Des fêtes estivales aux dessins animés japonais, des séries de fantasy aux manifestations de l'extrême-droite étatsunienne, le Moyen Âge est partout, sans cesse réinventé, transformé, mobilisé pour des usages variés. Il s'agit ici d'étudier cette présence du Moyen Âge dans notre imaginaire que l'on nomme le médiévalisme, en mobilisant de nouvelles méthodes d'analyse et en explorant de nouveaux terrains. Quels sont les rapports entre ces Moyen Âge fantasmés et le Moyen Âge historique étudié par les médiévistes ? Comment les spécialistes de la période médiévale doivent-ils se positionner face à des réinventions contemporaines ? Telles sont les deux principales questions de cet ouvrage collectif tentant un état des lieux de la recherche médiévaliste ainsi qu'une réflexion globale, à la fois méthodologique et heuristique, sur ses défis, ses limites et ses enjeux.
Continuité de l'Empire romain centré sur Constantinople, l'État byzantin a constitué l'une des puissances médiévales. Ce fut particulièrement le cas durant la période du VIIe siècle au début du XIIe siècle, pendant laquelle il a déployé une intense activité diplomatique auprès de ses nombreux voisins. Fort de son idéologie, il s'est voulu et pensé comme un authentique Empire du Milieu, tout en s'armant d'un réalisme constant à l'épreuve de ce monde étranger qu'il qualifiait de barbare - en bon dépositaire de la culture gréco-romaine. Sa diplomatie, en lien avec une géopolitique souvent complexe, fut incessante sur les marges, et au-delà, du territoire impérial. Étendant son spectre géographique de l'Atlantique à la Chine, et de la Scandinavie à la Nubie, cette diplomatie a même pu être considérée comme essentielle à la survie de l'Empire. Elle est ici présentée dans sa logique d'ensemble, entre principes théoriques et pragmatisme sur le terrain, dans une étude qui fait la part belle à ses acteurs, à ses outils prestigieux (or, dons, titres auliques), tout comme aux lieux emblématiques de son expression, du Palais impérial aux espaces de la guerre.
Avec le soutien du Centre de recherches en histoire internationale et atlantique.
Le roi en son duché. En faisant référence, par analogie, à la célèbre formule du XIIIe siècle selon laquelle le roi de France est empereur de son royaume, cette étude veut identifier les éléments de la présence royale en Bretagne durant la seconde partie de ce que l'historiographie appelle l'âge d'or capétien. Alors que le processus de construction de l'Etat royal est patiemment mis en oeuvre par les souverains capétiens, le cas de la Bretagne constitue un formidable laboratoire où il est possible d'apprécier l'intégration du duché et de son aristocratie au sein du royaume de France. Les mécanismes identifiés par l'historiographie récente, tant dans les domaines judiciaire et juridictionnel, fiscal et monétaire, que militaire, y trouvent une traduction territoriale, notamment par le biais de l'approche cartographique, fondée sur l'analyse de sources souvent inédites.
Cette démarche passe par l'analyse du jeu des acteurs : les nobles et les ecclésiastiques, bretons et non-bretons, le duc de Bretagne, le roi de France et ses officiers, dont l'activité dans le duché est remarquable. Sur le plan territorial, la pesée de cette intégration permet d'établir une tripartition du duché, éloignée des regards traditionnels qui opposent haute et basse Bretagne, entre un nord dont la proximité avec le pouvoir royal est importante ; une partie orientale qui profite de sa proximité avec d'autres principautés du royaume pour nouer des liens étroits, en particulier avec d'importants lignages angevins et poitevins ; et enfin, un sud, coeur du domaine ducal et plus éloigné du pouvoir royal.
