Dans Aristote au Mont-Saint-Michel, Sylvain Gouguenheim prétend réfuter ce qu'il nomme une vulgate : le rôle des Arabes dans la formation de l'Europe latine. Celle-ci aurait reçu la pensée grecque de chrétiens orientaux puis des traducteurs gréco-latins.
Ce livre amène les médiévistes à s'interroger sur la méthode historique et la déontologie des historiens, en adoptant différents points de vue : histoire de la philosophie et des sciences, histoire sociale, codicologie (Jacques de Venise)... Al-Kindi et al-Fârâbi sont de remarquables connaisseurs d'Aristote; Avicenne a accompli une percée décisive en métaphysique par la distinction de l'essence et de l'existence ; en mathématiques et sciences physiques, la créativité des auteurs arabophones est, pour les spécialistes, incontestable. Quant au rôle d'intermédiaire attribué au Mont-Saint-Michel, il relève de la fable : Gouguenheim ignore tout de la production et de la circulation des manuscrits. Qu'un éditeur prestigieux ait fait paraître un pareil livre conduit les médiévistes à s'interroger sur la formation et la diffusion de leur savoir : eux dont les recherches sont financées par des fonds publics, doivent se faire entendre dès qu'un des leurdivague. Le présent ouvrage introduit de la rationalité et de la sérénité dans les débats interculturels. II s'adresse à ceux qu'intéressent le dialogue des cultures, aux professeurs du secondaire qui, chargés d'un enseignement sur ce thème, ont été déconcertés. L'Arithmétique classique existe depuis l'Antiquité. Elle s'est développée au long des siècles. Pierre de Fermat l'a marquée de son empreinte.
Le 10 mars 1661, le roi Louis XIV s'érige en monarque absolu, après avoir aboli le poste de principal ministre. L'onde de choc provoquée par cet événement sans précédent se propage jusqu'en Nouvelle-France. Le Canada saisit alors sa chance en attirant les regards de la Cour sur ce pays perdu.
Si le parti des jésuites entend en profiter pour mousser les missions évangéliques auprès des Sauvages, le camp du gouverneur s'empresse de déléguer Pierre Boucher auprès du jeune souverain afin de promouvoir les intérêts temporels de la colonie. Les ambitions convergentes des deux partis portent le roi à envoyer des troupes pour mater les Iroquois encore récalcitrants. Mais, pour Louis XIV, le véritable enjeu est moins la pacification du pays que le statut à lui accorder. Le verdict tombe, sans appel, en 1666: le roi écarte le projet d'un vaste royaume en Amérique sous prétexte que sa création compromettrait son prestige et la sécurité de ses sujets d'outre-mer.
La France du XVIIe siècle révèle une toile de relations serrées liant le monarque et ses sujets. Le bon plaisir du roi et l'aide calculée de Colbert se retracent dans ce réseau d'influence, contrastant avec le génie visionnaire de Boucher et de l'intendant Talon dont le dessein ne manque pourtant pas d'appuis: celui du gouverneur Frontenac et, non le moindre, celui du «citoyen» Vauban.
Au bout du compte, leurs écrits évoquent le rêve canadien d'un État grandiose et viable, comme ils témoignent de la désaffection du roi pour une certaine idée du Canada.
Louis Gagnon est né à Sherbrooke. Il a obtenu une licence en pédagogie à l'Université de Montréal. Après avoir exercé sa profession dans des institutions privées et publiques du Québec, il s'est intéressé plus particulièrement à la didactique de l'histoire.
A l'aune de l'histoire des sciences, le statut de la philosophie naturelle du moyen âge ne laisse pas de dérouter.
Entre les sciences gréco-arabes et la révolution scientifique de l'âge moderne, l'impression d'une période stérile qui, engoncée dans des certitudes dogmatiques d'un autre âge, ne pouvait qu'échouer à produire un résultat scientifique, prédomine. Afin de contrebalancer ce portrait et, dans la lignée de travaux récents, ce collectif cherche, en examinant quelques travaux philosophiques et scientifiques de la fin du moyen âge, à mettre en évidence comment le contexte institutionnel et social du bas-moyen âge a permis que se mettent en place certaines des conditions d'émergence de la révolution scientifique du XVIIe siècle.
