Cet ouvrage regroupe les textes présentés lors du colloque international « Grandes » et « petites » langues et didactique du plurilinguisme et du pluriculturalisme. Modèles et expériences qui s'est tenu à Paris, en juillet 2006 dans les locaux de la Sorbonne, à l'initiative de l'Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO). Il s'agissait de mobiliser internationalement les acteurs concernés par une réflexion sur une didactique du plurilinguisme et du pluriculturalisme en construction en Europe. En se donnant pour objet d'identifier les modèles didactiques et leur circulation d'une langue à l'autre, ces travaux interrogent, chacun selon l'angle spécifique de son terrain, de son contexte ou des pratiques analysées, ce que le sens commun désigne par « grandes » et « petites » langues. Celles-ci sont appréhendées ici en tant que représentations sociales et catégorisations qui fluctuent au gré des histoires nationales, des renversements géopolitiques et des visions du monde traversées par les profondes mutations résultant de la mondialisation.
La thématique générale de la Didactique du français langue étrangère et seconde dans une perspective plurilingue et pluriculturelle est apprendre, enseigner et travailler avec le français et en français dans un environnement plurilingue et pluriculturel. Cet ouvrage a pour objectif de définir et délimiter la place du français langue étrangère et des échanges francophones dans les sociétés plurilingues et pluriculturelles du XXIème siècle, dans le domaine académique et dans le domaine professionnel. Les différents articles proposent donc à la fois les fondamentaux de la didactique du FLE/FLS, une réflexion sur les contextes d'enseignement du FLE/FLS et sur les aspects socioculturels liés à l'enseignement/apprentissage du FLE/FLS. Il s'adresse aux enseignants de langue, formateurs en langues, formateurs de formateurs (HEP), conseillers pédagogiques, inspecteurs pour la langue ... et médiateurs linguistiques et culturels, dans des structures de formation nationales et internationales, du secteur public, privé et parapublic.
Instaurée par une conception homogène de la nation, l'école est trop souvent adepte de la langue unique et magistrale et le plurilinguisme y trouve rarement une place légitime. Dans de nombreux pays toutefois, plusieurs langues se côtoient et s'entrechoquent, jusque dans la salle de classe. Ces territoires qui, de fait, embrassent des normes plurielles, fondent alors des contextes éducatifs sensibles, car les élèves n'y comprennent pas toujours la langue du maître. Or le monde est en train de découvrir et de légitimer la multiplicité de ses langues. Poser que la diversité linguistique dans la salle de classe ne doit plus être un facteur d'échec est urgent. Enseigner en admettant la grammaire et les mots de l'autre est une nécessité. En février 2004, une vingtaine de chercheurs spécialistes des îles de l'Océan Indien, des Antilles et de la Guyane, mais aussi d'Europe et d'Amérique, se sont retrouvés à l'Université de La Réunion pour envisager comment gérer le plurilinguisme à l'école. La présente publication rend compte de l'originalité de leurs travaux sur les politiques linguistiques et les démarches éducatives que ces situations requièrent, dans l'attention la plus pointilleuse aux enjeux du présent.
Ce livre aborde l'histoire de Fribourg-en-Brisgau sous l'angle des festivités princières qui y furent célébrées de 1677 à 1814. Au cours de cette période, cette cité « frontalière » fut confrontée à de nombreux changements de bannière : elle vit alterner des périodes de domination française et autrichienne, puis devint provisoirement modénaise, avant d'être finalement rattachée au grand-duché de Bade. Les fêtes princières étudiées dans ce volume nous permettent ainsi d'observer, comme au travers d'un prisme, chacun de ces fréquents revirements politiques. Au fil des chapitres, l'ouvrage analyse l'iconographie et les discours festifs liés notamment aux entrées solennelles célébrées à Fribourg. À travers ces festivités, l'auteur s'attache à mettre en lumière les évolutions et les permanences du jeu festif : jeu de légitimation, de séduction, de résistance aussi, parfois, auquel se livrent le pouvoir princier et les différents pouvoirs locaux. L'étude de ces célébrations fait progressivement ressortir la fidélité d'une grande partie de la population fribourgeoise à la maison des Habsbourg, malgré les efforts de communication déployés par les dynasties princières concurrentes.