Cet ouvrage s'inscrit à la croisée de deux historiographies, encore rarement convoquées de façon conjointe : celle de l'histoire religieuse envisagée sous l'angle des pratiques d'une part et celle de la culture matérielle, en particulier l'habillement, d'autre part. Les diverses contributions concernent le christianisme dans son ensemble, comme le judaïsme et l'islam, avec une attention particulière portée aux situations de pluralité confessionnelle et aux signes extérieurs de religion. Le cadre chronologique retenu, du Moyen Âge à l'époque contemporaine, permet de cerner les phénomènes d'appartenance confessionnelle manifestés à travers le vêtement à la fois sur le long, le moyen et le très court terme, en relation avec le recours aux traditions et le rythme plus serré des phénomènes de mode. Loin de se limiter au costume des clercs il s'agit d'analyser aussi les éventuelles connotations religieuses de l'apparence vestimentaire des simples croyants.
Les différents textes rassemblés dans ce volume sont essentiellement - mais pas seulement - dus à des historiens, ils permettent de restituer la dimension diachronique de phénomènes (le port du voile, l'habit clérical, le refus des couleurs) trop souvent analysés en fonction du seul contexte récent ou immédiat. Ils permettent ainsi d'apporter des éléments de réponse argumentés et nuancés à des questions contemporaines et notamment à cette interrogation: l'habit fait-il le croyant?
Des Français orgueilleux, des femmes luxurieuses, des gens du peuple ivrognes et paresseux, des courtisans cupides et envieux, des souverains sodomites : telles sont, entre autres, les figures récurrentes d'une véritable fabrique de la morale à l'oeuvre en Bretagne entre les XIIe et XVe siècles.
En faisant de ce duché un laboratoire d'observation privilégié, ce livre reconstruit les modalités par lesquelles l'Église et l'État mettent en place les normes morales essentielles à la définition et à la consolidation d'un ordre politique et social. En s'appuyant sur le concept de péché et en l'adaptant aux différents contextes, ces institutions forgent des identités d'exclusion à partir de la religion, de la nationalité, du statut social, du genre ou de l'âge, qu'elles médiatisent dans l'espace public par une pluralité de discours. La fabrique de la morale devient ainsi une arme de culpabilisation des sujets bretons, mais aussi un instrument de stigmatisation d'une altérité menaçante, visant à justifier l'obéissance aux pouvoirs établis.
Fondé sur des concepts transdisciplinaires et des sources variées (productions juridiques, oeuvres de pastorale, textes littéraires, sculptures), cet ouvrage est destiné aussi bien aux historiens et chercheurs en sciences sociales qu'à tout public soucieux de saisir les ressorts de la domination idéologique au Moyen Âge
Situé sur un axe assurant la jonction entre Aquitaine au sud et le pôle anglo-normand au nord, le comté du Maine, contrôlé par la dynastie Plantagenêt depuis le début du XIIe siècle, occupe paradoxalement une place marginale dans l'économie et le pouvoir des comtes d'Anjou, devenus rois d'Angleterre avec Henri II. Cette situation stratégique en fait un cas d'étude remarquable : espace périphérique dans l'ensemble politique et économique Plantagenêts, le comté revêt cependant une importance capitale lors de l'affrontement entre Philippe Auguste et les souverains anglais. Les études ici réunies permettent d'éclairer les différents aspects de l'implantation, de la circulation et de la représentation d'un pouvoir qui ne fait bien souvent que traverser le comté mais n'y réside jamais de manière durable. L'exemple du comté du Maine permet de porter un regard neuf sur l'exercice du pouvoir dans l'ensemble plantagenêt, lui conférant ainsi une valeur exemplaire. Il invite à réexaminer les pratiques du pouvoir en terme de représentation locale et de négociations avec les pouvoirs en place, révélant un équilibre subtil des forces en présence que les Plantagenêts s'efforcent de maintenir en leur faveur. C'est enfin l'occasion de mettre en lumière les dernières recherches concernant les éléments majeurs du patrimoine manceau, comme l'abbaye de l'Épau, l'hôtel-Dieu de Coëffort ou le portail royal de la cathédrale Saint-Julien du Mans, dans lesquels les souverains Plantagenets et leurs proches investissent, comme autant de jalons matériels de leur pouvoir.
