« Cultivons notre jardin ! » écrivait Voltaire. Notre jardin éthique en particulier, car l'éthique s'invite au coeur de notre vie quotidienne comme dans les grands problèmes de l'Humanité, en tous temps, en tous lieux, en toutes circonstances. La méthode ici exposée cherche à donner des pistes d'interrogation et de travail sur la recherche éthique. Sous la forme d'un manuel, cet ouvrage donne les clés nécessaires pour appréhender toute problématique éducative, en famille comme à l'école, au travail comme dans les loisirs. On trouvera une illustration de la recherche éthique à travers le roman Lisa, édité en parallèle chez PIE Peter Lang, qui rend compte des aventures d'une jeune adolescente curieuse et volontaire.
Nos sociétés de l'information voient se multiplier les bases de données administratives et les enquêtes : force est cependant de constater que leur exploitation se limite encore trop souvent à des analyses purement descriptives. Or, en résonance à la complexité du social, l'analyse multivariée des données s'impose. Elle permet non seulement d'affiner l'analyse descriptive, mais aussi de mieux comprendre les mécanismes multiples qui sous-tendent la plupart des phénomènes sociaux. S'adressant aux étudiants, enseignants, chercheurs, services d'études des administrations et du secteur privé, ce manuel offre une introduction à l'analyse multivariée des données en sciences sociales. Toutes les étapes de la recherche y sont balisées, depuis la préparation des données brutes jusqu'à leur analyse multivariée en passant par la construction d'indicateurs, la conception des relations entre les variables et leur analyse descriptive. La transmission d'expériences et de savoir-faire est privilégiée tout au long de l'ouvrage, avec ce que cela comporte de stratégies de recherche à envisager, de pièges à éviter et de précautions à prendre. C'est pourquoi la présentation des méthodes d'analyse multivariée est à chaque fois illustrée par une application concrète dans le domaine du social, de l'histoire, de la démographie ou de la politique.
Cet ouvrage se penche sur le regain d'importance qu'ont pris les organisations régionales dans les relations internationales de l'après-guerre froide marquées, notamment, par l'accélération de la globalisation et de la diffusion du pouvoir mondial. L'ouvrage s'intéresse au rapport des régions à la transformation en cours des équilibres mondiaux et partant au sens qu'elles insufflent à l'ordre international actuel. Chaque projet régional est porteur à l'extérieur de normes et règles qui lui sont propres, ce qui n'est pas sans produire une concurrence entre groupements. Cette rivalité entre blocs régionaux existe tant au niveau de chaque continent qu'à l'échelle planétaire. Bien que cette concurrence est loin de constituer un phénomène nouveau, elle a pris de l'ampleur avec, notamment, la prolifération de toute une série de méga-blocs régionaux, d'associations transrégionales ou de coopération interrégionale (TTIP, TTP, « une ceinture, une route », Union eurasienne, RCEP, partenariat UE/CELAC, Asem), dont l'objectif premier est de façonner l'ordre mondial en fonction des attentes des acteurs qui les composent. Il est donc question d'étudier la place et le(s) rôle(s) des groupes régionaux, interrégionaux et transrégionaux émergents dans l'ordonnancement des relations internationales à l'heure de la multipolarisation progressive des affaires mondiales et de la crise de la gouvernance mondiale.
Aujourd'hui, la lutte contre la diffusion des armes nucléaires dans le monde est une priorité du gouvernement français. Mais pendant longtemps les acteurs diplomatiques français ont refusé de suivre les règles multilatérales dans ce domaine central de la politique internationale. Comment expliquer que la France soit devenue l'un des principaux promoteurs de la norme de non-prolifération nucléaire après s'en être tenue à distance ? Pour répondre à cette question, ce livre refuse d'opposer deux approches traditionnelles de l'étude des relations internationales en mobilisant les outils et les méthodes de la sociologie politique. Il traque ainsi les contraintes du système international dans les effets qu'elles exercent sur les luttes et les alliances entre les différentes bureaucraties intervenant dans la définition de la politique française de non-prolifération et sur les représentations et les actions des diplomates, hauts fonctionnaires et responsables politiques impliqués. À partir d'une enquête de terrain approfondie sur les exportations menées dans les années 1970, la participation au désarmement de l'Irak au début des années 1990 et les initiatives prises autour de la question du nucléaire iranien depuis 2003, les transformations de la politique étrangère de la France sont rapportées aux évolutions de la division du travail diplomatique. Ce faisant, ce livre pose des jalons qui permettent de mieux rendre compte des pratiques diplomatiques et de penser autrement ce qu'est l'international.
