Ce livre inaugure une collection « grand public » recueillant notamment des textes issus de cycles de conférences donnés à Rome dans le cadre des activités de l'Ecole française de Rome.
Elle voudrait éclairer par l'analyse historique la situation présente de la Méditerranée occidentale. Dans ce premier volume, il s'agit de montrer que l'émergence de l'Islam et son extension méditerranéenne corresponde à une vraie révolution sociale. Si le monde islamique recycle des composantes byzantines et latines, il le fait en construisant un monde social nouveau dont Annliese Nef s'efforce de définir les traits à travers de courts chapitres.
Les ordres mendiants (Franciscains, Dominicains mais aussi Ermites de saint Augustin ou Carmes) ont joué un rôle majeur dans la production du savoir à la fin du Moyen Âge. Auteurs de nombreux ouvrages dans tous les domaines de la culture, ils ont aussi largement contribué à la diffusion des manuscrits et des idées ainsi qu'à l'approfondissement des disciplines, grâce aux lieux d'enseignement et de débat abrités dans les couvents. Or, si ces ordres ont été largement étudiés pour leurs apports en théologie, leur place dans le développement des savoirs dits profanes, c'est-à-dire non liés à leur vocation religieuse, a été moins souvent abordée.
Pourtant les Mendiants, véritables passeurs de savoirs, ont contribué de manière décisive à la redéfinition et à l'essor des disciplines enseignées dans les universités ou pratiquées dans les cours.
En se concentrant sur l'Italie, laboratoire intellectuel et culturel de la fin du Moyen Âge et du début de la Renaissance, ce volume vient révéler leur importance dans plusieurs domaines essentiels de la culture des débuts de la Modernité (arts libéraux, sciences de la nature, littérature, rhétorique ou encore géographie).
Campagnes lombardes du Moyen Âge est une monographie régionale majeure qui a fortement contribué à renouveler le champ de l'histoire économique et sociale de l'Occident latin à l'époque féodale. L'ouvrage écrit une véritable histoire du développement d'une société, celle de la Lombardie, de la construction de son cadre de vie et des rapports sociaux qui en découlent. Il analyse les transformations de son environnement et étudie les fondements matériels de la croissance examinée dans ses aspects agraires. En s'appuyant sur une masse documentaire considérable, il aboutit à des résultats tout à fait remarquables qui permettent notamment de mieux comprendre la maîtrise de l'eau et l'élevage transhumant dans la société féodale.
En mettant au centre de son travail les campagnes et le paysage, l'auteur rappelle aussi que la seigneurie, son évolution et les modalités d'exercice des pouvoirs qu'elle contient, constitue la clef de lecture essentielle de l'économie médiévale. Les rapports sociaux qui y naissent et s'y développent constituent l'axe sur lequel tourne l'ensemble de tout l'édifice des pouvoirs comme de la production et de l'échange.
Une oeuvre à la fois classique et novatrice, ici rééditée et mise à disposition d'un large public dans la collection Classiques de l'École française de Rome.
Étroitement associé au triomphe de la ville, le nom de Florence évoque l'éclosion d'une culture politique et sociale contenue aux murs de la cité. La documentation conservée par les institutions ecclésiastiques témoigne du dynamisme précoce des sociétés rurales.
En prenant pour cadre le quart sud-est du contado florentin, cet ouvrage vient mettre en lumière la participation et la résistance des populations rurales au processus de formation d'un territoire dominé par la cité. On s'intéresse ici à une mosaïque de sociétés dont la structure sociale ne se résume pas à l'opposition frontale entre seigneurs et paysans. Riches tenanciers, intermédiaires seigneuriaux, artisans ruraux, notaires, clercs et frères convers viennent compliquer le panorama. Ils participent à la formation d'un milieu de notables affranchis, au moins partiellement, des contraintes les plus pressantes du travail contraint ou vivrier.
À travers l'étude de ces notables, ce sont les ressorts et l'évolution de la domination sociale dans une période de profonde transformation des structures politiques et économiques qui sont ici interrogés.
Au début du XIVe siècle, au nord du royaume chrétien d'Éthiopie, le moine Ewos?atewos fut à l'origine d'un mouvement monastique dissident, fondé sur la stricte observance des deux sabbats, samedi et dimanche. Une telle doctrine était jugée hérétique par le souverain et le métropolite égyptien, qui dirigeait l'Église éthiopienne. Les disciples d'Ewos?atewos, les eustathéens, furent mis alors au ban de la société chrétienne. Malgré les violentes persécutions, les moines établirent de puissantes communautés dès la moitié du XIVe siècle, contribuant à la large diffusion de leurs idées et au culte de leurs saints fondateurs.
Comment expliquer la trajectoire étonnante du mouvement fondé par Ewos?atewos ?
