Le « je préférerais pas » de Bartleby n'est-il pas en train de se généraliser dans notre société ? Depuis une quarantaine d'années, les parents sont délégitimés pour mettre une limite à la toute-puissance infantile. Cela entraîne de nombreuses difficultés individuelles et collectives sur lesquelles Jean-Pierre Lebrun nous alerte et ouvre des voies à de nouvelles perspectives.
Jean-Pierre Lebrun lance une alerte : il existe un lien étroit entre la construction psychique individuelle et la dimension sociétale aujourd'hui largement tributaire de l'idéologie néolibérale. Il montre à quel point notre société en mutation n'a pas pris la mesure de la nécessité de mettre fin au fantasme de toute-puissance de l'enfant pour produire des citoyens responsables et non pas uniquement des consommateurs avides, pris toujours davantage dans des addictions. Le vivre ensemble dans nos démocraties s'en trouve ainsi mis en grande difficulté. Les impasses actuelles de la vie collective sont interrogées et illustrées par cette légitimité donnée à l'enfant comme à l'adulte d'énoncer, à l'instar du Bartleby de Melville, un « Je préfèrerais ne pas » par lequel celui qui l'énonce peut se soustraire à toute contrainte ou obligation, sans même avoir à la contester.
Examinant les origines de l'idéologie américaine au fond de son berceau natif - l'Angleterre victorienne -, l'auteur combine les ressources de l'histoire politique, de l'analyse textuelle, de la psychologie sociale et de la psychanalyse, pour une réévaluation critique rigoureuse des usages contemporains de la notion de « totalitarisme ». En combinant propagande politique, publicité commerciale, psychologie des foules et technologies de l'influence, les États-Unis ont fabriqué un nouveau totalitarisme euphorisant et « consensuel » dont l'effort permanent consiste à occulter sa propre violence sous le vêtement de la « liberté ».
Patrick Tort montre comment les États-Unis ont construit leur puissance sur l'intégration des composantes de l'Angleterre victorienne (le « darwinisme social », l'individualisme libéral, l'impérialisme et ses justifications raciales et l'eugénisme auto-protecteur des dominants) au sein desquelles Hitler, dès la rédaction de Mein Kampf, put largement effectuer ses choix. À travers la planification eugéniste, son arsenal médico-législatif (Laughlin) et ses croisades racistes, antisémites et conspirationnistes (Ford), l'Amérique blanche a fourni à Hitler les pièces détachées de sa doctrine pour un montage « externalisé » dont les élaborations concrètes apparaîtront dès son accession au pouvoir. Ce passage à l'acte, rendu possible dans une Allemagne unifiée par la « mise au pas » des Länder, fut encouragé et salué par les voix les plus puissantes de l'eugénisme américain, reconnaissant volontiers sur un mode sincèrement admiratif que, dans cette réalisation, l'élève germanique avait dépassé le maître anglo-saxon, handicapé à cet égard par la disparité juridico-législative des États et le perpétuel souci de la constitutionnalité.
Pourquoi avons-nous autant besoin d'histoires ? Malgré le côté « commercial » de certaines oeuvres à succès, les adolescent·e·s les investissent de façon personnelle (et collective) et en font le support d'une initiation qui les aide à entrer dans la vie. Les récits de fiction sont pour eux des points de repère cruciaux. Harry Potter (toujours aussi populaire), Naruto, One Piece... dessinent les contours d'une culture adolescente dont ils constituent les nouveaux mythes.
Loin de ne faire que consommer, les jeunes se réapproprient, réinventent, échangent, écrivent, mais surtout vivent, à travers les fictions, une expérience en première personne. Les « fanfictions », récits écrits ou filmés par des fans pour prolonger leur expérience de spectateur-lecteur, en témoignent !
« Tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort » est la devise qu'illustrent les combats, la souffrance des héros ou anti-héros, la violence omniprésente ; une violence cependant qui pourrait venir de l'intérieur...
Entre bien et mal, narcissisme et charisme, les personnages les plus « populaires » sont également les plus troubles. Aux limites de l'humain, les pouvoirs des héros sont sans doute un imaginaire nécessaire, nourricier, pour affronter les risques et « sauver sa peau ».