Le culte rendu aux saints, ces "morts très spéciaux", représente l'une des pratiques sociales et religieuses les plus singulières du Moyen Age. Au c?ur des récits hagiographiques qui leur sont consacrés figurent bien sûr les Vies de saints, dont le sens et les enjeux sont bien plus larges que la simple finalité liturgique ou cultuelle quelles mettent généralement en avant. D'autant plus que, jusqu'au XIIe siècle au moins, la biographie du saint et sa personnalité importent relativement peu tant le poids des modèles structure les récits. On ne saurait donc s'étonner de ce que la figure "historique" de Julien du Mans, dont la sainteté et le culte, de l'époque carolingienne à l'âge gothique, sont l'objet de cet ouvrage, demeure évanescente, pour ne pas dire insaisissable. Pourtant Julien finit par être considéré comme le premier évêque du Mans et un disciple des Apôtres, et par devenir le principal titulaire de l'église cathédrale et le patron du diocèse du Mans. L'intérêt de l'étude réside donc ici : dans l'ensemble des pratiques et des représentations que la fabrique légendaire met en jeu, à l'articulation de l'histoire de l'institution ecclésiale, de l'histoire culturelle et de l'histoire des pouvoirs. Pour mieux fonder la démonstration l'ouvrage propose également une édition scientifique des principaux textes hagiographiques et liturgiques concernant saint Julien.
La médecine du XIXe siècle qui était le moteur principal - intellectuel, moral et disciplinaire - dans la formation moderne de la nation française et l'écriture de l'histoire de France, fondait chacune de ses théories et de ses propositions de lois dans le berceau médiéval. Cet ouvrage démontre comment l'histoire et le Moyen Âge, obsessions de la médecine, ont défini la famille, le mariage et le divorce, l'hygiène (les maladies, les vices et les tares), les moeurs et les politiques raciale et coloniale en Europe.
Aux XIIIe et XIVe siècles, à la suite du mariage en 1275 de Marie, vicomtesse de Limoges, avec le duc Arthur II de Bretagne, la vicomté est rattachée à la Bretagne pendant une cinquantaine d'années avant de s'en éloigner petit à petit après la guerre de Succession (1341-1364). Après la publication en 2009 par Vincent Roblin du Recueil des actes des vicomtes de Limoges (Xe-XIVe siècle), chez Droz (volume 95, Ecole pratique des hautes études, Sciences historiques et philologiques, V.
Hautes études médiévales et modernes), il a semblé opportun de reprendre ce dossier assez peu étudié pour lui-même au cours de deux journées d'études. La première session s'est tenue à Limoges le 30 janvier 2015 et a tenté d'éclairer les modalités de la mise en place du pouvoir des ducs de Bretagne en Limousin. La seconde session, le 3 novembre 2016, à Brest, a abordé d'autres aspects moins directement politiques des relations entre le duché et la vicomté pour tenter d'évaluer la pérennité des liens créés par la logique des alliances matrimoniales entre deux régions très éloignées.
Au cours du Moyen Age, les logiques martyriales sortent du champ proprement religieux. Les autorités mais aussi les sujets et les fidèles participent de la fabrique d'icônes d'un genre nouveau: des martyrs hors la foi, témoins d'un engagement politique et public.
Le martyr politique ne répond pas à un profil unique. On le pense dissident, engagé au service d'une cause qui l'oppose aux puissants, souffrant dans un contexte de tensions politiques avérées, mis à mort dans des conditions anormales et érigé en figure héroïque et vénérable par ses partisans au point de faire l'objet d'un culte populaire à la postérité plus ou moins importante ou d'être au c½ur de récits identitaires, voire légendaires. Mais ce schéma, pour être classique, n'épuise pas la gamme des possibles.