Pourquoi enseigner la grammaire ? Quelle grammaire enseigner en classe de français ? Cet ouvrage analyse l'enseignement de la grammaire rénovée dans quatre classes de sixième primaire en Suisse. Le cadre théorique combine les principes d'une théorie de l'activité langagière avec des concepts didactiques comme ceux de temps didactique, concrétisé au travers des indicateurs d'avancement des activités scolaires, et de contrat didactique, conçu comme régulateur du partage des responsabilités, entre l'enseignant et les élèves. La théorie de la transposition didactique fournit les critères pour définir les objets enseignés en relation avec les objets inscrits dans les programmes. Les résultats montrent que les formes et le sens des objets enseignés sont en décalage par rapport à ce qui est préconisé par l'école. L'analyse critique permet une première interprétation de ce décalage. Le livre contribue ainsi à clarifier les relations entre les objets enseignés et appris et le contexte du travail en classe.
Comment enseigner de manière à soutenir la motivation et les apprentissages des étudiants? Cet ouvrage collectif répond à vingt questions que les enseignants du supérieur se posent à propos du développement de l'enseignement supérieur et de leurs pratiques pédagogiques. Les réponses apportées passent en revue les fondamentaux de la pédagogie de l'enseignement supérieur et les principes qui mettent l'enseignement au service des apprentissages des étudiants : clarifier les objectifs d'apprentissage visés par l'enseignement ; adopter des stratégies d'enseignement qui permettent aux étudiants d'atteindre les objectifs et d'exercer les compétences visées ; et, non des moindres, évaluer avec pertinence les apprentissages réalisés par les étudiants au terme de l'enseignement. Ecrit à l'intention des enseignants du supérieur et des conseillers pédagogiques, l'ouvrage propose des exercices pratiques qui permettent à chacun de se situer dans sa pratique professionnelle et de progresser dans son développement professionnel.
Au devant de la scène et à l'intersection de questions sociales multiples, le travail de rue, désigné en Suisse romande sous l'appellation « travail social hors murs » (TSHM), se caractérise essentiellement par l'action d'« aller vers » dans la rue et les milieux de vie des populations. Si le mandat est essentiellement de natures éducative et sanitaire, il naît bien souvent sur la base de problématiques d'insécurité. A quoi renvoient les termes de sécurité et d'insécurité ? Comment le travail social de rue est-il perçu ? Soumis à une même logique d'Etat, comment cohabite-t-il avec les professions dévolues au maintien de l'ordre et à l'action répressive ? Quel cadre éthique cela présuppose-t-il ? Avec des professionnels concernés, des représentants des forces de l'ordre et des publics en situation de rue, l'auteur contribue à y répondre. Une pierre à l'édifice pour la profession qui a le mérite de dévoiler une méthodologie d'actions, de souligner des limites partenariales, d'explorer des notions « tabous » sous l'angle de la philosophie, de faire émerger des questions d'éthique et d'ouvrir de nouveaux chantiers relatifs à la pratique, à la recherche et à la formation.
On sait bien ce qu'on appelle « norme », en linguistique : une pratique de prescription des comportements langagiers. Cette pratique, la linguistique s'est depuis longtemps habituée à la remiser dans un espace qui n'était pas le sien. Il a été une fois pour toutes entendu qu'il existait, aisément repérable, un certain usage normatif de la « grammaire », qu'on connaissait, et qu'il fallait bien distinguer de la linguistique. Ainsi, la possible normativité du discours linguistique a souvent fait l'objet d'une soigneuse dissimulation. Alors, la norme « tabou » de la linguistique moderne ? Quinze linguistes affrontent ici le problème, en partant de ses enjeux épistémologiques, historiques, sociolinguistiques, et, pour finir, grammaticaux. Cet ouvrage s'organise en deux parties. La première analyse cette présence paradoxale de la notion de norme dans le discours des linguistes. La seconde approfondit les résonances de la problématique dans le domaine qui s'y prête le plus, à savoir la syntaxe. Attachement, affect ; lois, règles ; double relation au langage : autant de paramètres desquels le linguiste ne peut pas se permettre de détourner son regard.