L'idée principale était que les réflexions méthodologiques jouent un rôle fondamental dans l'évolution des différentes conceptions du statut des sciences au point que l'évolution des pratiques scientifiques semblent tributaires, dans une large mesure, de ces changements théoriques. Trois lignes principales de recherche apparaissent à travers ces études. La première concerne le gain d'autonomie progressif de chaque science particulière qui constitue peu à peu son propre champ d'enquête de façon autonome, tant au niveau des outils qu'au niveau des méthodes.
La deuxième tient précisément à l'évolution, voire à la réforme, des outils de connaissance. Liée à l'autonomie des sciences, et à une forme de laïcisation du savoir, apparaît le besoin de chercher des outils méthodologiques qui soient conceptuellement neutres. Enfin, dans cette perspective, une place particulière a été faite au statut des mathématiques, à la fois comme science autonome, et comme outils pour la philosophie naturelle.
Ce sont ces différentes lignes d'enquête qu'ont exemplifiées les études, réunies ici, en s'appuyant sur des analyses de cas précis.
Malgré une prospérité remarquable au Moyen Age, Douai conserve peu de vestiges architecturaux de cette période, en dehors du beffroi et de quelques portions des fortifications, et il ne subsiste rien des constructions privées.
Le dynamisme et la précocité de la recherche archéologique à Douai ont permis, à l'occasion de quelques chantiers menés en centre ville, de reconnaître l'emplacement de certaines d'entre elles mais surtout de révéler l'existence de vastes caves encore conservées dans les sous-sols de la ville. La nécessité d'un recensement global s'est donc imposée, étendu à l'ensemble de la paroisse Saint-Pierre qui reprend le noyau médiéval de la ville.
Ce sont près de 50 caves anciennes maçonnées en grès d'extraction locale, très souvent extrêmement bien conservées et parfois sur deux niveaux qui ont été recensées au cours de cette étude.Leur analyse détaillée permet non seulement de mieux connaître les techniques de construction en milieu urbain au Moyen Age, mais offre aussi un catalogue typologique de premier ordre par la variété, l'élégance et la longévité des architectures mises en oeuvre et des supports pour les plus vastes d'entre elles.
Locaux de commerce, spécifiquement tournés vers le stockage et la conservation du vin, leur position dans le parcellaire autorise la reconstitution de grands domaines médiévaux, de certaines portions de la voirie, et permet d'échafauder des hypothèses intéressantes sur l'existence de bâtiments civils aujourd'hui disparus. C'est donc un patrimoine de premier ordre, le plus ancien de la ville, qui est conservé sous nos pieds, livre ouvert sur le Moyen Age urbain qui ne demande qu'à être feuilleté.
À l´époque de la Nouvelle-France, les de Lanaudière, seigneurs et militaires, ont fait fortune. La Conquête britannique de 1760 force l´élite de la colonie à faire un choix : rentrer en France ou s´adapter. Les Tarieu de Lanaudière choisissent de rester. Favorisés par le gouverneur Carleton, ils récolteront privilèges et honneur, multiplieront et cumuleront les postes.Pourtant, n´avaient-ils pas perdus le patronage du roi de France ? N´étaient-ils pas privés de leurs émoluments d´officiers et des revenus tirés du commerce des fourrures ? De plus, une nouvelle élite se mettait en place. La noblesse canadienne a-t-elle accepté de s´allier à l´élite anglaise ?La société canadienne de 1760 était une société normale composée de gens dotés de l´instinct de survie et de capacités d´adaptation dont les Tarieu de Lanaudière sont un bel exemple.