Le martyr politique est une affaire de représentation -l'idée qu'une communauté se fait de la mort d'un des siens- et son potentiel d'identification peut être valorisé immédiatement par ses partisans. Il peut aussi faire l'objet de manipulations et servir en définitive une cause distincte du combat mené. Le martyr politique est ainsi, il ne faut pas l'oublier, l'objet d'un discours construit pour contester le pouvoir ou, au contraire, le soutenir et le légitimer. Mais ce discours ne trouve pas toujours son public et il subsiste des martyrs incomplets ou incertains.
La mort de Charles de Blois sur le champ de bataille d'Auray, le 29 septembre 1364, mit fin à la guerre civile qui ensanglantait la Bretagne depuis 1341. Ce conflit, né d'une crise de succession engendrée par la disparition sans héritier direct du duc Jean III, vit s'affronter le parti de Blois-Penthièvre, soutenu par la France, et le parti de Montfort, soutenu par l'Angleterre. L'accession au pouvoir de Jean de Montfort, devenu le duc Jean IV, ne fit pas taire les prétentions de la veuve de Charles de Blois, Jeanne de Penthièvre, et de ses enfants qui voulurent obtenir la canonisation du prince des lys.
Le pape Urbain V, puis Grégoire XI, diligentèrent une enquête sur la vie, les vertus et les miracles de Charles de Blois. Elle se tint à Angers du 9 septembre au 18 décembre 1371 et vit comparaître 164 témoins. Leurs témoignages constituent ainsi un matériau précieux pour l'historien : il semblait nécessaire d'en proposer aujourd'hui une nouvelle édition.
Cette édition, établie à partir de la collation de différents témoins manuscrits, donne le texte complet des procès-verbaux de l'enquête angevine, en l'accompagnant d'un apparat scientifique permettant l'identification des personnes et des toponymes cités. Cette édition critique, enrichie de notes historiques et de références bibliographiques, présente aussi l'immense intérêt d'offrir une traduction française, en style direct, du texte latin.
L'ouvrage tient ainsi à rendre largement accessibles les témoignages de ces hommes et de ces femmes entendus à Angers, en 1371, par les commissaires pontificaux. Leurs récits nous plongent dans le quotidien d'une France de l'Ouest en proie à la guerre de Cent ans. Ils nous éclairent sur les attentes en matière de sainteté et permettent d'appréhender les mentalités médiévales. Au-delà du monde universitaire, ils intéresseront les lecteurs curieux de mieux connaître le quotidien des populations du Moyen Âge.
En coédition avec l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres.
Première synthèse écrite sur les livres de François 1er, accompagné d'une couverture photographique exceptionnelle, cet ouvrage fait pénétrer le lecteur dans la bibliothèque royale. Livres manuscrits et imprimés, reliures, médailles et dessins, ces trésors se révèlent bien plus divers qu'on ne le pense habituellement. Un catalogue d'exposition qui renouvelle notre vision des collections royales françaises de la Renaissance.
Avec le Château royal de Blois et la Bibliothèque nationale de France.
Ce livre propose pour la première fois une analyse historique rigoureuse et systématique de l'ivresse et l'ivrognerie dans la France d'Ancien Régime : tous ceux que Diderot appelle avec humour les « inspirés de la gourde » y sont présents. Tous les points de vue politiques, religieux, judiciaires, économiques, sociaux et culturels y sont analysés tant à l'échelle du royaume qu'à l'échelle locale. Si une « culture de l'enivrement » imbibe fortement l'ensemble du corps social, les oppositions s'avèrent pragmatiques et marquées par le compromis.