Le discours analytique peut éclairer nombre de discours féministes et, à l'inverse, bien qu'opposés dans leurs nécessités, ces derniers rendent fécondes certaines zones de la logique analytique. L'auteur soutient que la psychanalyse a en réserve, à son insu, une pensée encore à déchiffrer, dont la portée féministe est vaste.
Un débat n'a pas vraiment eu lieu entre les féminismes et les grandes étapes de la pensée du féminin en psychanalyse. Les oppositions formulées donnèrent souvent lieu à rupture, sans compromis, et elles furent, de ce fait, fondatrices de mouvements distincts sans possibilité de dialogue. Gisèle Chaboudez explique ce hiatus par les logiques contradictoires dont l'un et l'autre relèvent :
- l'une pense dans les termes que sa pratique exige, selon un « pas tout » laissant ouvertes la singularité, l'altérité, la pluralité des sens, la discontinuité d'un hors discours ;
- l'autre se resserre progressivement autour d'un « tout », de l'Un et du toutes, d'un pourtout que l'efficacité politique semble appeler.
L'auteur en déchiffre quelques éléments et quelques concepts en termes de logique. Elle montre que le discours analytique peut éclairer nombre de discours féministes et, à l'inverse, bien qu'opposés dans leurs nécessités, ces derniers rendent fécondes certaines zones de la logique analytique. Elle soutient que la psychanalyse a en réserve, à son insu, une pensée encore à déchiffrer, dont la portée féministe est vaste.
Ce livre expose de manière simple et très illustrée le chemin par lequel le bébé passe pour arriver à la marche et tous les bienfaits qu'il peut en tirer. Cette nouvelle édition augmentée tient compte des très nombreux échanges que l'auteur a eus, depuis la première parution, avec les parents, les kinésithérapeutes, les personnels de la petite enfance et les médecins.
Kinésithérapeute expérimentée, l'auteur a observé et analysé avec précision les étapes qui mènent le bébé vers la marche. Par son côté pratique - des illustrations qui montrent le quotidien du bébé, un texte clair, mis en page de manière très simple et colorée - l'ouvrage a déjà séduit de nombreux parents et personnels de la petite enfance.
On y « voit » les mouvements du bébé, on comprend facilement le chemin naturel qui conduit le nourrisson de la position « couché sur le dos » à la marche autonome et tout le bénéfice qu'un bon développement moteur peut lui apporter. L'auteur propose des conseils pour la vie quotidienne, pour le choix du matériel et des objets à mettre à disposition, mais aussi des jeux moteurs simples, faciles à partager, afin de donner au tout-petit toutes les chances d'être à l'aise dans son corps avant de savoir marcher.
Stimulés ou pas, tous les bébés en bonne santé parviennent à marcher, sans que l'on ait besoin de leur apprendre. Toutefois, l'attitude des personnes qui les entourent peut favoriser ou freiner l'installation d'une bonne motricité.
Forte de son expérience de kinésithérapeute, l'auteur répond aux nombreuses questions que se posent les parents et les professionnels de la petite enfance : le passage par le quatre pattes est-il important ? Faut-il aider le bébé à se mettre debout ou à marcher ? Doit-on s'inquiéter d'un petit retard d'installation de la marche ? Comment faire face à un bébé en difficulté ?
Les nombreux dessins et photos rendent l'ouvrage dynamique, vivant et pédagogique : au service de tous les enfants, qu'ils soient en bonne santé ou qu'ils présentent une pathologie, il a pour objectif d'inciter l'entourage familial et professionnel à mieux observer les tout-petits, à s'émerveiller devant leurs exploits moteurs et mais aussi à agir au bon moment en cas d'inquiétude.
Une visite guidée, avec gaîté, du pays des livres et des lectures partagées avec les tout-petits pour découvrir ce qu'autrices et auteurs, illustratrices et illustrateurs, y ont semé et ce que nous, parents, professionnel·le·s de la petite enfance, de la culture, de l'éducation... y récoltons.