Cet ouvrage cherche à la fois à comprendre l'expansion paradoxale des premières communautés eustathéennes et les significations de l'hétérodoxie dans la société éthiopienne médiévale. Grâce à l'analyse des récits hagiographiques et des archives croisée à des enquêtes de terrain, cette étude montre que les eustathéens ont su mobiliser de multiples stratégies pour implanter durablement leurs communautés et mettre en scène leur histoire et leur mémoire.
Ce livre aborde l'art funéraire du XIIIe siècle par un biais original. Il s'intéresse à la manière dont les Frères Prêcheurs et Mineurs ont traité les sépultures de papes et de cardinaux dans leur discours, à la fois littéraire et monumental, entre 1250 et 1304.
L'analyse des tombes de prélats situées dans des églises mendiantes, réparties entre l'Italie et la France, révèle une intervention des frères dans les choix d'emplacement, de forme et d'iconographie. Il ressort ainsi de l'enquête que les Frères Prêcheurs ont eu une politique de leur espace davantage planifiée que les Frères Mineurs, puisqu'ils n'acceptèrent dans le choeur de leurs églises que les sépultures de prélats appartenant à l'ordre, surmontées d'une plate-tombe. De leur côté, les Frères Mineurs ont construit un discours original sur leur rôle dans l'accompagnement des mourants, à la fois dans l'iconographie et dans la littérature homilétique. Enfin, ce livre accorde une place importante aux procédés mis en oeuvre par les mendiants pour « créer » des saints parmi les prélats qui étaient issus de l'ordre ou qui en étaient des bienfaiteurs.
Publié en 1977, réédité en 1998, le livre de Jean Richard est une vaste synthèse sur les missions d'Orient. Promenant le lecteur, à la suite des franciscains et des dominicains, de la Crimée au Cathay et de l'Égypte à la Perse, l'ouvrage montre les efforts considérables effectués par les ordres mendiants, soutenus par la papauté, pour diffuser l'Évangile aussi bien auprès des peuples païens que des chrétientés orientales séparées, dans l'espoir de ramener celles-ci à l'obédience de Rome. Jean Richard insiste sur la direction pontificale de la mission. À partir du pontificat de Grégoire IX, une doctrine missionnaire se précise, et les papes successifs la font appliquer par ces serviteurs zélés de l'Église. Mais il s'interroge également sur la fin des missions médiévales, leurs succès, en particulier l'élargissement de la connaissance du monde, mais aussi leurs échecs, dus à la résistance du bouddhisme et de l'islam, à la fragilité des institutions provinciales et au petit nombre des moissonneurs, surtout après la Grande Peste de 1348.
Cicéron, en tant que maître d'éloquence, est l'un des auteurs classiques les plus copiés au Moyen Âge. Figure tutélaire de la rhétorique, il est aussi un modèle récurrent des pratiques vertueuses, christianisé par les Pères de l'Église. À ces influences, l'historiographie consacrée à l'Italie communale a ajouté une dimension politique, en notant, tout particulièrement dans le cadre florentin, l'application des normes cicéroniennes aux définitions du juste gouvernement et du bon citoyen.
Or cette dette médiévale n'est pas datée avec précision par les historiens : à quand faire remonter les prémices de l'« humanisme civique » ?
Cet ouvrage vient démontrer le rôle formateur et légitimateur de Cicéron dans la définition des normes civiques communales. Il interroge l'unité et les spécificités des idéaux politiques de cet espace institutionnel en s'appuyant sur une large corpus qui invite à reconsidérer le regard « républicain » qu'aurait porté le lecteur médiéval sur ce modèle antique.
Cet ouvrage interroge les relations, tour à tour houleuses et cordiales, entre deux villes ennemies sur le plan politique mais aux économies complémentaires : Pise et Florence. La présence des Florentins à Pise au XIVe siècle est en effet une donnée politique majeure et constitue aussi un élément central dans la vie économique des deux cités. Les Pisans contrôlent, par leurs installations portuaires, une partie des voies du commerce florentin et, de ce fait, la présence de citoyens de Florence dans la cité est nécessaire au bon déroulement des opérations d'échange. Ne se contentant pas d'une histoire centrée sur les marchands et les compagnies commerciales, l'ouvrage examine le rôle crucial des institutions - en particulier de la nation et des tribunaux marchands - dans la régulation et le dynamisme de l'économie florentine. Cette histoire des Florentins à Pise au XIVe siècle permet ainsi d'étudier le face-à-face entre deux villes proches, aux fonctions économiques complémentaires mais politiquement rivales ; ensuite, d'enquêter sur l'émergence, la consolidation et la mort d'une nation marchande aux caractéristiques singulières ; enfin, d'analyser la résolution des conflits marchands sans se limiter aux seules normes juridiques en utilisant un dépôt d'archives pléthorique, celui du tribunal de la Mercanzia florentine.
En réunissant la vingtaine de participants autour d'un thème aussi classique que celui des relations entre l'institution ecclésiale et le courant humaniste, les organisateurs prenaient le risque de parcourir des chemins cent fois empruntés, depuis Jacob Burckhardt ou Ludwig Pastor au moins.