Le Moyen Âge latin fut-il "christomoniste" ? Volontairement provocatrice, cette question fut suggérée à Yves-Marie Congar par les critiques qui reprochaient à la tradition latine d'escamoter la dimension pneumatologique du christianisme, à force de se concentrer exclusivement sur le Christ. Le Saint-Esprit est-il donc le parent pauvre de la spiritualité occidentale ? Le volume entend revenir sur ce débat en réunissant des médiévistes autour d'un objet empirique, la fête de la Pentecôte. Apparue à la fin du IVe siècle, celle-ci s'est progressivement imposée comme la troisième en importance, après Noël et Pâques. Preuve de son efficacité sociale et anthropologique, elle est devenue un moment privilégié de l'action charitable et une référence obligée pour de nombreuses formes de vie communautaire et de "réveil" religieux. Au croisement de l'histoire du Moyen Âge et des interrogations contemporaines, c'est à une réflexion sur la dialectique entre les moyens institués et l'actualité de la grâce que convie ce livre.
C?'est durant la seconde moitié du Moyen Âge que fut mis en place l'essentiel du dispositif portuaire de la France atlantique. Les médiévistes ont beaucoup étudié les sociétés littorales et avec elles les trafics, les marchandises et les navires, mais ils se sont peu préoccupés des espaces portuaires à partir desquels leurs activités étaient rendues possibles. Les ports, considérés en tant que territoires à part entière n'ont que très peu attiré l'attention. Cet ouvrage entend rassembler et organiser nos connaissances relatives aux ports du XIe au XVe siècle.
Avec le soutien de l'université de La Rochelle et du laboratoire « LIttoral ENvironnement et Sociétés (LIENSs) - UMR 7266 ».
Tout au long du Moyen Âge, les sculpteurs, les peintres et les poètes ont utilisé l'image d'un homme puni en enfer avec une bourse autour du cou pour dépeindre les avares, les usuriers, les pécheurs. Le livre suit les traces de cette représentation infamante, de la Byzance du IXe siècle à l'Auvergne du XIe, du Dijon du milieu du XIIIe siècle aux communes italiennes de l'époque de Dante et Giotto. Il dresse l'histoire unique d'une figuration qui, tout en restant fidèle à sa fonction, a connu une évolution graduelle et constante.
Avec le soutien de la COMUE Paris-Est et du laboratoire ACP de l'UPEM.
La chevalerie se mêle-t-elle inextricablement au christianisme ? Le débat apparaît en toile de fond de cet ouvrage, où les meilleurs spécialistes de la question se penchent sur les rapports complexes et paradoxaux entre le christianisme et les guerriers nobiliaires. Ils analysent ainsi autant la piété chevaleresque que la part de l'Église dans la guerre menée par l'aristocratie au cours d'une période charnière, où les normes, mentalités et conduites connaissent de profonds bouleversements.
Comment le pouvoir monarchique orchestre-t-il un programme iconographique ? Cet ouvrage propose des éléments de réponse en prenant en compte non seulement les représentations figurées, stylisées, idéalisées ou réalistes des souverains, mais aussi les attributs du pouvoir monarchique, les symboles et logotypes. L'analyse porte également sur les espaces liés au pouvoir, les lieux choisis par celui-ci et leur architecture (palais, places, voies processionnelles, parvis, etc.) et sur les rituels qui mettent en scène la puissance monarchique. Ces diverses images sont appréhendées comme langages du pouvoir, dans le sens où elles permettent de saisir l'idéologie royale et les institutions monarchiques.
Ce livre retrace l'évolution de l'aspect et de la structure du manuscrit en occident, de l'époque carolingienne au XVe siècle. On y voit les auteurs s'impliquer de plus en plus concrètement dans le processus d'écriture, sous l'influence des usages documentaires. Les bibliothèques, détentrices de la mémoire et de l'autorité, ont pour mission d'encadrer une pratique de la lecture exclusivement finalisée à l'étude, à l'enseignement et à l'argumentation, tant écrite qu'orale. Les bibliothèques sont aussi de véritables institutions qui, à la fin du Moyen Âge, sont appelées à canaliser la demande d'un public de lecteurs de plus en plus large.
Avec le concours de l'Institut de recherche et d'histoire des textes (UPR 841 du CNRS).