À la fin de l'Ancien Régime, les relations entre la France et la Turquie ottomane sont essentiellement fondées sur le commerce maritime. Les négociants marseillais en ont le monopole et leurs établissements au Levant prospèrent à la faveur des capitulations signées avec le sultan, et d'un réseau consulaire hiérarchisé que l'État monarchique a progressivement mis en place. Les consuls sont ainsi devenus avec les corps de négociants les instruments d'une politique économique ambitieuse. Mais celle-ci a ses limites imposées par les Turcs et par le roi lui-même puisque la résidence de ses sujets dans les Échelles n'est pas libre. La Révolution va-t-elle bouleverser cette organisation économique et sociale, ces microsociétés de Français implantés dans les ports de la Méditerranée orientale ? Que se passe-t-il entre l'arrivée de Choiseul-Gouffier, dernier ambassadeur du roi à Constantinople (1784), et l'expédition d'Égypte (1798) ? Les sources consulaires mettent en lumière ruptures et continuités, et cet équilibre si fragile, tributaire des communications maritimes que remet en cause, à partir de 1793, la guerre avec l'Angleterre. Victimes de l'arbitraire des potentats locaux, soumis à la concurrence des autres puissances et coupés de la métropole, les résidents français au Levant deviennent les « oubliés » de cette liberté naissante et certains d'entre eux vont pousser le Directoire à intervenir militairement pour sauver leurs intérêts sans bien percevoir les conséquences de cette politique aventureuse. Après Les Consuls de France au siècle des Lumières et Aux origines d'une alliance improbable, le ministère des Affaires étrangères poursuit avec Les oubliés de la liberté, l'étude de la présence consulaire française au XVIIIe siècle.
Cet ouvrage montre que le métier de directeur d'établissement scolaire ou socio-sanitaire, souvent présenté comme une fonction, est aussi un travail, susceptible d'une observation et d'une mesure. Il se compose d'une « foule de petites choses à faire » presque invisibles et d'un organigramme complexe de dossiers ouverts, d'actions à mener et à justifier. Le métier consiste aussi à accepter des décalages entre ce travail réel, souvent prosaïque, et l'imaginaire du rôle. Enfin, il implique des expériences professionnelles marquées par des épreuves subjectivement et objectivement vécues, reliées aux évolutions politiques et économiques autant qu'aux difficultés à répondre aux besoins et aux ambivalences des interlocuteurs : collaborateurs, usagers, familles, supérieurs hiérarchiques. Fondé sur une importante enquête menée en Suisse Romande, ce portrait collectif des directeurs au travail interpellera l'ensemble des acteurs du domaine étudié. Bien au-delà, il offre matière à réfléchir à tout professionnel occupant une fonction de direction, de formation et de prise décision.
Devenir directeur, c'est apprendre à exercer une fonction hiérarchique à laquelle, en tant qu'enseignant, on n'est pas initialement préparé, en assumant une autorité que l'on est désormais censé incarner. Afin d'analyser cette phase particulière durant laquelle les directeurs apprennent à se positionner et à exercer du leadership, l'auteure identifie les contradictions et les tiraillements auxquels les cadres scolaires sont soumis, et qui génèrent des épreuves spécifiques à ce métier et à ses débuts. Cet ouvrage offre des pistes quant aux ressources mobilisées par les cadres scolaires afin de surmonter les épreuves qu'ils rencontrent. Il interpelle également l'ensemble des acteurs du monde de l'éducation et de la formation en proposant, pour la première fois en Suisse romande, des données probantes sur les spécificités de l'entrée dans le métier de cadre scolaire. Enfin, il questionne les dispositifs actuels de formation des cadres scolaires en proposant des perspectives pour penser une formation adaptée aux besoins des formés.
