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Ferdinand des possibles est une ode à la différence, à la singularité, à ce que l'on ne connaît pas, à l'imperfection, à l'humanité, à la solidarité, et à la joie aussi. La joie malgré tout.
Francesca Pollock est la belle-mère de Ferdinand, un jeune homme différent, polyhandicapé, dont elle partage l'existence. Dans ce livre, il s'agissait au départ de parler à Ferdinand, lui qui ne parle pas et n'entend pas. Et puis, au fil de l'écriture, de nouveaux mots sont venus pour dire l'expérience unique et inédite de partager sa vie. Ainsi, Francesca Pollock a voulu raconter Ferdinand?: sa manière d'être au monde, ses passions (des frigos, des gares, des voyages), ses inventions et ses trouvailles, et cette façon si particulière qu'il a de résoudre les problèmes et de contourner les difficultés.
«?Je rêve ce petit livre comme un flambeau que l'on se passerait d'âme en âme, car je sais au plus profond de moi que Ferdinand, malgré sa bizarrerie, malgré ses déficiences, et elles sont nombreuses, peut nous aider à vivre.?» F. P. -
Correspondance avec Alexandre Soljenitsyne et Nadejda Mandelstam
Varlam Chalamov
- Verdier
- Poche
- 4 Avril 2019
- 9782378560201
Rendu à la liberté en 1951 après avoir traversé l'expérience des camps les plus durs du stali- nisme (notamment les terribles mines d'or de la Kolyma), Chalamov entreprend avec une ardeur farouche de renouer - à travers son oeuvre mais aussi grâce à une foisonnante correspondance - les liens rompus avec la vie et la création.
L'interlocuteur privilégié est d'abord Alexandre Soljenitsyne. Chalamov confronte, avec celui qui fut le premier à défier aux yeux du monde le système communiste, sa vision de l'interne- ment concentrationnaire. Il rend hommage à Une journée d'Ivan Denissovitch qui vient de paraître, mais il n'en dispute pas moins avec son auteur de tous les détails qui font la force, la vérité du témoignage et la nouveauté d'une écriture.
Jugeant cette terrible traversée comme un temps absolument funeste, il définit ce que signifie dès lors à ses yeux écrire sur les camps et fait ainsi apparaître, entre lui et le grand prophète slavo- phile, une fracture qui est encore aujourd'hui au coeur d'une vive polémique.
Par ailleurs, Chalamov exprime son enthou- siasme à Nadejda Mandelstam (la compagne fidèle du grand poète du même nom) pour son livre Contre tout espoir, large fresque parcourant le monde artistique du XXe siècle russe. Ainsi naît une grande amitié dont témoignent ces échanges épistolaires. Quelques lettres à des amis du camp viennent compléter le volume.
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Un vers n'est rien s'il n'est pas dit.
Cela est vrai partout, mais singulièrement en français, où le vers de la tragédie est aussi celui de l'épopée et de la poésie lyrique : l'alexandrin, clé de toute la poésie depuis ronsard jusqu'à rimbaud. encore faut-il qu'il soit dit comme il doit l'être. mais bien dire un vers, cela ne relève ni de l'humeur du moment ni de recettes artisanales. le recours essentiel est tour autre : c'est la langue.
Moyennant les lois de la langue et moyennant les règles du vers qui s'en déduisent facilement, chacun saura manier l'alexandrin. il lui appartiendra de régler sa voix et son souffle sur ce qui est ainsi requis. enfin, il pourra dire. c'est-à-dire entendre et faire entendre le vers - ce qui est un plaisir.
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Ce livre est une théorie d'ensemble de la traduction.
Par son point de vue et son ampleur, il n'a pas d'équivalent parmi les ouvrages qui traitent du traduire. Il propose une critique, c'est-à-dire une fondation, des principes qui relient l'acte de traduire à la littérature. Il commence par l'examen des idées reçues, et l'histoire de la traduction en Europe, continent culturel bâti sur des traductions. L'objet est de fonder la nécessité de tenir l'acte de traduire, et ses résultats, par le fonctionnement des oeuvres littéraires.