Fausses nouvelles de la mort du roi, rvlations de complots contre la chrtient, dnonciations des moeurs lgres des reines et princesses, accusations de crimes sexuels contre des ecclsiastiques, multiplications de miracles autour de tombes, portraits flatteurs ou infamants de grands et de petits que rien ne vrifie en dehors d'affirmations transmises l'oral comme l'crit, entre voisins, amis, courtisans, guerriers et hommes d'glise : la rumeur est omniprsente au Moyen ge. Elle n'pargne aucun pan de la socit, aucun groupe humain et elle est de tous les temps entre le Ve et le XVe sicle. Elle s'inscrit dans les sources textuelles de toute sorte, qui lui rpondent, la confortent, la relaient ou simplement la disent avec des mots bien spcifiques. Pourtant, les mdivistes ont souvent considr qu'ils ne pouvaient saisir dans la documentation plus que le souvenir de la rumeur. Sujet la mode, la rumeur mdivale a principalement t tudie, jusqu'ici, dans le cadre des rapports entretenus entre le peuple et les autorits la fin du Moyen ge. Envisage sur le fond des grandes crises (guerres, rvoltes), associe au dfaut d'information et la sdition, juge caractristique et rvlatrice de l'opinion des gens de peu en rupture momentane avec les gouvernants, la rumeur a rarement t aborde comme un phnomne de communication entre gaux (chez les lites comme chez les humbles), dans des usages socialement constructifs et rvlateurs de craintes, mais aussi de revendications, d'espoirs, d'imaginaires et de croyances. C'est pour tenter de renouveler et de complter cette approche historique, que les auteurs du prsent ouvrage ont crois les rsultats de recherches menes sur le statut, la construction, les usages et la porte d'une rumeur qui n'est, au Moyen ge, caractristique d'aucun groupe social, conomique, politique ou d'opinion spcifique. Le mpris affich par les lites son gard, lorsqu'elle mane des petits et de leurs ennemis, ne suffit pas faire oublier que la rumeur est avant tout un moyen de fdrer.
Constituée au xviie siècle par l'absorption du tiers d'hispaniola (ou santo domingo), grande antille auparavant possession espagnole, la " partie française de l'isle saint-domingue " connut au siècle suivant un développement économique impressionnant.
Peuplée en 1681 de 2000 esclaves et de 4000 blancs, elle comptait, en effet, un siècle plus tard, en 1789, près d'un demi-million d'esclaves à côté de 31000 blancs. ce chiffre record de noirs, inconnu des autres antilles, reflétait la puissance de saint-domingue qui, forte de ses " habitations sucrières " exigeant de plus en plus d'esclaves, faisait alors la prospérité des ports atlantiques français, à la fois par les profits tirés de la traite négrière et par l'afflux des cargaisons de sucre raffinées sur place avant d'être redistribuées à l'intérieur du royaume.
Communément, on retient de l'histoire de saint-domingue son " miracle économique " du xviiie siècle suivi du déferlement des révoltes noires facilité par les événements de la révolution française. c'est oublier un phénomène de longue date remontant aux années 1660. il s'agit des fréquentes séditions des blancs de la colonie dressés contre l'administration royale leur imposant de ne commercer qu'avec la métropole et de se plier à une réglementation minutieuse définissant le statut des esclaves, en violation de l'" autorité domestique " du maître sur son " habitation ".
Là-dessus, naturellement, s'était vite greffé un état d'esprit autonomiste de plus en plus agressif, le colon de saint-domingue enviant jalousement le sort des colons anglais d'amérique, habitués au " self government ". le résultat fut qu'à la veille de la révolution française, dès 1786-1787, saint-domingue vivait dans une insubordination ouverte, le parti colon ayant réussi à paralyser l'administration royale, pourtant seule garante de la sécurité de l'île.