Le premier semestre de l'année 1972 est marqué par des événements ou des gestes spectaculaires qui sont autant de tournants dans les relations internationales. Il s'agit de deux phénomènes transnationaux : l'environnement et le terrorisme, et de deux phénomènes dans le domaine des relations inter-étatiques. C'est en particulier le cas de la première Conférence mondiale sur l'environnement tenue à Stockholm en juin avec plus de mille participants représentant 132 États. Bien que chacun d'entre eux ait ses propres revendications, le vrai critère de division sépare les pays industrialisés des pays en voie de développement qui refusent d'entraver leur industrialisation sous couvert de défense de l'environnement. Dans l'article 21 de la déclaration adoptée à l'unanimité, il est fait implicitement référence aux dommages que pourraient causer les armes de destruction massive. Et c'est la France qui est visée parce qu'elle a repris ses expériences nucléaires dans l'atmosphère en Polynésie depuis 1966. L'opposition des États du Pacifique est virulente, les tentatives d'amadouer les Péruviens sont vaines et la campagne de l'ONG Greenpeace, qui envoie un bateau dans la zone d'expérimentation, embarrasse les autorités françaises. L'autre phénomène transnational est le terrorisme, qui sévit en Allemagne fédérale depuis 1968, à l'initiative de la Fraction Armée rouge connue aussi sous le nom de bande à Baader; mais surtout au Proche-Orient avec l'attentat spectaculaire à l'aéroport de Lod (30 mai 1972) à l'arrivée de l'avion d'Air France, occasion pour les Israéliens de mettre en cause les autorités françaises qui s'ajoute au catalogue de reproches faits par Tel Aviv à Paris, dressés avec doigté par l'ambassadeur F. Huré. Enfin, deux phénomènes importants sur le plan inter-étatique : la naissance d'un nouvel État qui n'est pas le fruit de la décolonisation. Cet événement inédit embarrasse la diplomatie française qui reconnait le Bangla-Desh, mais ne veut pas que ce geste soit interprété comme « un geste hostile » à l'égard d'Islamabad, tout en souhaitant maintenir de bonnes relations avec New Delhi. Et l'ambassadeur de France à Dacca plaide pour une aide économique rapide et intelligente pour sortir ce pays de la misère. L'autre événement stupéfiant, quand on sait l'animosité des relations entre Pékin et Washington depuis 1949, est la visite du président Nixon en Chine (21-28 février), malgré la guerre du Vietnam et le problème de Taïwan, au point que notre ambassadeur à Pékin dit éprouver « le malaise naturel d'une rencontre gênante ».
Pour la première fois, des textes pédologiques de Lev S. Vygotskij (1896-1934) sont traduits en français. Les chercheurs en sciences humaines ont ainsi la possibilité de connaître une partie largement ignorée de son oeuvre : celle consacrée à la pédologie, à la science du développement de l'enfant. Dans l'introduction, les éditeurs montrent l'importance de ces textes dans lesquels se manifeste de manière exemplaire la pensée profondément dialectique de Vygotskij analysant la continuelle transformation du système psychique humain. La partie Fondements de la pédologie comprend des cours dispensés en 1934 par Vygotskij à des enseignants de Leningrad pour leur faire comprendre sa vision du développement de l'enfant. Les textes sur La périodisation du développement de l'enfant montrent des résultats concrets de sa pédologie, où les notions de crise et de rupture sont nodales. Dans les articles consacrés à La pédologie et ses sciences voisines, Vygotskij détermine la spécificité de l'approche pédologique du développement de l'enfant, comparée notamment à la psychologie et la pédagogie. Un ouvrage indispensable pour toute personne qui aspire à connaître dans toute sa diversité l'oeuvre de ce grand scientifique.