Les livres et les enfants d'abord ! Une boutade ? Non, une invitation. Mais un défi aussi, voire une provocation. Alors que la lecture a été déclarée grande cause nationale par le président Macron, la littérature au berceau se trouve convoquée pour que les plus jeunes deviennent demain de vrais lecteurs. Voilà donc un projet bien ambitieux ! Mais pour remettre la lecture au coeur de la vie des petites Français·e·s, encore faudrait-il clairement saisir ce que signifie lire avec un bébé, un tout-petit... Corps-à-corps, regards mutuels, attention soutenue, la voix du lecteur et le babil rassasié du tout-petit, celui qui n'a pas vécu les enchantements communs autour d'un album ne connaît pas ces petits bonheurs qui soutiennent notre quotidien de parents ou de professionnels ! Patrick Ben Soussan rappelle ce qui fait la richesse de cette rencontre, qui n'a aucun autre objectif (pédagogique, développemental, utilitaire) que de vivre ces moments d'intimité, de plaisir et de douceur partagés, avec l'aide de tous ces autres membres de l'humanité convoqués autour du livre. Il faut raconter des histoires aux enfants, lire avec eux des livres d'histoire, des albums. Pour faire du monde que nous avons habité, de celui qu'ils habiteront demain, une histoire racontable.
Laura Pigozzi montre comment l'échec de la famille est la racine d'une tragédie sociale plus vaste et férocement destructrice, comment la dépendance maternelle crée des adultes infantiles, de très mauvais citoyens voire d'authentiques dictateurs.
La pandémie a mis en exergue un nouveau genre de citoyenneté, jusque-là moins visible : le « citoyen-enfant », celui qui a peu de lien avec le collectif, aucun respect pour l'autre, ne connaît pas les règles de la négociation sinon la superbe disparité entre lui et les autres. Les parents ont renoncé au rôle de guide pour devenir des protecteurs inconditionnels de leurs enfants : c'est le plusmaternel qui suspend le moment de la responsabilité. Ainsi la famille, à l'origine de la civilisation, semble aujourd'hui ne plus assurer l'humanisation des enfants élevés en son sein. C'est une crise qui touche l'ensemble de la société car le social se construit déjà au sein de la famille. La génération qui a contesté élève des enfants et petits-enfants dociles, prêts à l'assujettissement. Que s'est-il passé ? Laura Pigozzi offre un plaidoyer pour l'avenir de nos enfants, pour que nous ne les angoissions pas avec nos propres peurs. Laissons-les partir hors de la sphère utérine. Car la subjectivité n'est pas qu'une affaire intime, elle ne peut exister qu'à travers le lien collectif : le reconnaître est déjà une révolution.
La pandémie du coronavirus doublée d'une épidémie informationnelle met les psychanalystes à l'épreuve, une épreuve de vérité de leur pratique et de leur rapport à ce qui se transmet de la psychanalyse.
Les psychanalystes ont eu à connaître les effets symptomatiques des discours politico-sanitaires de la période pandémique, tant au niveau individuel (symptômes psychosomatiques par exemple) que collectif (désagrégations sociales). Ils ont eu aussi l'occasion d'en subir eux-mêmes les effets dans les conditions de leur exercice et dans leur rapport au public, y compris celui des autres analystes. Cette épreuve de vérité a poussé Erik Porge à revisiter les fondements de l'acte analytique : l'importance de la psychanalyse en présence par rapport à la télé-analyse, le soin en psychanalyse et la guérison par surcroît, l'action du surmoi et l'incorporation du signifiant, les définitions structurales des symptômes dits psychosomatiques et l'opposition entre la perversion et la sublimation, la formation des analystes et la transmission de la psychanalyse...
Daniel Welzer-Lang, sociologue engagé, revisite 35 années de militantisme et de recherches sur le genre et les sexualités à travers son regard de « mec ». Critique acerbe de la domination masculine et de la virilité obligatoire homophobe, il plaide pour s'intéresser aussi aux hommes et au masculin, l'autre versant du genre si souvent oublié ou caricaturé.