Les contributions réunies dans cet ouvrage sur les guerres balkaniques se veulent une interrogation sur leur impact international et dans les sociétés concernées, elles questionnent également la mémoire qu'elles y ont laissée et le rôle de celle-ci dans les relations interétatiques. Les auteurs s'intéressent tout d'abord aux conflits régionaux et aux questions territoriales, à l'expérimentation de la guerre et à la notion de patrie, aux relations entre civils et militaires, aux bandes armées. Un deuxième thème concerne plus particulièrement l'Empire ottoman puis la Turquie à travers l'importance de la Méditerranée, les indépendances successives des pays balkaniques, le devenir des villes ottomanes. La troisième partie renvoie à une tendance actuelle de la recherche qui entreprend de faire l'histoire des interventions internationales et des opérations de paix : l'action de la fondation Carnegie ; la spécificité de la diplomatie balkanique ; l'absence des grandes puissances et la fin du concert européen. Enfin, la quatrième partie traite des mémoires des guerres balkaniques : imagologie, censure et caricature ; les propagandes comparées des belligérants et des grandes puissances ; lieux de mémoire ; pour une écriture commune de l'histoire du conflit.
Cette étude se propose de donner quelques clés essentielles pour une compréhension de la fracture identitaire qui parcourt la société ukrainienne et que la Révolution orange a révélée au monde occidental. Elle retrace l'évolution de l'idée nationale, de son éclosion au début du XIXe siècle jusqu'à la proclamation de l'indépendance en 1991, en passant par les luttes, non abouties, des mouvements de libération sociale et nationale des années 1920. La Seconde Guerre mondiale y occupe une place déterminante, telle une matrice de deux narrations concurrentes qui commanderait les logiques interprétatives de l'ensemble du récit national. Faut-il parler d'« occupation soviétique » ou de « libération » ? L'Holodomor, terme forgé sur le modèle de l'Holocauste pour désigner la Grande Famine de 1932-1933, est-il « un génocide » perpétré par le régime stalinien contre le peuple ukrainien, ou « une tragédie collective », commune aux peuples asservis par Moscou ? Même le très consensuel Tarass Chevtchenko, poète romantique du XIXe siècle, n'échappe pas au conflit d'interprétations. L'auteure, ethnologue d'origine ukrainienne immigrée au Québec, utilise une approche qualifiée de « proximité distanciée » pour analyser les sensibilités contrastées développées à l'Est et à l'Ouest, dans le contexte de deux expériences majeures du XXe siècle qui les ont profondément marquées, le communisme et le nationalisme.
Depuis plusieurs décennies, les usages du numérique en histoire se multiplient. Mais l'histoire contemporaine est parfois restée à la marge de ce mouvement. Ce livre, qui recouvre divers usages du numérique, ses outils, ses méthodes, sera à la fois une bonne introduction pour les historiens désirant se renseigner sur les usages informatiques en histoire contemporaine, et un outil utile aux chercheurs et aux enseignants plus rompus à cette utilisation. Cet ouvrage leur permettra de comparer leurs pratiques et de les approfondir dans le cadre des humanités numériques. Digital practices in the field of history have become more and more widespread in recent decades, but contemporary historians have often tended to remain on the sidelines of this trend. This book, which covers a wide range of digital practices, tools and methods, will serve both as a solid grounding for historians keen to learn how information technology can be applied to contemporary history, and as a useful tool for researchers and lecturers who already have a degree of experience in this area. It will enable scholars to compare and further their practices in the area of digital humanities, providing a comprehensive vision of the emerging field of digital history.
