entre la pensé et la respiration, Valère Novarina le ressent très concrètement. Pour lui, il saute aux yeux, lorsque l'on regarde de près travailler les acteurs, la respiration animale préfigure la pensée, l'annonce.
Cette partie du livre revient donc sur une idée éparse, disséminée dans presque tout ce que l'auteur a écrit, mais elle l'exprime peut-être plus nettement, avec plus de force, et avec d'autres exemples. Exemples tirés de la pratique de l'écriture, mais aussi de la pratique de la peinture. Valère Novarina aime à se définir comme écrivain pratiquant. (Prati- quant écriture, peinture, mise en scène... ) La troisième partie s'intitule Désoubli. C'est un texte qui parle de la présence mystérieuse en nous de toutes les langues, la langue maternelle bien sûr, mais aussi d'autres langues, insolites, secrètes, apparemment mortes, vivant toujours au fond de nous... Valère Novarina tourne ici autour de l'idée que le langage est un fluide, une onde, une ondu- lation, un geste dans l'air, une eau...Chaque « parlant » porte en lui un peu de la mémoire de toutes les langues.
La quatrième et dernière partie du livre, Entrée perpétuelle est une métamorphose, un déguisement, une autre version, en tout cas un regard nouveau sur la mystérieuse machinerie organique du Vivier des noms (P.O.L 2015). C'est une réduction - ou plutôt un précipité du livre (au sens chimique) - une nouvelle entrée, sous sa forme active, agissante. Sa version nouvelle pour la scène.
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Ensemble - plus que recueil- de 9 textes, "La quatrième personne du singulier" fait partie de ces livres "théoriques" (mais tout aussi lyriques que théoriques) grâce auxquels Valère Novarina fait régulièrement le point sur son travail.
Ici, les thèmes sont identiques à ceux des précédents ouvrages du même type ("Le théâtre des paroles", "Lumières du corps", "L'Envers de l'esprit"). Peut-être y est-il un peu plus emporté, flamboyant, qu'il s'agisse de parler de la langue (et singulièrement du patois, dans l'extraordinaire texte d'ouverture), du théâtre toujours, de l'acteur, du sacré. "Le théâtre peut opérer au fond de nous la rare division mentale : il nous ouvre, par une suite de joies libres, par scènes déchaînées et par un soudain chemin plus court ce qui était grammaticalement interdit dans toutes les langues : la quatrième personne du singulier.
Je tu il et moi toi lui tournent en ronde infernale s'ils ne s'ouvrent à la quatrième personne du singulier. moteur invisible, délivreur du drame pronominal : comme dans le Livre de Daniel, les trois Hébreux dans la fournaise : un quatrième est avec eux."
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Oeuvres complètes, I : Notre-Dame-des-Turcs/Autobiographie d'un portrait
Carmelo Bene
- P.O.L
- 15 Mai 2003
- 9782867449321
Notre-Dame-des-Turcs (1964) est l'unique roman de Carmelo Bene, qui donnera naissance en 1968 à son film le plus célèbre. C'est la tentative de faire parler celui qui est étranger dans sa propre langue. C'est, écrite à la troisième personne, une parodie amusée et impitoyable de la vie intérieure. Souvenirs, visions d'un intellectuel originaire des Pouilles, catholique et petit bourgeois, de culture décadente et aux penchants verdiens... qui se met en scène et en images avec une forte charge d'ironie et d'auto-ironie, une délirante fureur baroque à travers les reconstitution et vision d'un sud du sud des saints (baroque «fait maison», kitsch mauresque d'un palais, cathédrale-ossuaire) dans un humour déréglé tour à tour divertissant ou inquiétant. Le point de fusion de ces moments hétérogènes se situant dans la recherche d'un absolu forcément inaccessible.
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Francois Tanguy et le radeau ; articles et études
Jean-paul Manganaro
- P.O.L
- Essais P.o.l.
- 3 Juillet 2008
- 9782846822626
Depuis plus de vingt ans, François Tanguy, dont on ne sait s'il est un metteur en scène, un dramaturge, un scénographe ou un chorégraphe - tout cela à la fois sans doute -, poursuit avec sa compagnie « Le Théâtre du radeau » une expérience unique, à présent connue dans le monde entier. Jean-Paul Manganaro, traducteur, entre autres de Carmelo Bene, s'est très tôt passionné pour cette aventure. Son livre contient une dizaine d'études sur quelques-unes des mises en scène de François Tanguy dont elles montrent toute la nouveauté et la force.