D'où une critique de l'étude des traductions comme discipline autonome, qui revient à la remettre aux seules questions de sens, en méconnaissant que le langage fait autant et plus qu'il ne dit. La question de la poétique est comment. Seule une théorie d'ensemble du langage et de la littérature peut situer la spécificité du traduire. Car on ne traduit pas seulement des langues, mais des textes. Si on l'oublie, cet oubli se voit.
La théorie et la pratique sont inséparables. Les textes traduits vont du sacré à la poésie, au roman, au théâtre et à la philosophie. Ils passent par l'hébreu biblique, le grec ancien, le chinois classique, l'italien, l'anglais, l'allemand et le russe.
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« Quoi que puisse dire Aristote et toute la Philosophie, il n'est rien d'égal au tabac : c'est la passion des honnêtes gens, et qui vit sans tabac n'est pas digne de vivre... ».
Ainsi débute Dom Juan, avec la tirade énigmatique de Sganarelle ventant au public les vertus du tabac, dont il ne sera plus question dans le reste de la pièce.
Mais pourquoi cet éloge ? Pourquoi le tabac ? De quoi serait-il la métaphore ? Quel sens y a-t-il à convoquer ici « Aristote et toute la Philosophie » ? En quoi le tabac permet-il d'«instruire les âmes à la vertu » ?
L'étude de Paul Audi tient de l'enquête policière. Au regard des commentaires les plus fameux, il propose une interprétation qui rend compte de chaque mot, de chaque indication de la tirade, mettant en relief le mobile politique qui sous-tend le texte de Molière.
Cette étude révèle le combat qu'un grand comédien et dramaturge a été conduit à mener, au moment le plus critique de sa vie, pour défendre son art.
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« Car nous sommes dans un temps où les vents soulevés charrient de la poussière des confins du désert, car nous sommes dans des villes où nos pas hésitants arpentent nos faillites, détaillent nos abandons, où nos regards brouillés par le sable d'Afrique semé par les grands vents ne discernent plus rien du chemin à tracer, des directions à prendre, car nous sommes en passe de devenir fantômes, frères de déréliction de ceux à qui hier nous tendions des aumônes, fantômes vivants pourtant, tributaires de nos tripes, de nos muscles, de nos désirs éteints, nos regrets murmurés, suspendus aux rumeurs nous n'avons plus de lieux où poser nos fardeaux. ».
M. R.
Nous avons souhaité accompagner la publication posthume du dernier livre de Mathieu Riboulet, Les Portes de Thèbes, éclats de l'année deux mille quinze, d'un ensemble de textes d'écrivains que nous savons particulièrement sensibles à son oeuvre.
Suivi de À contretemps, décidément de Mathieu Riboulet.
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Il s'agit de montrer que la poésie, contrairement à l'idée reçue qu'elle n'intéresse que les poètes ou très peu de lecteurs, concerne chacun, même s'il ne le sait pas, parce qu'elle met en jeu tout ce qu'on fait et tout ce qu'on sait du langage, donc tout ce que la société fait de chacun de nous, et que chacun fait des autres. Et il faut voir comment. C'est pourquoi la poésie est un poste d'observation privilégié sur le langage en général, sur la pensée et sur la société, et d'autant plus qu'on n'en a pas conscience. Il s'agit de réfléchir sur les choses très différentes qu'on met indistinctement dans le mot poésie.
Cette réflexion mène à une critique généralisée de ce qu'on fait et de ce qu'on dit de la poésie. Cette critique de la poésie mène à son tour à une critique de la philosophie, ou d'une certaine philosophie : réfléchir sur ce qu'est un problème poétique, et montrer que ce n'est plus une affaire d'esthétique, seulement pour amateurs de poèmes, mais une affaire d'éthique et de politique. À travers ce qu'on dit et ce qu'on fait de la poésie en France au XXe siècle, spécialement dans les quarante dernières années.
Il ne s'agit pas de faire aimer la poésie, mais de cesser d'être dupe des clichés et des falsifications qui se font passer pour de la poésie. C'est par là peut-être que la poésie retrouvera en France une place qu'elle n'a plus. Contribution au feu de joie qu'il y a à faire avec les langues de bois.
