Les vikings fascinent et inspirent des images fortes et contradictoires: guerriers redoutables, navigateurs intrépides, commerçants en quête de richesses. Mais que sait-on réellement du mouvement viking?
Le temps des vikings ne fut pas seulement celui des invasions, mais aussi une période de circulations qui contribuèrent à façonner certaines régions à l'ouest et à l'est de l'Europe, jusqu'en Russie et au-delà, jusqu'aux mondes byzantin et islamique. Les objets, les idées, les influences artistiques et religieuses se répandent et s'adaptent. Les transferts culturels qu'ils ont entraînés forment le fil conducteur de ce livre.
La violence reste au coeur des représentations associées aux vikings, mais la confrontation laissait ouvertes les voies à des compromis politiques et culturels.
Un ouvrage qui aide à penser et comprendre l'histoire des vikings, à travers leur unité et leur diversité.
Ecrit en marge des ouvrages qu'il a publiés au cours de la période 1980-2004, les textes initialement parus dans L'Histoire, et qui sont à l'origine de cet ouvrage, révèlent les différentes étapes du cheminement de la réflexion de Jacques Le Goff. Ils en sont le prolongement, les éclairent, en expliquent la genèse. Ils expriment les résultats des principales recherches et réflexions menées par l'historien qui a renouvelé notre regard sur la vie des hommes de ce long Moyen Âge, sur leurs croyances, leurs habitudes, leurs représentations de l'Au-delà, et même leurs rêves... À la lumière de ce document exceptionnel, l'histoire se révèle une discipline en devenir où l'historien doit sans cesse remonter à ses sources et toujours confronter l'éclairage du passé aux ombres mouvantes du présent.
Qu'est-ce que la féodalité ? est l'oeuvre maîtresse de François L.Ganshof. Traduite dans le monde entier, elle est devenue le classique de l'histoire médiévale. La féodalité repose sur le développement poussé des liens de dépendance d'homme à homme dans une société dominée par une classe de guerriers spécialisés ; un morcellement extrême du droit de propriété ; une hiérarchie des droits sur la terre nés de ce morcellement ; un pouvoir public lui-même fragmenté, créant dans chaque pays une hiérarchie d'instances autonomes. C'est ce type de régime que l'auteur s'attache à décrire dans cet ouvrage fondateur. À l'appui de textes commentés et d'exemples vivants, il donne les clés pour comprendre le fonctionnement des sociétés européennes occidentales du Xe au XIIe siècle.
Des grandes invasions à la guerre de Cent Ans, le Moyen Âge est le théâtre d'une intense guerre secrète où toutes les techniques de l'espionnage moderne sont pratiquées : éclairage, écoute des conversations, interception de courriers... Les Vikings sont les premiers à recourir à la reconnaissance et au renseignement pour obtenir l'effet de surprise maximum au cours de leurs raids. Les Normands ne cessent d'avoir recours à l'espionnage pour la sécurité de leur duché ou pour la conquête de l'Angleterre et de la Sicile. En Méditerranée, Byzance dispose d'une solide tradition de l'action clandestine, mise en lumière par les Croisades, grâce à laquelle il parvient à déjouer les complots qui menacent l'empire.
Entre le Xe et le XIVe siècle, une mystérieuse « hérésie » fait son apparition dans le Midi de la France.
Bientôt, son expansion et sa menace sont telles que l'Église catholique est contrainte de mener une guerre afin d'éradiquer cette religion. Deux croisades sont menées par le royaume de France. Ce n'est pas, comme on le croit souvent, à Montségur, en 1244, qu'a été écrasée l'hérésie cathare, mais dans la région de Pamiers et au début du XIVe siècle. En dépit de la sauvagerie de la répression, l'Inquisition a en effet continué sa besogne pour traquer les derniers croyants. L'historien britannique René Weis a été fasciné par le texte des interrogatoires subis par les habitants d'un village de l'Ariège, Montaillou. Il a mené son enquête aussi bien dans les archives, traquant dans les dépositions la moindre contradiction, allusion, la moindre confidence, que sur les sites mêmes. Ses recherches sur le terrain lui ont ainsi permis d'établir des cartes novatrices et son récit évoque chaque lieu indiqué, ou tenu secret, par les acteurs du drame. Ce véritable « retour à Montaillou » nous plonge dans un monde tout à la fois lointain, exotique et proche, où l'hérésie et le drame côtoient la vie familiale, amoureuse, quotidienne.