Coménius jette, en 1657, les fondements de la didactique. Ambitieux, il promet à ses lecteurs un « art universel de tout enseigner à tous ». Une foule bigarrée de successeurs, acquis à cette noble cause, apportent ensuite leur pierre à l'édifice, qu'il s'agisse de philosophes, de pédagogues ou, à partir du développement des sciences humaines, de chercheurs en éducation, en psychologie et en didactiques spécialisées. La moisson a été abondante ; elle peut donner le tournis à l'enseignant du XXIe siècle qui chercherait, en peu de temps, à en tirer les principales leçons. Cet ouvrage a l'objectif de l'y aider : il se propose de ramasser - dans un langage clair, direct et dénué de jargon inutile - l'essentiel de ce que la florissante littérature didactique peut apporter à l'enseignant d'aujourd'hui pour la conduite efficace de ses enseignements. Pour alléger le propos et s'assurer de leur réalisme, de nombreux exemples et illustrations jalonnent la réflexion, l'humour n'étant pas exclu à titre d'assouplissant didactique. L'ouvrage est articulé autour des principales composantes de l'Art d'enseigner : comment alimenter la soif d'apprendre des élèves ? Définir et annoncer des visées claires d'acquisition ? Bâtir les enseignements sur le déjà-là ? Apprêter les savoirs pour les rendre enseignables, sans les déformer ? Choisir la méthode adéquate ? S'assurer que la cible est atteinte et corriger le tir au besoin ? Gérer la discipline et installer son autorité de maître, au sens de celui qui a la responsabilité de faire apprendre ?
Le bassin du Congo constitue aujourd'hui l'une des zones mondiales les plus touchées par la perte de biodiversité. Très convoitées pour leur potentiel économique, de nombreuses espèces animales, dont l'habitat naturel a été détruit, ont disparu ou sont en voie d'extinction. Ce phénomène alarmant n'est pourtant pas récent. L'analyse des documents historiques démontre qu'il s'inscrit dans des systèmes prédateurs mis en place en Afrique centrale dès la 2e moitié du 19e siècle et amplifiés sous l'État indépendant du Congo et la colonisation belge. La chasse à l'éléphant, surtout motivée par l'ivoire, rapporte d'importants revenus au gouvernement, tandis que d'autres espèces offrent autant de bénéfices économiques que de motivations sportives, scientifiques ou de prestige. En réaction à cette fureur cynégétique, des institutions et des personnalités poussent à protéger les espèces les plus menacées. Des efforts importants, influencés par des tendances internationales, sont dès lors entrepris par les autorités belges pour limiter ces dégâts environnementaux : textes législatifs, instruments de contrôle, espaces naturels protégés et parcs nationaux, autant de mesures aux résultats toutefois mitigés. Cet ouvrage éclaire, de façon inédite, l'histoire de la présence belge au Congo, en analysant la manière dont la colonisation gère les animaux sauvages sur son territoire. Dans un contexte général où émergent des sensibilités accrues en faveur de la protection écologique, il retrace l'histoire politique du fait environnemental. Les mesures et pratiques coloniales de conservation de la nature constituent des clés de lecture indispensables pour comprendre les interactions entre les colonisateurs, les populations congolaises et leur environnement.
Depuis plus de trente ans, les analyses scientifiques sur les changements environnementaux globaux sont débattues au niveau international. Parmi les solutions avancées, figure la nécessité de s'engager dans une transition vers davantage de durabilité. Les contributions de l'ouvrage réfléchissent à la dimension géographique de cette transition, notamment à l'échelle locale. Si les processus de transition sont souvent analysés dans leur dimension temporelle, ils ont en effet également une dimension spatiale : ils supposent des changements de pratiques et de représentations, ils émergent et concernent des lieux donnés, ils se traduisent par une redistribution d'activités et la transformation de certains espaces. Les multiples qualificatifs accolés au terme transition - écologique, énergétique, etc. - témoignent de la diversité des phénomènes et des changements observés.C'est notamment en s'intéressant à des territoires peu touchés par le processus de métropolisation, des villes moyennes ou des espaces ruraux, que cette question est abordée dans l'ouvrage, autour de l'hypothèse que l'idée de transition y a rapidement été appropriée par certains acteurs. Se croisent dans ces territoires des dynamiques descendantes dans le cadre de politiques publiques en faveur de la transition impulsées au niveau national, mais également des dynamiques spontanées issues par exemple d'initiatives de la société civile. Les trois parties de l'ouvrage illustrent différentes facettes de ce processus à travers le cas de filières productives, notamment le secteur agricole, le domaine de l'aménagement et celui des pratiques quotidiennes de consommation et de loisirs.