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Avoir quatre ans en 1945 et arriver au Havre, c'est découvrir un champ de ruines et au loin, éternelle, la mer. Comment cet enfant peut-il construire sa jeune vie face au désastre ? en lisant, répond Pierre Lepape. Les livres sont ses compagnons, ses soutiens, sa part de rêve. Mais qu'en est-il lorsque s'effrite, puis s'effondre la confiance dans le pouvoir des livres ? Comment le lecteur passionné qu'il reste peut-il encore avoir foi dans la littérature si fragile confrontée à la violence de l'histoire ?
Ces questions, Pierre Lepape les explore dans un récit très personnel qui est à la fois son chemin de lecteur et une analyse de l'histoire littéraire contemporaine.
Dans une langue élégante et sensible, Ruines suit le parcours qui mène de la littérature triomphante des années trente à l'ère du soupçon et de la disparition de la religion littéraire, et dessine d'un trait léger l'autoportrait de son auteur.
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Le poing dans la bouche
Georges-arthur Goldschmidt
- Verdier
- Litterature Francaise
- 8 Janvier 2004
- 9782864324041
Il s'agit dans ce petit livre de retracer la découverte de l'existence entre et par deux langues.
L'allemand maternel bien-aimé, la langue des émerveillements et des étonnements premiers, fut aussi la langue interdite, la langue a jamais défigurée par l'horreur nazie, recouverte et sauvée par la langue d'accueil, ouverte et libératrice, le français. d'une langue à l'autre, les assises du soi se fondent et se constituent à travers les aventures littéraires, des contes de grimm et du struwwelpeter à pascal et la bruyère et d'eichendorff à kafka, c'est par les deux langues que passe l'édification de cette certitude vide et indémontrable qu'aucune langue n'épuise et qui survit à toutes.
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« Un grave penseur a suggéré que l'âge adulte ne sert à rien qu'à exaucer les désirs irréalisés de l'enfance. La nôtre a coïncidé avec le grand aggiornamento du début de la deuxième moitié du siècle dernier, le printemps du monde auquel a succédé, très vite, l'automne qui pèse toujours sur la terre. Nous semblions voués, comme nos devanciers, à ne rien entendre à ce qui se passait et nous concernait. Que nous ayons été les contemporains d'une conjoncture d'exception, c'est, rétrospectivement, l'évidence. Encore fallait-il un détonateur pour libérer les énergies soudain assemblées, fendre la muraille, briser les barreaux de l'isolement, de l'ignorance, du silence.
Le sort, les puissances occultes ont désigné Jean-Paul, qui s'est mis aussitôt en chemin. Il n'était plus que de le suivre. Mais l'aventure était à ce point déconcertante et neuve que ses échos roulent toujours plus d'un demi-siècle plus tard, ce qui explique ce besoin d'y revenir, cette correspondance. » Pierre Bergounioux.
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Et s'il venait à l'esprit de désigner parmi tous les objets du monde celui qui serait l'Objet du XXe siècle ? L'Objet Moderne? Que dans ce siècle de triomphe des objets on se tourne d'abord vers l'art, ce n'est pas pour faire joli, mais parce que les oeuvres d'art sont des objets un peu spéciaux: des objets qui pensent et qui font voir - spécialement ce que c'est qu'un objet.
Un genre de lunettes intelligentes. Et ce que des oeuvres inaugurales de l'art de ce siècle nous découvrent - merci Duchamp! vive Malevitch ! c'est une chose assez curieuse, des objets tout tissés d'absence, au point qu'objet et absence d'objet ce serait presque tout un. On dira que l'absence ce n'est pas vraiment un objet, pas comme une chaise ou un ours en peluche. Objet subtil, mal visible, peut-être, mais qui niera qu'on s'y cogne parfois durement? Et comment ne pas buter contre le fait qu'au coeur même de ce siècle se sont dressées des usines à absence, conçues pour fabriquer de l'absence comme des savonnettes ? Auschwitz & Co.
Que le siècle de l'objet aura autant été le siècle de l'absence, voilà l'idée. Que l'art nous montre ça, voilà le soupçon. Nos sociétés font tout pour nous distraire. C'est gentil. Fermez les yeux, telle est l'invitation au sommeil dont elles nous bercent. Je tiens que l'art de ce temps convie à autre chose: à ouvrir l'oeil, et regarder le siècle. C'est dur, mais juste.