La chute des Templiers et la mort du Grand Maître de l'ordre, Jacques de Molay, furent aussi brutales que stupéfiantes.
Puissance financière internationale sous la seule autorité du pape, cet ordre militaire prestigieux fut le gardien du royaume de Jérusalem pendant près de deux siècles. Son influence et son pouvoir étaient tels que le roi de France n'eut de cesse d'abattre l'organisation. Le procès orchestré par Philippe le Bel révéla autant de lâchetés que d'actes d'héroïsme.
L'enquête et l'analyse de Georges Bordonove démontent ces mécanismes diaboliques - documents falsifiés, tortures morales et physiques -, et laisse la vérité s'affirmer d'elle-même.
L'histoire des Templiers est pleine de mystères : une opération de police dans l'ensemble du royaume de France en 1307, un bûcher à Paris un soir de mars 1314, une malédiction contre un pape veule, Clément V, et un roi arrogant, Philippe le Bel. Et, surtout, un fabuleux trésor jamais retrouvé. Loin des élucubrations habituelles et en véritable historien, John Charpentier raconte le destin de la Milice des pauvres chevaliers du Christ, de sa création à Jérusalem en 1119 à sa dissolution en 1312. Il fait revivre le quotidien de ces soldats de Dieu, engagés dans la guerre sainte, des sables de l'Orient aux marches ibériques. Il suit le procès des moines soldats, concluant, au terme d'un examen des textes, en faveur des accusés. Hérésie ? Aucune trace.
Débauche ? Calomnie. Alors apparaît la vérité : l'ambition d'un roi voulant asseoir son autorité et humilier la papauté. Quant au trésor du Temple...
De leur naissance en Terre sainte au XIIe siècle jusqu'à nos jours, Sylvain Gouguenheim retrace l'épopée des chevaliers teutoniques, ces « moines-soldats », conquérants et bâtisseurs, devenus des princes temporels dans leur état de Prusse.
Si les Templiers sont connus de tous, au prix parfois de légendes tenaces, la « maison de l'hôpital des Allemands de Sainte-Marie de Jérusalem », l'ordre que l'on appelle plus couramment « teutonique », est peu évoqué en France et fait l'objet de clichés injustifiés. On voit surtout dans les Teutoniques de farouches, voire cruels, combattants et l'on ignore tout de leurs réalisations politiques et économiques.
S'appuyant sur des sources peu connues et des documents inédits, ce livre rétablit la vérité et décrit l'épopée de cet ordre mythique.
À la différence de son encombrante rivale, Agnès Sorel, l'épouse de Charles VII, Marie d'Anjou reste dans l'ombre de l'Histoire. Elle n'est pas la seule. La plupart des souveraines des XIVe et XVe siècles sont tombées dans l'oubli, à l'exception d'Isabeau de Bavière et d'Anne de Bretagne, ancrées dans la mémoire de la « nation France », l'une par le rôle politique qu'elle joua, l'autre par son statut mythifié de dernière duchesse de Bretagne. Or, bien avant Catherine ou Marie de Médicis, ces femmes ont joué un rôle essentiel pour la Couronne, non seulement parce qu'elles portaient les destinées de la dynastie, mais encore parce qu'elles incarnaient la majesté royale. Murielle Gaude-Ferragu redonne ici une mémoire à ces reines oubliées et s'interroge sur la véritable nature de leur pouvoir au sein de la cour et du royaume de France.
Cette étude de référence décrit la manière de vivre, la vision du monde, l'organisation matérielle des protagonistes des Croisades, épisode majeur du Moyen Âge. Du marchand au roi en passant par le clerc ou le baron, Régine Pernoud évoque leurs motivations - foi, esprit de conquête ou appât du gain -, leur étonnement devant les pays découverts et les relations entre civilisations. Ce véritable tableau vivant restitue les mille épreuves qu'ils durent subir en traversant des pays inconnus, la façon remarquable dont ils surent s'adapter, bâtir églises et forteresses et « tenir » pendant deux siècles face à un adversaire supérieur en nombre.
Lancée en 1208 par le pape Innocent III, la croisade contre l'hérésie cathare fut la première guerre « sainte » prêchée par l'Église de Rome à l'encontre d'un peuple chrétien.
