Les campagnes archéologiques de 2006-2013 à Cluny avaient pour objectif de comprendre plus précisément la constitution du sanctuaire et du chevet de Cluny II, d'en assurer une meilleure datation par les méthodes archéologiques, de déceler d'éventuelles occupations antérieures. Il en était de même pour l'amorce des bâtiments claustraux et l'église Sainte- Marie. La découverte des vestiges de la demeure aristocratique de la villa carolingienne, renouvelle aujourd'hui considérablement les connaissances sur les origines de Cluny.
L'ouvrage présente les résultats de ces travaux, dans le prolongement de ceux du grand archéologue K. J. Conant qui avait à plusieurs reprises proposé des schémas d'évolution avant et après la fondation du monastère en 910. Nous avons aujourd'hui la chance de bénéficier d'avancées considérables des connaissances sur ces périodes en Europe, qui nous aident à regarder autrement les maçonneries retrouvées.
À l'échelle des grandes élévations du transept de la Maior ecclesia encore conservé, ces vestiges découverts peuvent paraître modestes et peu spectaculaires, cependant ils sont les plus anciens témoignages de la présence des hommes en ce lieu, et de leur communauté qui sera à l'origine de la plus grande abbaye d'Europe.
Faire d'un homme d'une extrême laideur le portrait d'un empereur : c'est le défi que Titien releva lorsqu'il fut chargé de peindre Charles Quint.
Il s'acquitta si bien de cette tâche délicate que ses oeuvres devinrent un incontournable modèle pour représenter le souverain et ses successeurs à la couronne d'Espagne. Elles s'imposèrent de surcroît comme paradigme d'excellence dans la pratique et les théories artistiques. De cet exemple fondateur du portrait du pouvoir à l'époque moderne, l'auteur nous entraîne dans un long voyage à travers l'Italie et l'Espagne, nous menant du coloris de Titien au pinceau de Velazquez.
En analysant le langage figuratif des oeuvres et sa réception critique, mais aussi les dispositifs d'exposition et les gestes accomplis par le public, ce livre interroge les pouvoirs que l'art et la politique confèrent à ce substitut de présence qu'est le portrait.
Du Moyen Âge au XXe siècle, les îles ont été appréhendées de bien des manières. Des mythes de l'Antiquité aux textes scientifiques et réalistes des XVIIIe et XIXe siècles, c'est toute une variété d'approches et de perspectives, tant par la forme des documents analysés - du manuscrits médiéval à la photographie du XIXe siècle - que par la problématique exposée.
Nombreuses sont les cartes qui ont été étudiées et reproduites. Elles soulignent le rôle majeur joué par les îles dans le développement de la cartographie, la difficulté d'obtenir une localisation exacte sur la carte du monde, et l'intérêt des corpus de cartes d'où chacun pourra tirer des informations utiles pourvu qu'il en connaisse le mode d'emploi.
Lorsque, dans la seconde moitié du XIIe siècle, les villes d'Europe septentrionale acquièrent un statut juridique, elles se dotent d'un sceau et doivent choisir une image pour définir leur identité. Parmi les nombreuses représentations auxquelles les villes ont recours, l'architecture tient une place majeure. Le vocabulaire formel utilisé remonte parfois à l'Antiquité, mais dans certains cas les graveurs sont capables de mettre au point des portraits urbains singuliers répondant efficacement à un programme.
Ce dernier met en images des concepts comme l'identité collective, les rapports d'autorité ou même la liberté communale. L'auteur entreprend ici de replacer le sceau de ville dans le contexte de sa création, qu'il soit politique, artistique ou sociologique.
Un autodidacte, fils d'un cordonnier de Nevers, devenu journaliste aux Révolutions de Paris et membre actif du club des Cordeliers, fut élu procureur de la commmune de Paris en décembre 1792, à l'heure où la jeune République française, ouvrant le procès du roi, allait déclencher contre elle la guerre européenne.