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éthique et politique du traduire
Henri Meschonnic
- Verdier
- Sciences Humaines
- 26 Octobre 2007
- 9782864325161
Ce livre prend la suite de Poétique du traduire. Traduire est un acte de langage, et tout acte de langage implique une éthique de langage.
Ainsi la poétique du traduire ne saurait être comprise comme une réflexion régionale et autonome sur ce que c'est que traduire, et même spécialement ce qu'on appelle la littérature.
Au contraire, la poétique du traduire montre que chaque traduire expose sa théorie du langage, et que le langage implique un continu et une interaction avec l'art, l'éthique et le politique, la politique.
Traduire en est le laboratoire expérimental, le terrain majeur d'une critique des idées reçues concernant le langage, où la critique du rythme fonde une éthique et une politique du traduire.
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Voici un voyageur anglais - William Burchell - qui, à l'orée du dix-neuvième siècle, parcourt les immensités brûlantes de la colonie du Cap, à l'extrémité de l'Afrique. C'est un peintre amateur ; il cherche un paysage pittoresque qu'il puisse décrire et dépeindre à ses lecteurs. Sait-il que ce qu'il cherche est en réalité un panorama composé pour un oeil éduqué par les maîtres du paysage classique tels que le Lorrain ou Gainsborough ? Sait-il que l'idée du sublime, qu'il a emportée avec lui en quête d'autres beautés, est peut-être impropre à restituer les sentiments qui naissent de la lumière, de l'aridité, des solitudes de l'autre hémisphère ? Coetzee pose la question : À quel risque s'expose l'imagination de celui qui accepte non seulement de quitter ses paysages familiers, mais de s'en défaire ?
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Le 28 décembre 1795, le jeune poète Friedrich Hölderlin devient le précepteur des enfants de Jacob Friedrich Gontard, un riche banquier de Francfort. Très vite, Hölderlin tombe amoureux de l'épouse de son employeur, Susette Gontard. Friedrich a 25 ans, Susette 26.
L'idylle naissante entre le poète et la jeune femme sera favorisée par des circonstances exceptionnelles : à l'été 1796, les Franc¸ais assiègent Francfort. Le banquier envoie sa femme, ses enfants et ses serviteurs près de Kassel pour les mettre à l'abri. Dès lors, Hölderlin et Susette Gontard nouent des liens d'une intensité exceptionnelle. Dans le roman qu'il est en train d'écrire, Hypérion, elle devient Diotima, du nom de la prêtresse de Mantinée dont Socrate rapporte l'enseignement sur l'amour dans Le Banquet de Platon.
En septembre 1798, une dispute éclate entre Hölderlin et Jacob Gontard, qui ne supporte plus les assiduités du jeune précepteur auprès de sa femme. Le poète quitte son emploi, mais reste secrètement en relation avec Diotima. Lorsqu'il apprendra sa mort, en 1802, son deuil insurmontable lui inspirera quelques-uns de ses plus beaux poèmes avant de contribuer au déclin de ses facultés mentales, jusqu'à la crise de folie qui le conduit en clinique psychiatrique en 1806, avant son installation chez le menuisier Zimmer à Tübingen. Les lettres, poèmes et témoignages contenus dans ce livre ont fait sortir la Diotima de Hölderlin de l'ombre où l'avait maintenue l'histoire littéraire. Elle se révèle une figure éminemment attachante, pleinement digne de l'amour que lui portait le poète, et tout à fait consciente du génie de celui-ci.
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Apologie de Pluchkine ; de la dimension humaine des choses ; essai critique à propos des âmes mortes
Vladimir Toporov
- Verdier
- 5 Novembre 2009
- 9782864325895
Cet essai - qui est l'une des oeuvres majeures de Toporov - entre dans la catégorie des " réhabilitations " de personnages littéraires honnis.
A contre-courant des interprétations traditionnelles, Pluchkine, l'avare grotesque des Ames mortes, apparaît comme le seul " être vivant " de toute la galerie de personnages rencontrés par l'escroc Tchitchikov au cours de ses pérégrinations à travers la Russie profonde. La déchéance de Pluchkine, son attachement maladif aux vieux objets usés, aux restes, aux résidus, sont vus non plus comme la dernière phase de la dégradation mais comme un vestige d'humanité, un reflet de l'amour du Créateur pour sa créature.