Comment les grandes unités territoriales se sont-elles consolidées au cours du Moyen Âge? La définition des frontières fut-elle du seul ressort du pouvoir? Les études de cas analysent des entités représentatives supra-locales depuis la péninsule ibérique jusqu'à Byzance, en passant par le nord de l'Europe et la Méditerranée italienne. Les diocèses et principautés apparaissent ici non comme de simples limites, mais aussi comme des confins socio-culturels, interrogeant identités et altérités sur un territoire donné.
Fêtes de précepte, fêtes civiques, jours fériés, autant de réalités qui, dès le Moyen Âge, à l'époque moderne et jusqu'à nos jours, rythmèrent le temps des sociétés occidentales. Ces fêtes sous-tendent une adhésion à des valeurs - qu'elles relèvent du temps sacré ou du temps profane -, mais aussi un rapport au travail - proscrit à ces occasions. Sont ainsi envisagés l'origine des fêtes chrétiennes, leur développement, les obligations liées et, en corollaire, les comportements qu'elles suscitent, qu'ils s'inscrivent ou non dans la norme. En lien intervient la question de l'attitude des autorités ecclésiastiques et civiles face à d'éventuelles déviances, en prenant en compte les ruptures confessionnelles (protestantisme), l'évolution des sociétés et les critiques formulées sur la base de motifs sociaux, économiques ou philosophiques. Le XIXe siècle marquera un tournant fondamental qui, tout en établissant de nouvelles fêtes, liées à la laïcisation en vigueur, conservera un statut privilégié à nombre de moments religieux.
Dès le Haut Moyen Âge, la cour de France observe une pratique qui frappe par son ampleur et sa persistance à travers les siècles : elle se déplace régulièrement d'une résidence à l'autre et traverse parfois le pays entier dans le cadre de grands voyages. Ce mode de vie a laissé des témoignages émerveillés des contemporains qui assistaient au passage d'un cortège dont la taille pouvait atteindre 14 000 personnes.
Peu étudiée, cette pratique du pouvoir est au coeur du présent ouvrage qui explore la mobilité royale sur le temps long et dans une perspective comparative. Il permet de mieux appréhender les effets de l'itinérance sur la vie politique et sociale ainsi que sur la cour royale qui en a été profondément marquée. L'histoire des déplacements est révisée grâce à une étude statistique inédite portant sur cinq siècles ; ses particularités émergent d'enquêtes dédiées à d'autres cours européennes et à la mobilité de grands courtisans.
En s'inscrivant dans la recherche sur les pratiques du pouvoir, les dix-huit études réunies dans cet ouvrage proposent un regard neuf sur une tradition indissociable de l'histoire politique française et européenne.
Contributeurs Alexandra Beauchamp ;
Boris Bove ;
Benoît Carré ;
Sylvain Destephen ;
Martin Gravel ;
Éric Hassler ;
Gergely Kiss ;
Élisabeth Lalou ;
Bénédicte Lecarpentier-Bertrand ;
Christophe Levantal ;
Xavier Mauduit ;
Pierre Monnet ;
Pascale Mormiche ;
Ludovic Nys ;
Stéphane Péquignot ;
Alain Salamagne ;
Jean-Baptiste Santamaria ;
Jean Sénié ;
Caroline zum Kolk ;
Qui les entrepreneurs du Moyen Âge étaient-ils et comment géraient-ils leurs affaires? Ce sont les questions qu'éclaire le livre de raison de Jean Teisseire: cette source inédite du XIVe siècle nous plonge dans la ville d'Avignon au temps des papes et offre une perspective nouvelle dans l'histoire de l'univers mental d'un chef de famille et d'entreprise. Ce document, complété de plusieurs centaines d'actes notariés conservés avec minutie par cet homme, nous entraîne dans la maisonnée et l'ouvroir d'un artisan. L'intimité du quotidien d'une boutique se donne à voir et nous permet de dévoiler ce que les sources médiévales n'offrent que rarement: un homme au travail, construisant son activité et sa fama par l'écrit. Mêlant anthropologie historique et histoire des techniques, cet ouvrage invite ainsi à suivre la carrière et la culture gestionnaire d'un entrepreneur, révélateur de réseaux professionnels et amicaux, à l'échelle d'un quartier, d'une ville, d'une région et même de l'Europe méditerranéenne.