Devenu le second magistrat de la grande ville révolutionnaire, surveillant des intérêts du peuple, ce porte-parole des sans-culottes parisiens s'efforça de rester fidèle au message cordelier sans s'écarter d'une stricte allégeance à l'égard de la Convention montagnarde. A l'heure où la défense de la République assiégée exigeait la centralisation des énergies, était-il possible de faire valoir les intérêts du peuple quand ils entraient en contradiction avec ceux des marchands, des propriétaires ? La démocratie représentative " sous l'étroite surveillance du peuple", illusion ou réalité ? La Terreur mise en place pour frapper les aristocrates devait-elle fatalement atteindre Chaumette, celui qui se voulait le porte-parole du petit peuple pauvre et passionnément républicain ? Au-delà d'une aventure politique individuelle, cette biographie s'efforce de retrouver, dans les termes mêmes où ils furent posés à l'époque, les problèmes qui assaillaient la démocratie en sa jeunesse et les réponses qui leur furent apportées.
Ces contributions sont autant de points de repères pour l'histoire d'une quête en vue du perfectionnement de l'outil naval. Mais en outre, elles éclairent singulièrement le concept d'innovation technologique : sa mise en place sur le plan des techniques - au moment de la transformation des bâtiments à voile par les navires à vapeur -, son adaptation et sa diffusion.
Avec l'arrière-fond des contextes stratégiques, politiques, économiques, la place des hommes et des institutions qu'ils ont créées ou sollicitées, est mise en évidence la notion même de progrès inséré dans le contexte social qu'il devait modifier.
Chapitres et monastères, paroisse et encadrement des fidèles, Catharisme et Inquisition, papauté, cardinaux et curialistes à l'époque d'Avignon, quelques aspects politiques et ecclésiastiques du Grand Schisme, Réformes et Préréforme après le Grand Schisme. En fin de volume, l'allocution d'ouverture du congrès rappelant l'histoire et l'activité du Comité des travaux historiques et scientifiques.
L'attention du lecteur sera d'abord retenue par les deux illustres signatures de Condorcet et de Lavoisier qui apparaissent parmi les six commissaires de la toute nouvelle Trésorerie nationale instituée par le décret de la constituante du 27 mars 1791, auteurs collectifs du rapport ici produit.
Les historiens apprécieront l'aubaine que représente l'exhumation d'un document émanant de l'intérieur même de la Trésorerie, réalisation fondamentale de la Révolution. Mais l'intérêt de ce document dépasse de beaucoup l'histoire des institutions financières françaises. Le contexte politique précis dans lequel il se situe lui confère une dimension par laquelle il touche à l'histoire de la démocratie en France.
En 1878 et 1879, paraissaient à Genève les deux volumes des Exuviae sacrae Constantinopolitanae du comte Paul Riant qui allaient entièrement renouveler notre vision de l'histoire de la quatrième croisade.
Paul Riant avait réussi à réunir en un seul ouvrage l'ensemble jusqu'alors négligé des documents historiques de toute nature nés du transport en Occident des trésors religieux arrachés aux sanctuaires de Byzance par ceux qui, en 1204, avaient réussi à prendre d'assaut Constantinople et l'avaient livrée au pillage. S'attachant ainsi au sort de près de quatre cents reliques qui quittèrent au XIIIe siècle les églises d'Orient pour celles d'Occident, l'auteur mettait enfin à la disposition de l'historien les traces concrètes de l'un des événements majeurs de l'histoire européenne.
Rien ne peut remplacer cette pauvre fondamentale, toujours indispensable.
C'est pourquoi, en cette année qui marque le huitième centenaire du sac de Constantinople par les chevaliers de la quatrième croisade, le Comité des travaux historiques et scientifiques a voulu rendre cet ouvrage plus accessible aux chercheurs, aux étudiants et à tous ceux que passionne l'Histoire, en reproduisant intégralement l'édition de Genève. C'était aussi l'occasion de rendre hommage au comte Paul Riant et à son pauvre à travers la notice biographique, due à Jannic Durand, qui accompagne la présente réédition.
"Rédécouverte du politique" : la formation d'une classe politique, comme d'un nouveau corps d'administrateurs dans un cadre national mais aussi local. Prosopographies collectives, monographies fouillées, biographies de notables anciens ou promus par la Révolution. Perception des voies de l'apprentissage de la politique, de l'émergence d'une bureaucratie, et par là même de plusieurs aspects essentiels de l'entrée dans la modernité du XIXe siècle.
Dans la tradition chrétienne, l'assistance relève de la responsabilité privilégiée des hommes d'Église, évêques et moines. Au XIIe siècle, période majeure de la floraison hospitalière, d'autres institutions vont prendre le relais : confréries, associations de laïcs cherchant à retrouver la solidarité fraternelle des premiers chrétiens.