Étudier les rapports hommes/femmes, comprendre les changements actuels, ceux favorables à l'égalité ou ceux montrant les « résistances masculines aux changements », passe par le fait d'étudier aussi les hommes et le masculin. Or, peu de travaux s'y sont attelés. Daniel Welzer-Lang le fait depuis plus de trente-cinq années en essayant d'en tirer des exemples pour un mieux vivre collectif et égalitaire. Parmi les thèmes abordés on trouve la contraception masculine, dont il a été un des expérimentateurs, et les hommes violents qui furent le sujet de sa thèse. Puis, partie prenante de la lutte contre le sida, il explore et décrit les backrooms gaies, les bisexualités, les lieux échangistes et libertins. Pour finir, il nous invite à réfléchir aux nouvelles hétérosexualités qui mettent en scène des personnes au genre fluide. Volontiers provocateur, il explique aussi ses déboires avec les féministes traditionnalistes.
À partir des conceptions freudienne et lacanienne de la réalité, Pierre Bruno considère ce qui peut apporter au sujet, dans une cure analytique conclue de façon satisfaisante, une réponse aux questions métaphysiques jusque-là réservées à la magie et aux religions.
La réalité est divisée chez Freud entre réalité matérielle et réalité psychique, et chez Lacan entre réalité et réel. Le réel, tout en restant inaccessible, commande les symptômes du sujet, à son insu. Quelles en sont les conséquences sur l'enjeu d'une cure ?
À partir de là, Pierre Bruno pose les contours de ce qui, dans une cure analytique conclue de façon satisfaisante, peut apporter au sujet une réponse aux questions existentielles, dont l'abord aura été auparavant réservé à la magie et aux religions. Il en vient ainsi à revisiter les moments qui conditionnent un tel parcours, démontage du fantasme d'une part, repositionnement du Nom-du-Père d'autre part.
La vérification de cette issue implique que l'analysé soit délesté du surmoi, qu'il ait déjoué les artefacts magiques et religieux, et qu'il se soit départi du « je n'en veux rien savoir » dont la science voudrait faire son credo. En effet, celui-ci n'a rien à voir avec le « je n'en veux rien savoir » qui se décline à la fin d'une analyse, et dans le dénouement du transfert, et dans le consentement à une division, non suturable, entre savoir et vérité.
La principale préoccupation de l'auteur est de faire partager au plus grand nombre sa conviction que le phénomène climatique responsable du réchauffement est irréversible. Il faut dès à présent se préparer à des conséquences qui remettront très vite en cause nos modes et nos lieux de vie.
Le réchauffement planétaire n'est pas seulement imputable à l'effet de serre mais aussi à l'irresponsabilité des décideurs et au déni de certains chefs d'État par inculture scientifique, méfiance paranoïaque ou intérêt politique. Ils sont à l'origine de l'irréversibilité du changement climatique en raison du temps perdu. Pour envisager les conséquences de ce phénomène et passer à l'action, il est urgent de décloisonner les savoirs - en y intégrant les sciences de l'homme : socio, psycho, politique, philo... C'est ce que tente de faire l'auteur. En tant que physicien du climat, il ne prétend pas apporter une réponse complète mais il souhaite mobiliser la société civile pour participer à des actions de proximité efficaces et mesurables à tous les niveaux des territoires afin de contenir l'emballement des processus activateurs et accompagner le nécessaire changement de mode de vie.
Grace à cet ouvrage d'entretiens, Solal Rabinovitch trouve une nouvelle façon de transmettre ses idées sur la psychanalyse et sa conception de la folie, dans un jeu entre paroles et écritures.
Dans un retour sur son itinéraire de psychanalyste, l'auteur aborde, avec ses deux interlocuteurs, l'histoire des institutions psychanalytiques en France depuis la fondation par Jacques Lacan de l'École freudienne de Paris, la formation du psychanalyste et la passe, ainsi que la clinique et la pratique psychanalytiques, particulièrement dans le champ de la psychose. Sont questionnés le sens et la portée de ses ouvrages déjà publiés. Ces questions d'écritures, qui tissent la trame du livre, aident à comprendre un peu mieux les thèses difficiles que soutient l'auteur, telles que celles de l'« essence aphonique de la voix » et de la « matérialité de la pensée », mais aussi la façon dont se fabrique collectivement une école de psychanalyse (encore une affaire de paroles et de lettres), ou le rapport du corps et de la pensée. Si l'inconscient est une machine d'écritures, ces écritures sont la trace des paroles qui, ainsi, restent. Parce que ces paroles qui restent dans l'inconscient, qui restent dans la cure, ne s'envolent pas, elles sont le coeur de la transmission.