Rudolf Hermann Lotze (1817-1881) fut l'une des figures majeures de la philosophie allemande au XIXe siècle. Philosophe, logicien, psychologue, médecin, il a connu à son époque une renommée extraordinaire. Professeur de philosophie à l'Université de Göttingen, où il succéda à Herbart, il mena un parcours de recherche aussi original qu'influent. Entre romantisme et positivisme, entre naturalisme et historicisme, sa doctrine ne s'est jamais confondue avec les courants les plus importants de son époque. Admirée et suivie, autant en Allemagne qu'à l'étranger, sa pensée fut ensuite, après sa mort, condamnée à l'oubli en raison de son supposé éclectisme méthodologique et, finalement, classée sous la rubrique ambiguë d'« idéal-réalisme ». Le legs de Lotze s'inscrit dans un rapport complexe à la phénoménologie, à la philosophie analytique naissante, au pragmatisme américain et au néokantisme allemand jusqu'à Heidegger. L'analyse de ce legs n'a cependant jamais bénéficié d'une réflexion critique capable d'en mesurer la portée et les limites. Par un travail d'évaluation historico-critique, ce volume se propose de combler cette lacune.
Le Cerrejón est une opération d'exploitation à grande échelle de charbon minéral à ciel ouvert dans la péninsule Guajira. Ce projet minier, dont les installations se composent d'une mine, d'une voie ferrée et d'un port maritime, date de la fin des années 1970, fruit d'une association entre l'État colombien et une filiale d'Exxon, multinationale états-unienne. L'installation de la mine, transformant le territoire, l'économie ainsi que l'ordre social et politique, fut un événement fondamental dans l'histoire des Wayuu ou Goajiros, habitants ancestraux de la péninsule, qui virent leurs conditions de vie bouleversées. Cette étude propose une analyse du processus d'articulation des Indiens au projet minier. Les questions se centrent sur les relations entre les Wayuu, la multinationale et l'État, sur une période de près de trente ans (1976-2004). L'analyse aborde deux processus en interrelation. Le premier est l'activation de stratégies par les Wayuu, pour faire face et s'adapter à ce projet géo-politico-économique. Le second est celui des mécanismes mis en oeuvre par l'État et la multinationale pour installer la mine et assurer sa viabilité et sa sécurité. Les Wayuu n'ont pas résisté au « développement ». Ils en ont réinterprété les perspectives afin d'envisager leurs projections de vie, à l'aune de leurs nouvelles conditions d'existence. Le développement s'est progressivement constitué dans une dimension politique renvoyant à une théorie de gestion du futur garantissant les axes de la reproduction socioethnique wayuu. C'est à travers la production d'une politique de revendication identitaire que les Wayuu se sont finalement articulés au projet minier, promis à durer trente ans de plus, sans pour autant se soumettre à son « inévitabilité ».
Une même question a été posée à une équipe de chercheurs spécialisés dans les relations du travail dans les principales économies post-industrielles de ce début du 21e siècle : comment a évolué la régulation sociale dans les entreprises depuis une trentaine d'années ? Leurs réponses montrent que les restructurations économiques, l'européanisation et la mondialisation ont conduit à d'importants changements, rarement volontaires, dans les relations entre les « partenaires sociaux » : organisations syndicales et patronales, sans oublier l'État, qui joue souvent un rôle d'arbitre. Ainsi, les modèles nationaux hérités du 20e siècle ont été remis en cause. Les particularismes se sont effacés pour laisser place à des cadres plus fragiles et plus fluctuants. Ce livre dresse un état des lieux précis des principaux changements qui ont affecté les syndicats et le dialogue social dans les entreprises en Europe et Amérique du Nord. Il permet de dépasser les idées reçues concernant les modèles anglo-saxon, scandinave, rhénan et latin.