Depuis vingt ans, la construction de politiques laïques de santé publique et la médicalisation de l'hôpital ont fait l'objet de travaux majeurs.
Grâce à des sources inédites et des méthodes novatrices, cette série de travaux sur la santé des populations civiles et militaires retrace les mutations des structures de soins traditionnelles et étudie le regard des populations sur les formes nouvelles d'assistance sanitaire. Dès la fin du XVIIe siècle, les populations militaires sont prises en charge par des institutions laïcisées et médicalisées -thérapeutiques ou thermales- qui serviront de modèle aux hôpitaux civils du XIXe siècle.
Dans le même temps est créé un corps de santé militaire qui veille en temps de paix à la santé des troupes, traite les blessures des combattants et soigne aussi bien militaires que civils dans les territoires soumis par la conquête coloniale. Au XVIIIe siècle, les populations urbaines connaissent des perspectives sanitaires nouvelles par la diffusion de médicaments prometteurs tels que le quinquina, grâce aussi aux transformations de l'hôpital civil.
Ce bouleversement des structures thérapeutiques s'accélère aux XIXe et XXe siècles dans le secteur public comme dans le secteur privé. Les patients recourent désormais en nombre croissant à l'hôpital; ils n'hésitent plus à se plaindre, exigeant le respect de la personne par l'institution médicale.
Le roman de Baudot de Juilly est original d'abord par sa date de publication. Publié pour la première fois en 1699, il appartient pleinement par les thèmes qu'il développe et par son style au 17ème siècle et rappelle les oeuvres de Mme de La Fayette ou des Scudéry. Utilisant les ressources narratives que lui offre le roman historique, cette Relation vise moins la vraisemblance que l'agrément et porte un message que les éditions suivantes tentent d'atténuer mais qu'elles n'effacent pas.
Le romancier en effet voit de manière tout à fait originale dans cette histoire de l'entrée des musulmans en Espagne le prétexte pour «mettre en roman» une tolérance idéalisée qui permet aux trois religions du Livre de vive en bonne intelligence, et, mieux encore, de former cette «race espagnole» dont il salue la supériorité. Le roman est publié de manière anonyme et cette protection permet sans doute à l'auteur d'insister sur la nécessaire tolérance et sur l'incompréhensible injustice dont ont été victimes les juifs et les musulmans d'Espagne.
La guerre, sujet central du roman, offre moins l'occasion aux soldats de se distinguer sur le plan militaire que de former des couples mixtes et de renforcer des amitiés entre chrétiens et musulmans, amitiés qui reposent sur le respect mutuel mais aussi sur une grande ressemblance.
Voici les principaux articles de recherche publiés par Stéphane Lebecq entre 1984 et 2010. Qu'ils s'intéressent aux rituels funéraires et au processus de christianisation des sociétés barbares, au paysage des contrées littorales ou au devenir des vielles cités, à l'émergence d'une nouvelle économie portuaire ou à la floraison monastique, aux communications terrestres ou aux mouvements de bateau, c'est toute l'histoire des mers du nord de l'Europe et de leurs régions riveraines qui est ici brassée, entre le déclin de l'Empire romain dont elles n'étaient qu'un horizon lointain et l'émergence de l'Occident médiéval dont elles sont devenues le centre. Dans le premier volume (« Peuples, cultures, territoires »), on trouvera les études relatives aux contacts ethniques et culturels entre les peuples barbares du Nord, en particulier à leur christianisation, et à l'histoire des paysages et des sociétés littorales ; et dans le second volume (« Centres, communications, échanges »), on trouvera les études relatives aux « places centrales » héritées des temps anciens (les cités) et aux nouveaux pôles de vie et d'activités humaines (les monastères, les emporia), à la logistique des communications maritimes, fluviales et terrestres, et à toutes les formes d'échanges (de l'échange primitif à l'échange commercial) qu'elles ont rendues possibles.