Au travers d'une investigation minutieuse qui met en scène le dialogue du texte avec les strates profondes de la culture, l'aventure de la chose, placée dans une perspective historique et mythologique, rejoint l'aventure humaine. Vladimir Toporov (1928-2005) est une des figures majeures de la critique littéraire russe du XXe siècle. Son intérêt initial pour la reconstruction des contextes effacés l'a conduit à une approche archéologique du texte littéraire visant à en faire remonter les contenus cachés, les aspects passés inaperçus.
Cette démarche herméneutique éclaire les recoins encore inexplorés du vaste territoire littéraire du XIXe et du XXe siècle. Traduite en plusieurs langues, son oeuvre restait jusqu'à ce jour inconnue en France.
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Poser la question du roman, c'est aujourd'hui poser la question de la prose.
Un préalable, cependant : faire entendre que la prose fait question dans la langue. la modernité, à la lumière de quoi le roman apparaît indéfiniment soupçonnable.
Il faut donc une autre modernité.
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L'écrivain, qu'il le veuille ou non, est un homme engagé dans l'univers du langage.
Nommer, c'est faire exister. dans la chartreuse de parme, le comte mosca, voyant s'éloigner la voiture qui emporte la sanseverina et fabrice, s'écrie : "si le mot d'amour vient à être prononcé entre eux, je suis perdu. " que la chose soit une fois nommée, et la voilà faite, ajoute sartre. ainsi, nommer, c'est changer, transformer. l'activité littéraire est donc éminemment - et forcément - une expérience de la liberté.
Cette liberté étant concrète, elle varie suivant les époques. l'analyse de sartre s'achève sur des propositions d'action, certes sous la forme de protestations, mais surtout de réflexion.
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écrire, traduire, en métamorphose
Bernard Simeone
- Verdier
- Sciences Humaines
- 2 Octobre 2014
- 9782864327738
« Une première approche du phénomène de la traduction tendrait à donner d'elle une image plus homologuée que celle de l'écriture, plus proche de ce qu'on nomme d'ordinaire transmission, et qui suppose un contenu: traduire, c'est bien sûr se mesurer à un texte préexistant (énorme évidence bonne à rappeler pour en mesurer toutes les implications). C'est donc éloigner un peu le vertige de l'informel, du texte censé surgir ex nihilo.
Mais d'un examen plus approfondi, il résulte vite que traduire c'est affronter, tout autant que le texte original et de façon plus taraudante, les spires, abîmes et silences de sa propre langue, en une expérience dont l'intensité et la légitimité n'entretiennent pas une relation hiérarchique avec celles de l'écriture première. »
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Universellement reconnue comme une oeuvre majeure du xxe siècle, la poésie de Paul Celan est d'une redoutable difficulté. Les énigmes dont elle est peuplée font partie de la fascination qu'elle exerce sur les lecteurs, mais ont aussi suscité des interprétations éminemment contradictoires.
Comment faut-il la lire ?
Le présent volume réunit l'ensemble des essais critiques que Stéphane Mosès a consacrés au fil du temps à l'oeuvre de Celan, dont bon nombre sont des lectures minutieuses de quelques-uns de ses poèmes les plus importants. Mis bout à bout, ils suivent le poète de son premier recueil (Pavot et mémoire, 1952) jusqu'au dernier (Enclos du temps, posthume, 1976), et frappent par la cohérence de l'interprétation qu'ils dessinent.
Pour Stéphane Mosès, la poésie de Celan est une réponse à une vision du monde où les concepts fondamentaux de Création, de Révélation et de Rédemption, hérités de la tradition juive, sont devenus inintelligibles sans pour autant s'effacer.
Face à ce que Gershom Scholem a nommé « le néant de la Révélation », cette poésie n'est pas un processus conceptuel mais l'accomplissement, dans l'espace sensible des mots du poème, de « l'opération par laquelle le souffle se transforme en voix ».
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Imaginez la fin du monde, qui est, comme chacun sait, beaucoup plus simple à concevoir que la fin du capitalisme. Imaginez l'extinction de notre espèce et que vous vouliez préserver et transmettre la mémoire de cette constellation de pratiques, de formes, d'usages et d'objets que nous avons appelée tantôt poésie, tantôt belles- lettres, et que nous avons fini par appeler littéra- ture. Car vous avez ce sentiment tenace : Homo sapiens aurait dû s'appeler Homo narrans.