Albert Schweitzer fut un homme de premier plan dans bien des domaines. Comme théologien, philosophe, musicien et surtout comme médecin, il est universellement connu et entouré d'un véritable mythe. Contrairement à ce qui est communément admis, c'est à Schweitzer lui-même que la construction de ce mythe est pour la plus grande partie redevable. L'essentiel de ce que l'on sait sur la vie et la carrière de l'illustre médecin de la forêt équatoriale a comme source ses écrits autobiographiques. L'originalité de la présente étude est de confronter pour la première fois à la réalité historique les informations livrées par Schweitzer relativement à sa carrière, ses recherches et sa philosophie. De cette confrontation il ressort que, dans bien des cas, Schweitzer se dépeint sous un jour qui est peu conforme à la réalité.
Cet ouvrage étudie la programmation et la mise en oeuvre de la politique de cohésion communautaire en Région Sicile en analysant particulièrement son volet culturel. Une approche au plus près du terrain, nourrie de nombreux entretiens réalisés de Bruxelles à Palerme, a mis à jour un cadre d'intervention inopérant. Caractérisée par son extrême complexité, la politique de cohésion s'articule difficilement avec la politique de développement des régions et pays concernés et sa mise en oeuvre révèle de lourds dysfonctionnements. La culture est reconnue dans ce cadre pour sa contribution au développement du tourisme autour du patrimoine, pourtant cette vision centrée sur son impact économique est réductrice et trompeuse. Le principe du partenariat promu par cette politique suppose l'implication des parties prenantes du territoire, or la Région Sicile mobilise la majorité des financements disponibles, au détriment d'un secteur culturel qui reste globalement exclu. Enfin, la politique de cohésion apparaît comme un révélateur des crises politiques sicilienne et européenne : certains acteurs institutionnels insulaires privilégient l'inertie, tandis que la faible réaction des institutions communautaires pourrait traduire l'absence de volonté d'oeuvrer pour une réelle cohésion européenne.
Ce livre propose une traversée de l'oeuvre de Sartre depuis laconstitution de son programme philosophique dans les années1920-1930 jusqu'aux dernières conséquences intellectuelles qu'ilen tire, pour la philosophie, pour la littérature et pour la politique, dansles années 1970. En se donnant pour tâche de reconstituer chez Sartrece qui se donne comme une anthropologie politique des émotions, ilsuit au gré de l'histoire du vingtième siècle, de ses séquences politiques,de ses « violences » et de ses luttes, notamment décoloniales, lesdifférentes manières dont la phénoménologie existentialiste sartrienneprend en charge la crise de la fonction intellectuelle consécutive, selonla formulation d'Enzo Traverso, à la guerre civile européenne.Proposant, à partir de plusieurs archives, de nouvelles lectures desrapports de la philosophie de Sartre avec différents massifs de la penséecontemporaine, qu'il s'agisse de Bergson ou d'Alain, de Heidegger ou deNietzsche, de Freud et de Ferenczi ou encore de Camus et de Fanon, celivre est une invitation à une autre histoire politique du XXème siècle et,davantage encore, à une autre poétique de l'histoire intellectuelle quien fut l'inséparable doublure. Il ne peut dès lors manquer de débordervers la situation qui est la nôtre. Plutôt qu'une période de résignation,notre époque est plus probablement une époque qui est activementprivée de cette réserve d'affectivité et de puissance politiques quimérite le nom de savoirs critiques.