Voici les principaux articles de recherche publiés par Stéphane Lebecq entre 1984 et 2010. Qu'ils s'intéressent aux rituels funéraires et au processus de christianisation des sociétés barbares, au paysage des contrées littorales ou au devenir des vielles cités, à l'émergence d'une nouvelle économie portuaire ou à la floraison monastique, aux communications terrestres ou aux mouvements de bateau, c'est toute l'histoire des mers du nord de l'Europe et de leurs régions riveraines qui est ici brassée, entre le déclin de l'Empire romain dont elles n'étaient qu'un horizon lointain et l'émergence de l'Occident médiéval dont elles sont devenues le centre. Dans le premier volume (« Peuples, cultures, territoires »), on trouvera les études relatives aux contacts ethniques et culturels entre les peuples barbares du Nord, en particulier à leur christianisation, et à l'histoire des paysages et des sociétés littorales ; et dans le second volume (« Centres, communications, échanges »), on trouvera les études relatives aux « places centrales » héritées des temps anciens (les cités) et aux nouveaux pôles de vie et d'activités humaines (les monastères, les emporia), à la logistique des communications maritimes, fluviales et terrestres, et à toutes les formes d'échanges (de l'échange primitif à l'échange commercial) qu'elles ont rendues possibles.
Si l'on sait que, de 1848 à 1851, la " journée insurrectionnelle" est autant valorisée que stigmatisée, les participants aux barricades parisiennes sont encore mal connus. L'approche socio-biographique éclaire ce que participer veut dire et représente aux yeux des protagonistes des journées révolutionnaires. La révolution de 1848 est un moment d'entrée en politique de milieux sociaux relégués jusque-là à la marge de l'espace public. La répression des journées de juin définit le processus inverse de leur sortie de la participation citoyenne. Aussi, cette étude souligne ce que fut l'apprentissage de l'illégitimité de la culture des armes du " citoyen-combattant ". Cette perte de légitimité, à l'origine de la condamnation de toute forme de lutte armée dans l'espace public républicain, s'inscrit dans un temps long du désarmement de la société civile en France. Elle en est une des étapes capitales. Ce livre apporte une nouvelle compréhension des " milieux populaires" des années charnières du XIXe siècle, à partir d'un vaste corpus de requêtes envoyées par la suite aux autorités. Il suggère une nouvelle voie pour l'étude des milieux sociaux peu habitués à écrire sur eux-mêmes.
Le 10 mai 1785, le Bon Papa, modeste trois-mâts de 280 tonneaux, hissait les voiles à Paimboeuf, près de Nantes, et mettait le cap plein ouest. À son bord se trouvaient trente-six familles que l'armateur du voilier s'était engagé à amener à bon port. Le vaisseau, arrivé à destination après quatre-vingts jours de traversée, le 29 juillet 1785, n'était que le premier de sept navires qui transportèrent, à la même époque, près de 1600 Acadiens dans le Mississippi. Cette émigration est considérée par la communauté cajun en Louisiane comme l'un de ses moments fondateurs. Elle reste en revanche largement méconnue du public canadien et européen.
Trente ans - presque jour pour jour - avant l'arrivé du Bon Papa à La Nouvelle-Orléans, sept ou huit fois plus d'Acadiens s'apprêtaient à embarquer dans des vaisseaux au départ de la Nouvelle-Écosse, à l'extrémité sud-est du Canada. Entre le 28 et le 31 juillet 1755, en effet, le gouverneur anglais de cette colonie, Charles Lawrence, en prélude à la guerre de Sept Ans, prenait la décision d'expulser tous les habitants d'origine française relevant de son territoire pour les disperser dans les Treize Colonies anglo-américaines. Joseph LeBlanc, alors âgé de vingt-cinq ans, originaire du bassin des Mines, fit partie de ceux qui furent transportés en Virginie, puis de cette colonie en Angleterre. Plusieurs autres proscrits de l'été 1755, ayant suivi des trajectoires parallèles à la sienne, se trouvaient à bord du même navire. Joseph LeBlanc et ses compagnons pensaient-ils aux circonstances de leur premier départ, trente ans auparavant, en s'éloignant des côtes bretonnes ? Pourquoi quittait-il la France ?