« Tanguy et le Radeau ne créent pas un théâtre des images, ni un théâtre de la pensée, ni une réflexion sur le théâtre, même s'il est vrai que ce théâtre est pensé et réfléchi. Cette pensée et cette réflexion sont devenues si consubstantielles à l'acte de création de Tanguy qu'elles s'effacent dans la mise en place de leur puissance. C'est un théâtre qui réfléchit autour des formes - lesquelles incluent l'image, et peuvent exprimer une image du théâtre, une image autour du théâtre ; elles peuvent aussi dire dans leur présentation la totalité d'une élaboration qui s'est occultée, et elles peuvent enfin dire l'image la plus nécessaire de la constitution de l'acte théâtral. Ce théâtre invente les formes qui habitent temporairement l'espace d'un théâtre, et dans cette temporanéité immédiate et éphémère il y a l'effacement des temps et des espaces qui nous cernent en tant que spectateurs. »
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Ces 22 essais traquent le même ennemi, cette castration mentale dont l'auteur dénonce les ravages à travers ses vecteurs de prédilection, l'image qui aveugle plus qu'elle ne montre (la télévision, mais pas seulement), le discours (politique), voire l'art quand il se dénature. Bernard Noël décrit le fonctionnement de ce monde où la représentation prend de plus en plus la place de la création, où la privation de sens devient la situation ordinaire et s'exerce sans même que nous nous en apercevions. Sa caractéristique est d'ailleurs d'être imperceptible, à la différence de toutes les contraintes inventées jusque là par le pouvoir. Cette «sensure» comme il l'appelle, serait l'arme absolue de la démocratie, permettant de tromper les consciences et de vider les têtes sans troubler la passivité des victimes, pouvoir dont la seule excuse, le seul alibi est la consommation, et qui se cache derrière la fatalité économique.
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Pendant qu'il écrivait La Machine, René Beletto a pris des notes annexes. Ce n'était pas des réflexions sur le travail en cours, sur les difficultés rencontrées, ou sur la littérature en général. Plutôt des aphorismes, des «pensers», ou encore des moralités énigmatiques, des fragments rapides d'un journal intime lacunaire. Sa lecture continue provoque, insidieusement, un trouble comme si les habituels repères moraux, sensibles, intellectuels venaient à nous manquer.
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Études est un ensemble d'essais sur des artistes qui auront été déterminants dans l'histoire de l'art contemporain comme Bram Van Velde, Joubert, Valéry, Jabès, Hölderlin, Frederikson, Giacometti, Kafka, des Forêts, Blanchot, Mozart. Parcours d'une même singulière aventure qui concerne la sculpture, la peinture, la musique, tout aussi bien que la littérature. L'artiste véritable est celui qui engage totalement sa vie dans son oeuvre, les amenant à se confondre, passant pour «fou», si on le juge selon la raison commune. Cette aventure immense s'identifie à une réelle quête du Graal, elle consiste à faire «un pas sur le chemin de l'impossible» (Celan). En répondant à l'exigence d'écrire, leitmotiv de toutes ces Études qui tentent de mettre à nu cette exigence, l'écrivain fait un pas vers l'au-delà, un pas vers l'Inconnu, certes à jamais énigmatique, mais qui donne son orient à toute sa vie. Certaines de ces études sont bien des essais, mais elles constituent des hommages : Roger Laporte a tenté de ne jamais oublier cet aphorisme de René Char : «Dans mon pays on remercie.»
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Au début, le cinéma.
Puis, les films. ensuite, les auteurs. maintenant, les cinéastes ? pas si simple, ni si simplement linéaire. qu'est-ce qu'un cinéaste ? la question, un jour, s'est posée d'un mot et de son sens, puisque le français avait fini par nommer celui ou celle qui fait un film indifféremment : réalisateur, metteur en scène, auteur ou cinéaste. qu'est-ce qu'un cinéaste ? suggère que cette indistinction de fait recouvre quatre conceptions différentes qui engagent chacune le style et les idées du moindre film en chantier.