En plein coeur de l'été, le monde occidental tout entier est bousculé par la décision prise par le président Nixon le 15 août 1971 de supprimer la convertibilité du dollar en or. Depuis les accords de Bretton Woods en 1944, instaurant un système de changes fixes entre monnaies, et reconnaissant au dollar le rôle de monnaie de réserve, la monnaie américaine est au coeur du système monétaire international. Mais, confronté à l'accumulation des déficits américains et à l'imminence d'une crise, Richard Nixon décide l'inconvertibilité du dollar et une surtaxe sur les importations. Ces mesures sont prises sans aucune concertation avec les partenaires européens, qui tentent de « définir une attitude concertée et si possible commune ». D'où de multiples rencontres internationales, en particulier celle des Açores où le président Pompidou rencontre le président Nixon les 13 et 14 décembre, à l'origine des accords de la Smithsonian Institution qui signent la fin du système de 1944. L'accord quadripartite sur Berlin du 3 septembre 1971 réaffirme les droits et les responsabilités des quatre grandes puissances, sauvegarde la liberté de Berlin-Ouest et donne à la RFA une liberté d'action pour déployer l'Ostpolitik. Parallèlement la diplomatie française est particulièrement présente dans les pays d'Europe de l'Est, en particulier en Union soviétique. Les relations de la France avec les pays du Proche-Orient continuent de se développer : Arabie saoudite, Irak, Iran, surtout la Libye dont le vice-président est reçu par le président Pompidou. En Asie, alors que la République populaire de Chine est enfin admise aux Nations unies, et que les négociations pour le retour de la paix au Vietnam piétinent, la grande affaire est celle de la prise de contact directe entre Washington et Pékin avec la visite programmée pour le début de l'année 1972 du président Nixon en Chine.
Les premiers pas du nouveau président de la République, Georges Pompidou, sont marqués par l'ouverture dans le domaine de la politique européenne avec au premier chef le déblocage de la question de l'adhésion du Royaume-Uni à la CEE. La proposition du président Pompidou de réunir une conférence au sommet à La Haye (1er et 2 décembre 1969) va dans le sens d'un élargissement et d'un approfondissement des Communautés européennes. Elle se solde par un succès et constitue un bilan favorable pour la France qui sort de l'isolement dans lequel elle se trouvait depuis le veto français de 1967. Au chapitre de l'ouverture, on doit noter aussi la reprise des contacts avec les pays d'Afrique du Nord, marquée par les voyages du nouveau ministre des Affaires étrangères, Maurice Schumann, et par les ventes d'armes à la Libye. Du point de vue des relations franco-américaines, on est exactement à mi-chemin entre continuité et changement. En effet, ces relations étaient en voie d'amélioration sensible dans les derniers mois de l'ère gaullienne - avec l'élection de Georges Pompidou, cette amélioration se confirme, au point qu'il est tout de suite question d'une visite du président de la République aux États-Unis. En dehors de ces secteurs, la continuité prévaut et on s'en réjouit à Moscou comme dans les pays arabes. Corollairement, les relations avec Israël ne s'améliorent guère : elles subissent même une de ces fortes tensions qui vont les caractériser au cours de la présidence de Georges Pompidou (vedettes de Cherbourg et vente de Mirage à la Libye). Continuité aussi dans les relations avec les pays d'Afrique noire, dont la situation est celle des pays pauvres qui attendent tout de l'aide française, et qui sont souvent secoués par des coups d'État ou des troubles intérieurs, en particulier universitaires. Sur le plan général, la diplomatie française relève qu'aux Nations unies, les petites nations ont mis à profit leur supériorité numérique pour faire échec aux superpuissances, que les groupes autrefois cohérents ont tendance à l'émiettement et font place à des regroupements « d'insatisfaits et d'ambitieux ».