Jean-François Mouhot a étudié l'histoire aux Universités de Besançon (France) et de Birmingham (Grande-Bretagne), à l'Université du Québec à Montréal (UQAM) et à l'Institut Universitaire Européen (Florence, Italie), où il a obtenu son doctorat sur Les Réfugiés acadiens en France (1758-1785) en 2006. Il a enseigné aux universités de Galway (Irlande), Lille (France) et Birmingham, où il est chargé de recherche et où il enseigne l'histoire environnementale.
Basé sur l'ouvrage de Virginia Easley-DeMarce, ce livre identifie les soldats des troupes auxiliaires allemandes qui se sont établis au Canada et au Québec après la Guerre d'Indépendance américaine. L'auteur compile des données sur ces individus, leur famille ainsi que leur établissement. Ce livre sera utile tant aux nombreux descendants de ces soldats qu'aux chercheurs qui s'intéressent à cette époque de notre histoire.
Qu'y a-t-il de religieux dans les guerres de religion des XVIe-XVIIe siècles ? Guerres entre chrétiens et non croisades, guerres civiles dans lesquelles la frontière entre amis et ennemis ou entre soldats et simples sujets s'efface, conjonction dramatique d'émeutes urbaines, de révoltes paysannes, de soulèvements contre les nouvelles formes d'exercice du pouvoir et de massacres inouïs plus souvent qu'opérations militaires d'armées en bon ordre, elles brouillent les pistes, déjouent les interprétations trop simples, soulèvent d'innombrables questions. Pour en comprendre l'originalité profonde et le rôle décisif dans la naissance de l'Europe moderne, il faut donc croiser plusieurs analyses : une histoire comparée des guerres dans les différents territoires pour en saisir les spécificités nationales ou confessionnelles ; une étude des différents acteurs et des justifications qu'ils donnent à leur engagement dans la guerre ou dans la paix ; une description minutieuse, enfin, des formes particulières de la violence qui s'observe alors. C'est ce défi que ce livre entend relever en faisant le choix d'une perspective européenne et d'une documentation inédite, car au même titre que l'humanisme et la Renaissance, mais sur un tout autre registre, plus inquiétant, les affrontements religieux des XVIe-XVIIe siècles constituent peut-être le creuset dont est sortie l'Europe moderne.
En général l'agriculture stagna dans la médiocrité jusque vers 1850. Dans le Nord au contraire le Moyen Âge vit naître l'agriculture flamande. Ce fut une polyculture aux assolements complexes faisant une place de plus en plus grande à l'avoine (dès l'an Mil), aux fourrages (vers 1150), et à des plantes jusque-là confinées dans les courtils, textiles, tinctoriales et oléagineuses (vers 1400). Ce fut aussi une agriculture intensive avec des chevaux de plus en plus puissants et bien harnachés, avec la suppression progressive des jachères, de nombreux labours, le bêchage parfois, beaucoup de fumiers et des rendements somptueux, tant à la surface qu'à la semence. Ce fut enfin une culture spéculative, ouverte sur le commerce, toujours à l'affût du progrès, dans un climat capitaliste et dans la plus totale liberté. Les initiateurs en furent les petits paysans, car l'agriculture flamande ne fut que l'extension aux pleins champs de la culture des courtils.
Cette contribution à l'étude de la mythologie nordique part des textes de l'Edda poétique et de l'Edda en prose de Snorri Sturluson.
Les récits mythologiques permettent de présenter et de situer chaque dieu avec ses attributs et ses fonctions, prenant en compte les acquis de la recherche contemporaine, en en mettant en lumière les incertitudes, mais aussi les données incontestables. Aussi ce petit livre se veut-il un précis de mythologie nordique, non un dictionnaire. On aboutit ainsi aux rites et à leur interprétation. L'ouvrage propose ensuite une réflexion quant aux diverses tentatives de classification des dieux nordiques et au type de société dont relève cette mythologie.