Telles étaient les règles du jeu que nous prati- quions, mes étudiants et moi, ces dernières années. Avec eux, je souhaitais travailler le coeur de notre condition narrative. Il fallait retrouver des gestes, des pratiques, reprendre des histoires qui résonnaient avec notre situation. Trois nous ont retenus : celle de Shéhérazade et des Mille et Une Nuits, ou comment une jeune femme sauve le monde de la folie destructrice de son époux en lui racontant des fables ; celle de l'affaire dite de Tarnac qui, plaçant un livre, L'Insurrection qui vient, au coeur d'une affaire politico-judi- ciaire, nous rappelait que la fiction est une arme dangereuse et à double tranchant ; celle du Décaméron, cette oeuvre du trecento italien, dans laquelle dix jeunes gens fuient Florence en proie à la peste et, en un lieu isolé, forment une assemblée créative et joyeuse qui réinvente le monde.
Nous formions nous-mêmes un Décaméron. Et puis le réel a frappé durement à la porte. Car l'ancienne imprimerie, où nous avions trouvé refuge pour résister à la décomposition de l'ins- titution universitaire, a fermé ses portes, défini- tivement. Ne restent sur les murs que des images et les histoires qui y furent tressées. Le lieu se transforme alors en une sorte de musée où nous revisitons, comme dans un rêve, l'histoire d'un flash, trois ou quatre mille ans à peine durant lesquels les humains n'auront joué qu'à cela :
Tromper la mort en se racontant des histoires.
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Le chemin de la vie ; entretiens avec Laure Adler
Maurice Nadeau
- Verdier
- Litterature Francaise
- 29 Avril 2011
- 9782864326410
" Maurice est un blagueur.
Un ironique. Un doux rêveur. Il n'en fait qu'à sa tête et n'en démord pas. C'est son désir qui le guide, éclairé par ses intuitions. Au fond, c'est un solitaire, mais qui peut avoir des tendresses. Maurice est de grande taille et, quand il vous prend dans ses bras, on a le sentiment d'être protégé. Maurice est un lecteur. Qu'il soit journaliste, écrivain ou éditeur, sa vie, faite d'austérité, de concentration et d'oubli de soi, est celle d'un lecteur.
La lecture est une accoutumance, puis une addiction. Chez Maurice, c'est un choix qui est devenu au fil des ans une règle et un mode d'exister. Maurice est le lecteur qui a su nous faire partager le plus grand nombre de découvertes dans la littérature du XXe siècle, publiant, analysant, disséquant, commentant les textes du monde entier avec lesquels il nous donnait rendez-vous afin que nous ne puissions pas les manquer.
Maurice n'a pas de bornes. Il se moque de l'âge, de l'origine, de l'histoire personnelle d'un écrivain. Ce qui l'intéresse, c'est le texte. Il a avec lui des rapports de gourmandise. Il ouvre les livres, les hume, les lâche, les reprend, les laisse reposer, les met en pénitence, les reprend et les relit. Après, il donne son avis. Maurice a raison : comme il le dit dans ces entretiens, s'il continue à vivre, c'est parce qu'il lit.
" Laure Adler
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" à quoi cela sert-il, finalement d'être un écrivain, ou même un simple lecteur, un praticien ou un accompagnateur d'écritureoe " a cette question répondent, chez pierre michon, d'autres questions: " qu'est-ce qui transforme une existence en une "vie"oe ", ou encore: " pourquoi se met-on à écrire, à peindreoe ".
Guidé par ces interrogations, jean-pierre richard chemine à travers des oeuvres qui, des vies minuscules à maîtres et serviteurs, de rimbaud le fils à vie de joseph roulin, sont toujours hantées par leur propre origine. au fil de plusieurs études, chacune liée à un livre ou à un personnage de michon, le critique trouve des indices sur ce qui fait le monde et ce que peut y faire l'artiste, ou simplement l'homme.
La recherche est méticuleuse, elle explore la matière même des textes: les mots et les choses s'y entremêlent pour nous laisser apercevoir, au travers des personnages et de leur inscription dans un paysage, dans un style, ce qui déclenche chez l'écrivain lui-même la vocation de l'écriture