Au XXe siècle, l'Europe centrale et orientale a été l'épicentre de tensions internationales. Soumise aux ambitions de puissances totalitaires, elle a connu leur emprise idéologique. La diplomatie culturelle déployée par la France dans cet espace, de 1936 à 1940 puis dans les années succédant à la Seconde Guerre mondiale, a eu une double dimension : stratégique et idéologique. À partir d'archives et d'entretiens, ce livre en étudie les enjeux, les modalités, les adaptations renouvelées, les limites. Il observe les continuités et les évolutions entre les deux temps, et, sous l'angle culturel, appréhende la complexité d'une entrée en guerre froide. Dans la fin des années 1930, l'affirmation culturelle est ambitieuse, multiforme, face aux avancées de l'Allemagne nazie et de l'Italie fasciste ; elle connaît des inflexions après « Munich », en particulier une symbiose entre « culture » et « information ». Ultérieurement, alors que les Alliés, vainqueurs, sont très présents, il s'agit d'une reconstruction pour retrouver une position d'influence. La France de 1945, affaiblie, mobilise ses ressources ; elle affiche sa proximité avec les mutations en cours à l'Est. Rapidement, le contexte international, l'évolution des États sous tutelle soviétique, les choix de la France - intérieurs et en politique étrangère - s'interposent dans la poursuite de l'action. Aux espoirs de concordances succède un réalisme face à une « Normalisation ». Une diplomatie culturelle « en résistance » est confrontée à une élimination programmée par le Kominform et ses relais. L'éviction du Bloc de l'Est s'inscrit dans un processus qui atteint l'ensemble des puissances occidentales.
À partir du XVIe siècle, les colonisations européennes constituent non seulement un des principaux vecteurs de la mondialisation économique et culturelle mais aussi l'instrument d'une profonde reconfiguration sociale. Ainsi émergent des sociétés coloniales au sommet desquelles s'affirment des élites distinctes à la fois de celles du vieux continent dont elles sont originaires et de celles des mondes américains, asiatiques, africains ou océaniens qu'elles supplantent, remplacent ou dédoublent. Les élites européennes apparaissent comme une des pierres angulaires du système colonial. À travers une étude comparée des empires sur la longue durée, cet ouvrage analyse l'origine, la formation et la mobilité des élites, leur mode de vie et leurs liens avec les métropoles et les sociétés autochtones. Les contributions d'historiens allemands, anglais, belges, canadiens, états-uniens, hollandais, italiens, portugais, russes et français permettent de repenser la question de la domination coloniale au travers du prisme original de l'histoire sociale. Cet ouvrage restitue aussi la diversité des élites (colons, noblesses, créoles, administrateurs, militaires, etc.) et des situations coloniales modernes et contemporaines. From the 16th century, European colonization paved the way for economic and cultural globalization and for a deep social reconfiguration. As a result, at the top of the colonial societies new elites emerged that were different from those of the old continent and the indigenous elites. European elites seem to be one of the cornerstones of the colonial system. This book highlights the diversity of elites (settlers, nobilities, Creoles, civil servants, officers, etc.) and the variety of colonial situations from the 16th century to the 20th century. Neglected for a long time, the history of imperial societies gives a new slant to colonial studies. A long-term and comparative study of empires sheds light on the origins, education and mobility of elites, their way of life and relationships with metropolitan and indigenous societies. Contributions from American, Belgian, British, Canadian, Dutch, French, German, Italian, Portuguese and Russian historians allow us to rethink the issue of colonial domination through the prism of social history.