Centré sur la période périnatale, cet ouvrage s'intéresse au vécu des femmes et des hommes qui deviennent parents grâce à un don d'ovocytes. Il propose aussi un état des lieux sur le devenir de ces familles et les enjeux cruciaux associés à ce mode de procréation.
Chaque année, entre 800 et 1 000 nouveaux couples sont demandeurs d'un don d'ovocytes en France. Cette nouvelle façon de devenir parents introduit une dissociation inédite dans l'histoire de l'humanité : la femme qui a porté l'enfant et accouche n'est pas la génitrice. Les interrogations des couples concernés sont nombreuses : qu'est-ce que devenir mère en l'absence de lien génétique avec son enfant ? Qu'est-ce que devenir père dans ce cadre ? Allons-nous reconnaître ce bébé comme le nôtre et va-t-il nous reconnaître comme parents ? Comment l'inscrire dans notre lignée familiale ? Que lui dire de l'histoire de sa conception ? Quel est le statut de la donneuse et quelle place l'enfant lui attribuera-t-il ? La complexité du travail psychique qu'implique le don d'ovocytes et ses effets sur la parentalité sont souvent ignorés par les futurs parents et les professionnels. Une meilleure connaissance de ces questions est indispensable pour mieux accompagner ces familles.
À partir d'enquêtes qualitatives, ce livre apporte un éclairage inédit sur le vécu des enfants et des jeunes dans ces « petits coins » de l'école et ce qu'il s'y joue, notamment en termes de relation adultes/enfants, de construction d'un rapport à soi, aux autres et de genre.
Selon qu'ils sont « filles » ou « garçons », « grands » ou « petits », comment les enfants se représentent-ils les toilettes scolaires et quels usages en ont-ils ? Comment investissent-ils (ou pas) ces lieux ? À mesure qu'ils grandissent, que les portes se ferment, que des murs s'élèvent et que la possibilité leur est offert de se retrouver seuls à l'abri du regard des autres, comment les enfants occupent-ils ces espaces collectifs et individuels, clos et ouverts ? Comment ceux-ci contribuent-ils à construire des corps, dans leur rapport à l'intimité et à l'autre, en tant que fille ou garçon ? Comment les enfants et les jeunes s'y rencontrent-ils et quelles sociabilités peuvent-ils y développer à l'abri du regard des adultes ? La question du genre se révèle bien évidement centrale, dans ce lieu qui, à partir de l'école élémentaire, devient le seul espace « non mixte » dans la plupart des établissements scolaires mixtes.
Le dialogue entre les deux auteurs de L'homme sans gravité se perpétue vingt ans après à travers l'actualité plutôt brûlante où les implicites de la question du transgenre résonnent avec la vie politique elle-même.
Dans un échange cordial et accessible qui ne masque pas certaines différences, Charles Melman et Jean-Pierre Lebrun s'attaquent à la question cruciale de savoir si l'évolution de notre société nous entraîne vers davantage de civilisation ou si au contraire, elle contribue à nous déciviliser. À partir du film « Petite fille » exemplaire de la problématique du transgenre dont la progression est aujourd'hui évidente, ils interrogent ce que d'aucuns estiment être une avancée sous couvert d'une possible et nécessaire autodétermination de l'enfant. Le point central consiste à devoir se demander si la réalité de ce sujet capable de se penser sexué à partir de lui-même est autre chose qu'un voeu pieux basé sur un déni, en l'occurrence, de son anatomie. Comment penser une société qui se construirait sur de telles prémisses ?
Entre Winnicott et Pikler, les convergences sont remarquables, dans leurs représentations du développement de l'enfant comme dans celles du rôle de son environnement humain et matériel. Elles ouvrent de nombreuses perspectives pour ceux qui ont à prendre soin des tout-petits.