Massacre de Bézier, siège de Carcassonne, autodafé de Montségur : la croisade dégénéra vite en une sanglante guerre de conquête qui embrasa l'actuel Languedoc et les régions voisines. Pendant un demi-siècle s'affrontèrent les défenseurs de la civilisation occitane et les assaillants venus du Nord, c'est-à-dire les « Français », qui cherchèrent à déposséder Raymond de Toulouse de son comté. Lorsque les derniers cathares, capturés un à un, périrent sur le bûcher, un nouvel ordre s'est installé, celui des rois de France.
Figure satanique, Gilles de Montmorency-Laval, seigneur de Rais (1405-1440) a fasciné de nombreux conteurs et biographes. Un personnage à la mesure de cette époque violente et chaotique où l'angélisme côtoie la barbarie. Compagnon d'armes de Jeanne d'Arc, il mena une brillante carrière militaire. Mais, ruiné par ses dépenses somptuaires, le grand seigneur se fit ogre. Il enleva, assassina des enfants, et s'adonna aux sacrifices humains. Arrêté et jugé par l'Église lors d'un retentissant procès, Gilles de Rais est exécuté. Il entre dans la légende. Une légende tronquée puisqu'on l'identifie alors à Barbe- Bleue, tueur de femmes et non d'enfants, mythe qui sera bientôt immortalisé par Charles Perrault. À partir de sources et documents inédits, Matei Cazacu mène l'enquête sur le premier tueur en série de l'histoire de France.
Moyen âge et érotisme : les deux termes paraissent contradictoires. Ils ne le sont pas. La civilisation médiévale, taxée à tort d'obscurantisme, fut extrêmement inventive dans les domaines du désir et de la sexualité. À la fin du XIe siècle, les premiers troubadours chantent la sensualité, la femme, l'adultère, et influencent progressivement les comportements amoureux en Occident, en rupture avec l'héritage antique. Au XIIIe siècle, le Roman de la Rose signe avec éclat la fin du grand rêve courtois et, dans les fabliaux, le sexe s'affiche crûment. Nombre de sculptures figurent l'obscénité, tandis que les rites carnavalesques évoquent une sexualité pulsionnelle, liée à des traditions populaires très peu chrétiennes. En définitive, l'érotisme médiéval, riche et contrasté, ne cesse de nous surprendre et de nous interroger. C'est un grand et beau sujet dont l'histoire n'avait jamais été écrite.
Rollon appartient autant à la légende qu'à l'histoire. Après avoir lancé de nombreux raids meurtriers sur l'Europe occidentale, ce chef viking conclut, en 911, un traité de paix avec le roi de France : Rollon cesse ses incursions en échange d'un territoire qui deviendra la Normandie.
À partir des années 870, il participe à la plupart des expéditions de pillage dans la vallée de la Seine et dans le centre du royaume de France. Déterminé à arrêter ces attaques incessantes, le roi Charles le Simple négocie avec Rollon : le traité de Saint-Clair-sur-Epte, entre les Vikings et les Francs, met fi n à plusieurs décennies de violence et constitue l'acte fondateur du futur duché de Normandie. Pierre Bouet nous conte l'étonnante histoire de ce chef de pirates qui a acquis un pouvoir officiel et une autorité sur tous les Vikings présents sur la terre qui lui a été concédée.
Dans ce livre magistral, Arthur Koestler s'interroge sur la double origine du peuple juif et s'attaque à l'histoire extraordinaire du peuple khazar.
En historien novateur, Arthur Koestler retrace l'épopée des Khazars, de leurs origines à leur déclin. S'attardant sur la composition de la mosaïque ethnique de ce peuple guerrier et sur ses mythes, l'auteur dépeint un monde méconnu qui contribua à façonner la destinée de l'Europe médiévale. Aux confins des mondes occidentaux et orientaux, l'autorité khazare est le seul exemple concret d'un État juif avant la fondation de l'Israël contemporain.
Le baptême de Clovis est-il celui de la France ? Les serfs sont-ils des esclaves ? Jeanne d'Arc a-t-elle fait sacrer Charles VII ? Et, finalement, à quelle réalité l'expression Moyen Âge renvoie-t-elle ?