À l'heure de l'élection du premier président noir des États-Unis, le paradigme de la démocratie raciale connaît une remise en cause sans précédent au Brésil où il vit le jour dans les années 1930. Si la célébration du paradis racial a depuis longtemps fait place à la dénonciation de l'enfer vécu par les populations indiennes et afro-brésiliennes, l'adoption du principe d'action affirmative suscite de nouvelles polémiques à l'aube du XXIe siècle. Inspiré du multiculturalisme nord-américain, le système des quotas conduit-il à une remise en question de l'identité nationale fondée sur l'idéal du métissage ? Permet-il, au contraire, une meilleure insertion des Noirs et des Métis dans la société ? Réunissant les contributions d'historiens, de sociologues, d'anthropologues et de politistes, cet ouvrage invite à repenser la question raciale dans une perspective comparatiste et transnationale. De la démocratie raciale au multiculturalisme, il propose une réflexion polyphonique sur la manière dont sont conçues les relations interraciales au Brésil, dans les Amériques et en Europe depuis le XIXe siècle. Il analyse la circulation des modèles théoriques et des idées politiques au sein d'un espace atlantique entendu au sens large, incluant à la fois les rivages nord-américains, africains et européens de l'Atlantique noir et les régions afro-latines de l'Amérique du Sud.
Cet ouvrage a reçu le Prix d'Aumale de l'institut de France en 2010. Lorsque la France reçoit des délégations venues du monde entier pour redessiner l'Europe à la Conférence de la Paix de 1919, son principal souci est déjà de gagner la prochaine guerre face à l'Allemagne. La Tchécoslovaquie et la Pologne sont alors désignées comme les deux piliers de l'architecture de sécurité en Europe centre-orientale à condition que celles-ci acceptent d'accorder leurs lignes diplomatiques et militaires. Quelles initiatives françaises tentent de forcer l'entente entre Prague et Varsovie ? Quelles forces font obstacle à la nécessaire cohérence stratégique de ces trois acteurs qui peinent à devenir partenaires ? Pour saisir toute l'ampleur de cet enjeu central de la politique française à l'Est de l'Allemagne, les aspects militaires, diplomatiques et économiques sont ici croisés, permettant de clarifier les différentes influences qui orientent les relations internationales : marge de manoeuvre des gouvernements, processus de décision dans les ministères et les états-majors, poids du ressentiment dans la recherche d'une légitimité internationale. En abordant l'histoire d'un rendez-vous manqué, cet ouvrage éclaire l'une des raisons majeures de l'échec du système de sécurité français de l'entre-deux-guerres, mais aussi l'un des nombreux quiproquo que révèle l'histoire contemporaine des relations entre la France et les nations d'Europe centre-orientale.
Demain, la réalité de la personne l'emportera-t-elle sur le mythe de l'individu? C'est à cette question essentielle pour la reconstruction d'un lien social corrodé par l'individualisme que répond ce livre, à partir d'une triple approche: philosophique, idéologique et pratique. Né dans la première moitié du XXe siècle, puis noyé dans le matérialisme et l'économisme des cinquante dernières années, le personnalisme est appelé à un nouvel élan, stimulé par les impasses sociales et politiques dans lesquelles nous ont plongés la «pensée unique» et l'idéologie marchande. Plus est en l'homme réactualise cette grande idée. Un personnalisme pluraliste - parce que d'abord ancré dans l'humain - émerge ainsi. Conjuguant authenticité et ouverture, il expose les voies d'un humanisme radical qui entre en résonance aussi bien avec les confessions religieuses qu'avec une laïcité ouverte à la dimension spirituelle de l'homme. À l'orée du XXIe siècle, l'idéal de la fraternité redevient ce qu'il n'aurait jamais dû cesser d'être: une utopie réalisable parce qu'elle apparaît plus indispensable et désirable que jamais. Mais pour cela il faut oser dire, partager et mettre en oeuvre l'espérance que, oui, décidément: Plus est en l'homme!
L'accueil des enfants de la naissance à 7 ans a connu une progression quantitative importante ces dernières années et la question des conditions d'un tel accueil a suscité de nombreux débats. Si, au niveau international, les approches issues de la psychologie dominent pour expliquer ce phénomène, il existe dans le monde, et particulièrement en Europe, de profondes différences entre les pays quant à la définition de la qualité de l'éducation à offrir aux jeunes enfants. C'est dans ce contexte que de nouvelles approches, de nouveaux paradigmes ont vu le jour. Ces perspectives qui renouvellent singulièrement notre vision de l'éducation préscolaire sont actuellement largement diffusées en anglais. Cet ouvrage souhaite mettre ces différentes approches à la disposition des lecteurs francophones. Il leur offre un accès à la pensée critique contemporaine développée par des auteurs anglophones qui jouent un rôle majeur sur la scène européenne et internationale dans la recherche et les politiques de la petite enfance. La deuxième partie de l'ouvrage fait écho à la première avec des travaux menés par des chercheurs travaillant en français et apportant une perspective critique appliquée aux contextes dans lesquels ils vivent (Belgique, France, Italie).