Tous deux pédiatres et contemporains, Donald Winnicott et Emmi Pikler sont cependant très différents. L'un, anglais, connu pour sa fantaisie, son humour et son absence de dogmatisme, est devenu une figure emblématique de la psychanalyse ; l'autre, issue de la Mitteleuropa, a dirigé avec rigueur, sérieux et exigence, la pouponnière de la rue Lóczy à Budapest. Et pourtant de nombreux points de convergence existent et sont analysés par Patrick Mauvais comme autant de ressources à explorer par les professionnels de l'enfance : les soins corporels, l'attention à l'environnement humain et matériel, l'activité libre et la capacité à être seul, la qualité de présence des adultes auprès du bébé, la formation des professionnels, l'observation de l'enfant, attentive, individualisée, continue et partagée en équipe...
Les règles d'usage des écrans ne peuvent pas être les mêmes à chaque âge. La règle « 3-6-9-12 » - « Pas de télévision avant 3 ans, pas de console de jeux personnelle avant 6 ans, pas d'Internet avant 9 ans et Internet accompagné jusqu'à l'entrée en collège, vers 11-12 ans » - constitue une feuille de route pour un usage raisonné des écrans, de la naissance à la majorité, et au-delà.
Cette nouvelle édition se présente enrichie de trois façons par rapport à la précédente, même si le message principal reste évidemment le même : l'apprentissage du bon usage des écrans commence dès la naissance, et il se fait en famille.
1. De nombreux exemples nouveaux.
2. La référence à des travaux parus depuis 2013 renforce l'idée que les troubles liés à la surconsommation d'écrans sont corrélés au temps passé devant un écran avant l'âge de trois ans.
Du coup, l'accent de la prévention est déplacé. La responsabilisation se porte encore plus sur les parents qui doivent comprendre l'importance de tenir l'enfant de moins de trois ans à l'abri des écrans.
3. L'énoncé d'un mode d'emploi pour aider les parents à tenir leurs décisions concernant les limitations du temps d'écran face à leurs enfants. Les enfants ont beaucoup plus de plasticité psychique et comportementale que tous ne le croient : profiter des changements, comme la rentrée scolaire, pour modifier les habitudes...
Cet ouvrage présente un état des recherches et des interrogations sur la question de la place du sujet dans la médecine et des relations entre corps et langage, entre médecine et psychanalyse. L'hôpital est aujourd'hui et plus que jamais en souffrance. Des défis sont à relever pour une médecine confrontée aux progrès de la science et de la technique, face au nouveau malaise bioéthique et éthique. La médecine travaille à la disparition du symptôme en tant que dysfonctionnement organique quand la psychanalyse considère le symptôme comme porteur d'une part de la vérité du sujet, car le corps ne ment pas : il énonce une vérité du sujet invisible à la conscience...
Psychanalystes et médecins tentent de renouer le lien ténu et indispensable pour un système de soin à l'écoute du sujet.
Le langage des bébés est particulièrement riche et s'exprime de manière multimodale. Partant de la reconnaissance de cette condition, le livre nous montre comment les bébés cherchent intentionnellement l'autre. Le langage se traduit dans des mouvements, dans des gestes, dans des vocalisations, dans le regard, dans des demandes mais aussi dans des refus.
L'adulte et les professionnels qui entrent en relation avec le bébé pensent qu'eux seuls s'expriment par le langage, peuvent interpréter ce qui se passe avec le bébé. Or ils ne perçoivent pas que le bébé effectue également des opérations similaires, bien que sans se servir d'une langue. La connaissance de soi, de l'autre et du monde, constitue un ensemble de savoirs qui changent tout au long de la vie, en acquérant de nouvelles possibilités et lectures. Mais il faut souligner - et c'est le point central de ce livre - que ce processus est mené par le bébé dès sa naissance.
Il appartient à tous ceux qui s'occupent des bébés d'écouter les expressions du langage qu'ils produisent, pour que leurs savoirs soient reconnus à leur juste valeur. Le bébé a un rôle actif dans sa propre constitution psychique.