L'angle proposé se voulait original avec un double regard sur l'Italie, épicentre de l'humanisme naissant, et la France méridionale, réceptacle tardif et singulier de ce mouvement. Mais plus encore, la palette très large de méthodes et d'horizons intellectuels regroupant médiévistes et modernistes, historiens de l'Eglise, du droit, des idées, philologues et littéraires a autorisé cette " fécondation croisée ", garante d'une exploitation maximale des recherches novatrices.
A des études de cas ou de personnages particulièrement fouillées, l'un des mérites de cette rencontre a été d'ajouter les dimensions institutionnelles des contacts entre studia humanitatis et Eglise : la curie, l'université, les bibliothèques, les formes de contrôle de la production savante (la censure et l'autocensure) ont ainsi reçu un éclairage nouveau. Preuve, si besoin était, que l'humanisme ne saurait se réduire à un simple mouvement de l'histoire des idées, voire à une variante de l'histoire de l'éloquence.
Agissant comme un révélateur des mutations politiques autant qu'intellectuelles au sein des sociétés tardo-médiévales, les " études d'humanité " mettaient en question, voire en crise, l'institution médiévale qui avait revendiqué le monopole de l'élaboration et de la transmission de la connaissance : l'Eglise. Quelles formes de compromis, de " stratégies d'évitement " ou de contournement, mais aussi d'oppositions frontales ont pris ces contacts, tel est le sens des communications ici réunies.
Grâce à des historiens comme Wikham et Maire-Vigueur, on connaît bien aujourd'hui l'histoire de la Rome du Xe au XIVe siècle. Le projet de Cécile Troadec était de la saisir à la fin de ce qu'il est convenu d'appeler le Moyen Âge, à un moment où de capitale en puissance, elle le devient vraiment. L'originalité de l'ouvrage consiste, sans négliger pour autant la Rome pontificale, à se tourner, à travers des sources très dispersées et fragmentaires, vers la Rome des Romains et vers la façon dont ils ont vécu cette nouvelle dynamique urbaine après la crise du Grand schisme. L'objet de cet ouvrage est donc de comprendre les transformations qui affectèrent l'économie et la société romaines entre la fin du XIVe siècle et les premières décennies du XVIe siècle. Il ne s'agit donc ni d'une histoire quantitative, ni d'une histoire désincarnée : l'approche se situe résolument dans la perspective de la « nouvelle sociologie économique », c'est-à-dire d'une histoire économique qui privilégie le dialogue entre histoire, économie et anthropologie.
Carrefour historiographique des trente dernières années, le thème centre-périphérie a été choisi pour la deuxième édition d'EUROPANGE. Les essais rassemblés s'articulent autour de la double intention d'observer les aspects des réalités politiques qui sont entrées dans l'orbite des Anjou et d'approfondir les relations qui ont été créées par la famille royale dans tout l'espace Angevin dans le but commun d'analyser les structures et la cohérence des appareils financiers. Les institutions, la gouvernance, les systèmes de drainage des ressources et les politiques économiques sont quelques-uns des sujets abordés dans un recueil qui, grâce à l'analyse prosopographique, contribue également à la comparaison entre les domaines articulés de la domination angevine. Le volume offre ainsi un premier moment important de réflexion sur la circulation des élites financières dans un espace de frontières changeantes et variables où le terme «périphérie financière» acquiert une signification heuristique pour l'étude d'une monarchie qui a gouverné pendant environ deux siècles dans une grande partie de l'Occident médiéval.
Au milieu du XIVe siècle, la commune de Florence, qui ne contrôlait jusqu'alors qu'un petit territoire au-delà des murs de la cité, le contado, réussit à assujettir les six principaux centres urbains voisins : Colle Valdelsa, San Gimignano, Prato, Pistoia, Volterra et San Miniato. Pour mener à bien cet assujettissement, le pouvoir florentin ne pouvait cependant se contenter d'une pure et simple conquête militaire : l'issue en aurait été non seulement incertaine mais surtout très difficile à consolider dans le temps. Car même s'ils n'avaient pas atteint l'importance démographique des grandes cités de la région, les centres convoités étaient parvenus à maintenir leur autonomie depuis plus d'un siècle. Ils avaient par conséquent développé une identité politique et culturelle propre, en vertu de laquelle ils auraient pu, une fois conquis, refuser la soumission et constituer partant des foyers permanents de révolte. D'où la nécessité pour les Florentins d'élaborer des instruments en mesure de légitimer leur domination et d'en assurer ainsi la pérennité. Quels furent les mécanismes explicites et implicites de cette entreprise de légitimation ?
À partir d'une étude approfondie des actes juridiques qui formalisèrent la soumission et du discours produit sur celle-ci par les chroniques contemporaines, cet ouvrage en analyse les ressorts politiques et culturels. Il permet ainsi de comprendre comment et pourquoi cet assujettissement fut paradoxalement pensé comme la condition nécessaire au maintien de la libertas.