Cet ouvrage explore le rapport des sociétés musulmanes à la modernité à travers l'analyse des processus de sécularisation et de démocratisation saisis dans leur pluralité et dans leur complexité ; processus parfois visibles, mais le plus souvent contradictoires et difficiles à appréhender. Assurément, après plusieurs décennies de politiques de modernisation, de nombreuses sociétés musulmanes sont confrontées à une réislamisation et à un néofondamentalisme. L'interprétation de ces phénomènes, au cas par cas, pose question : s'agit-il partout d'un simple retour à un passé idéalisé, ou bien, parfois d'une recherche d'accès à la modernité par d'autres moyens que ceux de l'Occident ? La réponse est loin d'être évidente. Les chapitres de ce livre, parcourant divers pays, régions et communautés, dans une perspective théorique et comparatiste, montrent que les sociétés musulmanes connaissent des transformations sociales profondes ; leurs rapports à la sécularité et à la démocratie sont difficiles, mais sans doute pas impossibles. De cette analyse se dégagent les convergences et divergences qui soulignent bien qu'il est erroné de parler de ces pays au singulier mais qu'il convient de raisonner en termes « des mondes de l'islam » et « des islams ».
« Écrire le voyage, c'est transformer l'expérience en conscience » notait André Malraux. Plus que pour la chronique des déambulations qu'il contient, le récit de voyage est un outil particulièrement précieux pour bâtir une histoire des représentations et des relations culturelles internationales. Les voyageurs artistes, intellectuels et militants politiques présentent un intérêt spécifique car ils prolongent souvent leur expérience par un acte de création artistique, littéraire ou testimonial. Éducatif, érudit ou humaniste, leur voyage doit contribuer à produire un savoir sur le monde et sur soi ; il est d'abord la quête d'un « signalement de l'univers », pour reprendre la formule de Théophile Gautier qui fut lui-même un grand voyageur. Dans cet ouvrage, l'expérience du voyage importe donc surtout comme pratique et comme moment de confrontation avec une culture et une société étrangères. Il s'agit d'observer de quelle façon le déplacement dans un pays étranger, sa découverte ou redécouverte, orientent la perception de l'autre pays. Trois aires culturelles, outre la France, ont été privilégiées, chacune - Italie, Espagne, monde lusophone - ayant construit une identité forte autour du voyage et de la mobilité.
Du XVIIIe siècle jusqu'à la création de l'Euro, Inventer l'Europe propose un remarquable voyage au coeur des milieux, groupes de pression et personnalités d'influence en faveur de l'unité européenne. Ainsi, les Physiocrates ou Alexandre Ier ont-ils des projets d'une modernité étonnante, comme le marché unique. Les milieux industriels allemands et français, les économistes, les milieux genevois agissent pour l'unité de l'Europe entre les deux guerres, tandis que des personnalités encore mal connues - Hennessy, Rohan, Pusta, De Jouvenel, Retinger, Ripka, voire les communistes des Balkans en 1945 ou A. Marc - tentent de rendre possible l'unité de l'Europe. Des groupes d'influence, groupes transatlantiques et américains, franc-maçonnerie, presse d'opinion et Églises modifient les options des décideurs. Les «européens» des partis politiques, comme le parti socialiste, ceux de l'entourage de François Mitterrand, les amis d'Altiero Spinelli au Parlement européen, les proches de Valéry Giscard d'Estaing exercent une influence sur les événements, les atlantistes, bien introduits, tout autant. Ces personnalités et ces mouvements sont l'expression de forces profondes qui transforment nos sociétés. Des représentants d'ONG européennes et des personnalités du monde politique, des diplomates ont apporté un témoignage de prix sur le renouvellement actuel du processus d'unité européenne. L'invention de l'Europe communautaire n'est donc pas réservée aux personnages d'exception, mais résulte de l'action de forces présentes au sein des nations européennes. Ce livre combat l'euroscepticisme car il met en scène l'urgence historique de rassembler les peuples d'Europe et les profondes racines de l'appel à l'unité des Européens.