Le livre de charles frostin démontre l'importance du phénomène des révoltes blanches qui contribua indirectement au succès des révoltes noires et à la dislocation brutale d'une société esclavagiste prospère.
Les pérégrinations des moines de Saint-Philibert depuis Noirmoutier jusqu'à Tournus sont souvent citées en exemple pour caractériser l'exode devant les incursions normandes au IXe siècle.
La confrontation avec l'itinéraire d'autres groupes monastiques témoigne cependant de l'originalité de cette congrégation qui ne rejoint pas son établissement d'origine. En utilisant les données fournies .par les sources diplomatiques, narratives et archéologiques, l'auteur définit les modalités de cet exode et ses implications sur la structure du monastère. Son rôle actif dans la réforme monastique carolingienne lui confère une place privilégiée sur la scène politique.
Placé sous la protection royale, il est aussi soutenu par un groupe de la haute aristocratie, cerné grâce à une enquête prosopographique. Ce réseau de relations comme l'évolution de la politique territoriale de Charles le Chauve ont en partie déterminé l'itinéraire des moines et l'expansion du domaine monastique. Leur installation définitive à Tournus s'accompagne d'une réorganisation de l'ensemble de leur patrimoine.
Il devient alors possible de s'interroger sur l'existence d'un réseau monastique précoce dont la structure reste ensuite liée aux particularismes de cette histoire mouvementée.
Les trois derniers siècles du Moyen Âge voient le déploiement, au sein du duché de Bretagne, de multiples « gens de savoir ». Personnages ayant bénéficié d'un enseignement supérieur approfondi ou d'une formation sur le terrain, ils déploient leurs compétences dans divers services et domaines : l'Église, l'État ducal, l'administration judiciaire, le notariat, le professorat ou le monde médical, avec possibilité de cumul. Le présent ouvrage en est l'analyse, réalisée à partir d'un corpus de données prosopographiques constitué de 5 599 individus (Bretons ou étrangers venus en Bretagne), mis au jour grâce aux sources publiées, mais surtout au dépouillement de 5 238 cartons et registres d'archives. Les parcours universitaires et professionnels, les stratégies, les réussites et les échecs, les réseaux, les biens des gens de savoir ont ainsi été mis en exergue.
Majoritairement étudiants à Paris, à Angers et juristes de formation, ils reviennent de plus en plus dans le duché afin d'y faire carrière, en particulier avec le développement de l'État et des administrations ducale et judiciaire, au cours du XVe siècle. Très polyvalents, il est fréquent qu'ils exercent, successivement ou en parallèle, deux ou trois fonctions différentes (évêque et chancelier, secrétaire et sénéchal, chanoine et médecin), auxquelles ils accèdent par toutes les techniques imaginables : travail, soutien familial, protection de puissants, arrangements entre confrères et amis, luttes d'influences. Hommes de savoir, hommes de pouvoir, ils veillent aussi à se garantir des revenus et un patrimoine mobilier et immobilier parfois très importants, pour les plus efficaces d'entre eux.
À la différence des comptabilités contemporaines, quelles qu'elles soient, ses alignements de chiffres que l'on a pu aisément informatiser, les documents comptables de la fin du Moyen Âge se limitent rarement à de simples « écritures » d'opérations mathématiques : si celles-ci sont bien présentes, elles se trouvent en fait insérées dans un cadre narratif aux vastes implications techniques, juridiques et politiques. L'objet de ce livre est d'analyser ce discours en posant les premiers jalons d'une typologie des formes comptables sur la longue durée.
De nombreuses études de cas sont ici présentées, entre péninsules Ibérique et Italienne, Flandres, Royaume de France, Provence, Dauphiné et terres germaniques, qui mettent à l'épreuve le postulat énoncé en introduction par lequel on propose de considérer les profonds bouleversements de la pratique comptable observables au tournant du XIIIe et du XIVe siècle comme l'une des premières manifestations de la « rupture de l'épistémè occidentale » chère à Michel Foucault.