À travers quarante thèmes, Sylvain Gouguenheim nous invite à plonger dans dix siècles d'histoire de l'Occident. Il nous entraîne alors sur les chemins des défricheurs de Brocéliande, dans les pas des pèlerins en route vers Jérusalem ; il nous emporte dans le tourbillon des foires de Champagne et dans le tumulte des cavalcades des chevaliers... Répondre à ces questions, c'est redécouvrir une société qui a suscité trop d'images, de préjugés, d'opinions variées et contradictoires.
C'est un étrange ensemble que cet « empire » constitué en quelques années par Geoffroy Plantagenêt, comte d'Anjou, et son fils Henri II. Il est le fruit de conquêtes, mais aussi d'une habile diplomatie, de mariages avantageux et d'une bonne part de chance. Trois siècles durant, la dynastie des Plantagenêts (XIe-XIVe siècle) est parvenue à constituer un véritable empire, réunissant sous son giron l'Angleterre, l'Irlande, l'Aquitaine, la Normandie, et un temps l'écosse. De hautes figures traversent cette histoire : Aliénor d'Aquitaine, Richard Coeur de Lion, le Prince Noir, Thomas Becket ou Simon de Montfort. Si cet ensemble prospère n'a de cesse de se consolider, il conserve certaines faiblesses : la diversité des hommes, des territoires et des cultures condamne l'unité du gouvernement. Un paradoxe, enfin, le menace : la dynastie, souveraine en Angleterre, demeure la vassale des rois de France. De cette situation politique résultent plusieurs siècles de discorde entre les Plantagenêts et les Capétiens : la guerre de Cent Ans en sera le plus violent aboutissement.
Sans Mahomet, Charlemagne n'aurait jamais été empereur. De quand date vraiment la chute de Rome ? Pourquoi passe-t-on de l'Antiquité au Moyen Âge ? À ce vieux débat, Henri Pirenne apporte une réponse révolutionnaire.
Au VIIe siècle, la disparition du monde romain n'est pas le fait des invasions germaniques, mais de l'incursion de l'islam en Méditerranée, un nouveau pouvoir qui interrompt les échanges pluriséculaires entre Orient et Occident. Isolés, la papauté et le monde franc ont été contraints de se recomposer en chrétienté autonome.
Adulée ou contestée, cette étude fondatrice, devenue un classique, alimente aujourd'hui plus que jamais le débat.
Cette seule journée du samedi 14 octobre 1066, les armes décidèrent du destin d'un royaume et de plusieurs milliers d'hommes. Si les conséquences de la bataille d'Hastings sont aujourd'hui bien connues, elle signe l'acte de naissance de l'Angleterre, le vécu des combattants est largement ignoré. Pierre Bouet nous entraîne au coeur de la mêlée aux côtés des housecarls du roi saxon Harold ou des chevaliers de Guillaume le Conquérant. La sanglante réalité d'une bataille médiévale nous apparaît alors, avec ses actes de bravoure et de lâcheté, ses violences et ses souffrances.
C'est au Moyen Âge, particulièrement du XIIIe au XVe siècle, que Paris est devenue un géant démographique (1re ville d'Europe) et la tête pensante et dirigeante du royaume. Cette percée est due à une classe nouvelle, la bourgeoisie. Que celle-ci s'adonne à des activités économiques et marchandes (artisanat et commerce), financières (en lien avec la montée en puissance de la monarchie) ou politiques (les fameux légistes bâtissent plusieurs corpus de droit), sa richesse et son mode de vie lui confèrent à la fois la puissance et le prestige social.
De Saint Louis à Louis XI, le bourgeois de Paris est le véritable artisan du recul, considérable, de la féodalité. De la même façon, c'est lui qui supplante progressivement l'Église dans son rôle culturel : il s'empare d'une bonne partie de la création artistique en la portant et en la finançant. Fort d'une intime connaissance de son sujet et servi par une plume devenue légendaire, Jean Favier signe là l'un de ses livres majeurs sur une question jusque-là méconnue.
Une réussite exemplaire, un succès commercial assuré !
Aux alentours de l'an mil, les ducs de normandie ont fait figure de héros d'épopée, seuls maîtres de la terre et des hommes en des temps troublés oú l'ordre public semblait entré en un état irrémédiable de déliquescence.