Peut-on se contenter de l'objectivité inerte désignant " chefs-d'oeuvre " et " films importants " ? doit-on assigner un film à résidence interprétative ? est-il bien le même, celui qu'on a vu en salle, puis sur magnétoscope ? n'en a-t-on pas une perception fragmentaire, progressive, infinie ? de quel conflit tel ou tel film est-il le théâtre ? quel est le rôle du temps - temps biographique, flux du temps - dans la formation d'une oeuvre ? et dans sa lecture ? ces questions, ce sont les films eux-mêmes - ces protagonistes d'entière confiance - qui les posent.
Ceux - ici - de hawks, bresson, chaplin, resnais, murnau, tarantino, campion, des straub et de bien d'autres. ainsi que l'oeuvre, en son parcours, de raoul walsh, puis de stanley kubrick.
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De Bernard Dort ne sont connues que ses chroniques théâtrales, elles permettent de suivre les transformations de la scène française et européenne de la seconde moitié du XXème siècle.
Mais ces ouvrages ont laissé dans l'ombre une grande partie de son oeuvre. Les textes pour la plupart inédits qui composent ce volume parlent de musique, de littérature, de cinéma, de voyages, de théâtre aussi, dont la préface que Dort destinait à la réédition de La Dramaturgie de Hambourg de Lessing, cet " écrivain périodique ". Les lettres, les extraits de romans inachevés, les essais oubliés révèlent un Bernard Dort écrivain.
L'" écrivance universitaire " a cédé la place à l'écriture lyrique, subjective, ironique, libre.
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Une phrase, comme l'on sait, est une unité de discours, une partie d'un énoncé généralement formé de plusieurs mots ou groupes de mots dont la construction présente un sens complet. Les phrases distribuées dans chacun des trois livres (Les enfants jouent à la Russie, Allemagne neuf zéro, 2 x 50 ans de cinéma français) proviennent des films correspondants. C'est ce qui se dit dans ces films, ce qui se cite, ce qui se pense dans ces films. Ce sont des livres, et ces livres illustrent la seule manière possible, avec leurs phrases, à cause de ces phrases, de rendre compte, de restituer quelque chose et autre chose des films en question, parce que phraser, c'est jouer en mettant en évidence par des respirations le développement d'une ligne mélodique.
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Parce que rien ne remplace la merveille d'entendre une voix au travail.
La mobilité mentale, les rêves, les chemins que la voix ouvre. Il est incongru, impoli et vaguement dangereux de parier. Mais c'est notre travail. Et les corps jeunes entendent à l'intonation de la première phrase si le corps qui est au bureau parle ou non. S'il ne parle pas ils dérivent, poliment, sans espoir. C'est ce qu'on appelle l'ennui, ce malheur qu'on a tous retenu de l'école, mêlé au désir furieux que ça s'arrête, que l'heure de la récréation sonne.
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Cinémanuel est un journal de l'année 2000.
Un livre sur le cinéma cherchait sa forme depuis plusieurs années : une forme qui ne fût ni une somme concertée de chapitres ni une composition d'exemples rassemblés pour une démonstration, mais une forme libre. non fixée d'avance. La suggestion de l'écrire en journal, de façon ponctuelle, rendit soudain nécessaires ces rendez-vous réguliers avec l'encre noire et la page blanche, employés à consigner certaines sensations persistantes des jours, ou de la nuit passée, au cas où apparaîtraient en elles des traces de sens pouvant éclairer les phénomènes ou les oeuvres dont elles émanent.
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Tout comme, sur les tapis persans sans fleurs, la tulipe et la rose s'épanouissent pourtant et ravissent le regard bien qu'elles n'y soient pas reproduites sous une forme visible, tout comme, à Venise, on retrouve un écho de la perle et de la pourpre marine dans l'église Saint-Marc ; tout comme le plafond voûté de l'étonnante chapelle de Ravenne tire sa splendeur de l'or, du vert et du saphir de la queue du paon, bien que les oiseaux de Junon n'y prennent pas leur vol, de même le critique reproduit l'oeuvre qu'il commente sur un mode qui n'est jamais celui de l'imitation, et dont une partie du charme pourrait vraiment consister dans le rejet de la ressemblance, et de cette façon il nous montre non seulement la signification de (l'oeuvre) mais aussi son mystère.