Les troubles des conduites alimentaires, anorexie et boulimie, sont un phénomène contemporain et sociétal en pleine expansion accéléré par l'utilisation massive des réseaux sociaux. Ils appartiennent à un nouveau domaine d'expression de la souffrance intime que l'auteure désigne comme « pathologies de l'image ».
À partir de son expérience clinique, l'auteure analyse les liens entre les troubles des conduites alimentaires et les représentations du corps des femmes. La prolifération spectaculaire des images, jusqu'aux images de soi produites par soi, via les réseaux sociaux, et leurs simulacres que sont les images retouchées déterminent une relation pathologique entre la femme et son propre corps.
Ainsi les troubles des conduites alimentaires permettent de mieux saisir notre époque où l'image, le corps, la mode, la beauté et le paraître constituent les termes de l'inscription postmoderne des sujets : comment les femmes se situent-elles par rapport à un corps pris dans les attentes sociales ? Comment s'en accommodent-elles ? Comment certaines, en parodiant jusqu'à la caricature cette idéalisation extérieure à leur propre chair, en font-elles le sacrifice ? Car tel est aussi le destin des troubles alimentaires comme pathologies de l'image : commettre le sacrifice du corps afin d'atteindre l'idéal éphémère d'une beauté contemporaine.
La question de l'inceste dépasse de loin la problématique de la criminalité sexuelle. L'inceste est un crime contre l'humanisation qui perdure depuis que le monde des mammifères a engendré, avec le langage, l'être humain et son besoin d'être institué dans une filiation.
Les mouvements sociétaux récents qui permettent que l'on entende la parole des victimes ont engendré une frénésie législative pénale (quatre lois en cinq ans !). Or on ne peut combattre par la seule force répressive une problématique qui est plurimillénaire et surtout solidement ancrée dans nos inconscients individuels et collectifs.
Aujourd'hui, nous en sommes au temps de la compassion : les gouvernants, après des années d'ignorance où l'on n'écoutait pas plus les victimes que ceux qui produisaient des travaux de recherche en sciences humaines et en droit sur le sujet, s'agitent et chacun y va de sa petite recette pour entendre/traiter/punir. Avant de fabriquer des réponses, il faudrait s'interroger sur ce qu'il y a de plus troublant : pourquoi ce crime universellement réprimé continue-t-il à se perpétrer sur des millions d'êtres humains ?
Dans une forme d'éthique réflexive et collective, les auteurs se sont attachés à dresser un panorama des problèmes qui ont trait à la vaccination, mis en exergue dans le contexte de la pandémie due au coronavirus.
A partir du constat des hésitations, des défiances et des résistances face à la vaccination, dans un contexte où les incertitudes sur l'avenir persistent, les auteurs proposent des cadrages interprétatifs et interrogent particulièrement l'opposition individualisme vs solidarité. Ils abordent les questions d'éthique essentielles qui se posent à l'échelle collective : y a-t-il une façon de bien informer et communiquer sur les vaccins ? Quelle stratégie vaccinale est-elle juste et efficace ? Quelles conséquences ont eu les mesures de lutte contre le virus sur les enfants et les adolescents ? En matière d'obligation vaccinale, est-ce que la fin justifie les moyens ? Les libertés individuelles peuvent-elles être écartées au profit du bien collectif ? Quels sont les enjeux de justice internationale et globale de distribution juste des doses de vaccin dans le monde ?
Une lecture sociologique des innovations managériales en cours, qui tendent à faire oublier les véritables objectifs des employeurs : continuer à mettre en oeuvre la subordination des salariés, seule garantie de leur exploitation « légitime ».
L'auteure décrypte la capacité patronale à faire renaître, sans cesse, sa domination, afin de préserver, voire sublimer, un lien de subordination qui prend une forme de plus en plus personnalisée, intrusive et délétère, et qui compromet toute capacité collective des salariés à s'emparer des véritables enjeux du travail. Des drh « bienveillantes » et préoccupées du « bonheur » de leurs salariés aux « entreprises libérées » par leur leader, en passant par l'esprit start-up et l'offre éthique, l'auteure analyse tous ces faux-semblants qui paralysent l'intelligence collective et menacent l'avenir du monde.