Il appartint à l'un d'eux, guillaume le conquérant (1027-1087), d'entrer dans la légende. tout avait mal commencé, par la minorité d'un bâtard contesté, livré aux ambitions des grands. le chemin fut rude pour le jeune duc, confronté aux défis innombrables de vassaux rebelles et de voisins ambitieux. il lui fallut pour en venir à bout, se montrer tour à tour guerrier et diplomate, alterner la cruauté et la clémence, l'emportement et la réflexion.
Enfin, ses arrières assurées, ce fut la conquête de l'angleterre, en une victoire retentissante (hastings, 1066), suivie d'une difficile pacification. années sanglantes, certes, mais qui aboutirent à une synthèse originale l'ensemble anglo-normand, à la fois construction politique formidable et civilisation pérenne. guillaume a légué une oeuvre durable des deux côtés de la manche. son souci de l'efficacité administrative, de la dignité des ecclésiastiques et de la splendeur de leurs églises, en un mot de l'encadrement des hommes et des âmes le font apparaître comme l'un des grands souverains du moyen âge.
Alliant une science exceptionnelle de l'époque et un grand sens de l'humain, paul zumthor livre ici un des livres les plus féconds jamais écrits sur le xie siècle, portrait d'une ère troublée et foisonnante, d'un moment de recomposition et de création qui a marqué durablement la civilisation occidentale.
C'est un étrange ensemble que cet « empire » constitué en quelques années par Geoffroy Plantagenêt, comte d'Anjou, et son fils Henri II. Il est le fruit de conquêtes, mais aussi d'une habile diplomatie, de mariages avantageux et d'une bonne part de chance. Trois siècles durant, la dynastie des Plantagenêts (XIe-XIVe siècle) est parvenue à constituer un véritable empire, réunissant sous son giron l'Angleterre, l'Irlande, l'Aquitaine, la Normandie, et un temps l'Écosse. De hautes figures traversent cette histoire : Aliénor d'Aquitaine, Richard Cour de Lion, le Prince Noir, Thomas Becket ou Simon de Montfort. Si cet ensemble prospère n'a de cesse de se consolider, il conserve certaines faiblesses : la diversité des hommes, des territoires et des cultures condamne l'unité du gouvernement. Un paradoxe, enfin, le menace : la dynastie, souveraine en Angleterre, demeure la vassale des rois de France. De cette situation politique résultent plusieurs siècles de discorde entre les Plantagenêts et les Capétiens : la guerre de Cent Ans en sera le plus violent aboutissement.
Jean Favier (1932-2014) a été professeur à la Sorbonne, directeur général des Archives de France, président de la Bibliothèque nationale de France et membre de l'Institut. Il a publié plus d'une vingtaine de livres à succès sur le Moyen Âge. Citons Louis XI («?Texto?», 2012), Charlemagne («?Texto?», 2013) et enfin Le Bourgeois de Paris au Moyen Âge («?Texto?», 2015).
Les " hommes d'affaires " se distinguent de la masse des hommes qui font des affaires en ce qu'ils ont toujours l'esprit tourné hors du marché local : par opposition aux artisans, ils sont des industriels préoccupés du marché mondial des matières premières et des débouchés extérieurs ; par opposition aux boutiquiers, ils sont les grands commerçants importateurs et exportateurs ; par opposition aux prêteurs sur gages, ils sont les banquiers. Au Moyen Age, les personnages de ce type ont été nombreux et actifs notamment en Italie. Les Croisades leur offrent une occasion exceptionnelle de développer leur activité dans un monde en pleine mutation ; ils se multiplient et occupent, dès le XIIe siècle, une place importante dans la civilisation occidentale. Les hommes d'affaires italiens, au cours du millénaire qui s'écoule entre la fin de l'Empire romain d'Occident et l'ouverture de l'océan Atlantique au grand commerce avec la découverte de l'Amérique, ont dominé la vie des échanges : ils ont conservé et développé les techniques commerciales et bancaires de l'antiquité hellénistique ; ils ont élaboré, peu à peu, à partir d'elles, celles du commerce de l'assurance, de l'information et de la banque modernes ; ils ont développé l'industrie. Et, ce faisant, par l'évolution même de leur mentalité et de leur structure intellectuelle, ils ont été le principal facteur de la transformation de la civilisation, de la culture et de l'éthique que nous appelons la Renaissance. Enfin, ils ont ainsi été à l'origine de la constitution de la bourgeoisie, de la civilisation urbaine et de la culture laïque en Occident.