À côté des confréries, les systèmes institutionnalisés de distribution de nourriture, de vêtements de d'argent d'une part, les hôpitaux et les léproseries d'autre part ont été parmi les éléments structurants de la vie en société et, dans une large mesure, le point d'ancrage de la conscience identitaire des communautés d'habitants. La municipalisation de l'assistance va progressivement accompagner sa laïcisation : au XVe siècle, les conseils de ville supervisent le fonctionnement des hôpitaux et des maladreries, salarient des médecins et chirurgiens, fournissent des sages-femmes aux parturientes pauvres...
De nouvelles études ont permis ces dernières années de compléter notre connaissance de la charité au Moyen Âge. Cet ouvrage permet d'amorcer des directions d'enquêtes et un nouveau programme de recherches.
On relèvera avec intérêt dans ce volume l'attention soutenue aux problèmes économiques et sociaux aujourd'hui injustement délaissés par ce champ de l'historiographie, l'importance du problème de la frontière et l'importance des problèmes culturels et religieux dans les préoccupations des chercheurs actuels sur la Révolution française.
Prenant pour guide une carte du pays de Sévérac-le-Château au début du XVIe siècle, cet ouvrage est conçu comme un voyage à travers les paysages et les communautés du Rouergue.
Doté de riches illustrations, il offre un éclairage inédit sur la morphologie des mas (hameaux) et sur l'architecture des châteaux, églises et demeures qui fondent le réseau de peuplement. Portant le regard à l'intérieur des maisons, il nous invite au coeur des familles-feux en analysant leurs stratégies et leurs pratiques, et pose la question de leur intégration dans les réseaux de solidarité et de pouvoir.
Rares sont les travaux qui proposent une étude approfondie d'un pays d'habitat dispersé à la fin du Moyen Age. Juliette Dumasy donne ici la possibilité de combler cette lacune en révélant la dynamique des rapports sociaux et des relations bourg/ hameaux. En écho aux travaux sur l'habitat groupé, elle parvient avec succès à mettre en avant l'existence d'un modèle d'organisation économique et sociale propre aux terres de mas.
Les serviteurs du pouvoir, les versificateurs habiles à chanter l'ordre établi sont les oubliés d'une histoire qui a bien davantage consacré les pamphlétaires et les satiristes.
Surtout en cette France du premier XIXe siècle où leur geste a tous les traits d'un Ancien Régime qui se refuse à mourir. Pourtant, entre 1815 et 1830, près de 3000 poésies sont écrites à la gloire des Bourbons restaurés par une curieuse cohorte d'auteurs qui va du jeune " enfant sublime " de la poésie au polygraphe habile, en passant par les poètes-misère, les royalistes de combat, les peu-lettrés ou les académiciens besogneux.
L'objet de ce livre est là : dans ce continent oublié de la littérature de célébration qui éclaire, entre poésie et histoire, toutes les convulsions d'une ère de transition et de deuil entre l'Ancien Régime et l'âge démocratique. Aussi cette histoire de poètes et de princes est-elle moins celle d'une tradition que celle de sa subversion ; moins celle d'une célébration enthousiaste que celle d'un moment désenchanté.
Discours irraisonné sur la Révolution française, discours de l'inquiétude et de la hantise, discours provocateur et sarcastique, entreprise normative de reconstruction d'un ordre sociopolitique, aspiration à l'unanimité reconstruite par delà la déchirure révolutionnaire : la parole de gloire de la Restauration a plus rêvé le monde et le pouvoir qu'elle ne les a naïvement célébrés.
Ce volume traite des perceptions croisées de la france et du canada du xvie au xxe siècle.
Les voyageurs en nouvelle-france disent leur étonnement admiratif devant les immensités qu'ils découvrent mais insistent sur tous les risques encourus. une large place est faite aux contacts avec les indiens, dont les images données sont multiples, sauvages capables des pires tortures mais aussi hôtes accueillants prêts à reconnaître l'autorité du roi de france et à se convertir. tous les récits, qu'ils soient le fait de français au canada ou de canadiens en france, et quel que soit leur siècle, en disent aussi long sur les objectifs des narrateurs que sur les contrées et les habitants rencontrés.