Le 4 août 1914, l'armée allemande envahit la Belgique, État neutre aux traditions peu martiales, qui se trouve propulsé au coeur même de l'immense conflit qui va marquer tout le XXe siècle - y compris le sien, et notoirement... La société belge en guerre forme le sujet de cet ouvrage qui constitue le premier essai de synthèse de l'histoire belge entre 1914 et 1918 depuis l'étude d'Henri Pirenne (La Belgique et la Guerre mondiale, 1928). Le « Moment 1914 », c'est le refus de l'ultimatum de Berlin, l'invasion, l'exaltation de la Belgique héroïque, puis, à l'occasion des massacres des civils, de la Belgique martyre. Ensuite, la guerre s'installe dans la durée : cinquante mois d'occupation, de silence, d'amertume et de misères multiples. Temps de solidarité mais aussi de méfiance, de résistances mais aussi de défaillances, de célébration de la patrie mais également, pour certains, de refus de l'« idée-Belgique ». Tout comme le front militaire, le front de l'intérieur va pourtant tenir. Les années maigres de l'après-guerre révéleront toutefois, très vite, la mémoire de guerre comme source de divisions. La Grande Guerre fut cependant une expérience commune. Elle ne peut se penser que dans le contexte global de la société belge. Un livre qui bouscule bien des clichés ou des positions partisanes. Un livre qui permet d'entrer réellement dans les strates les plus profondes de la société belge au XXe siècle.
Cinquante années après la signature des Traités de Rome, il est désormais possible d'analyser sous une perspective historique les débuts de la politique de coopération européenne, consacrée par la Convention de Yaoundé. Cet ouvrage, fondé sur la consultation de plusieurs centres d'archives, souligne la valeur stratégique, pour les équilibres de la guerre froide en Afrique, de la politique d'aide française et européenne. L'étude de l'évolution des relations franco-africaines entre 1957 et 1963 illustre bien la complexité des liens entre l'Afrique, l'Europe et le système international d'une part, et l'interdépendance des aspects politiques et économiques des relations eurafricaines d'autre part. En ce qui concerne la France, l'influence des pays africains sur ses prises de position en matière de politique étrangère et de politique européenne est particulièrement évidente durant cette période. Sur le plan international, la question du type d'aide à accorder aux pays en voie de développement interpelle tous les États industrialisés, membres du monde communiste ou occidental. Pour Moscou et Washington l'enjeu est l'appui du tiers-monde, une région qui compte plus de la moitié de la population mondiale, dans la lutte de l'un contre l'autre. Pour la France de De Gaulle, le soutien du tiers-monde doit servir sa politique d'influence, à la recherche d'un équilibre mondial en dehors des deux blocs.
À contre-courant de nombreuses idées reçues, cet ouvrage s'attache à comprendre les rouages de la politique étrangère américaine à travers les exemples d'Enduring Freedom et d'Iraqi Freedom. Au fil d'un développement argumenté et documenté, l'auteur met en rapport acteurs, perceptions et processus en s'appuyant sur les différentes théories de la prise de décision ; l'Irak et l'Afghanistan y occupent une place fondamentale. L'analyse se concentre principalement autour du noyau décisionnel, à savoir la relation entre le président et ses conseillers. Il s'agit de démontrer que la coordination, la négociation, le compromis font partie intégrante de la prise de décision en politique étrangère, ce qui pose ainsi les limites à la rationalité d'une prise de décision. Comment l'administration Bush (com-)prend-elle la menace terroriste ? La politique étrangère américaine est-elle réellement dominée par les néoconservateurs ? Comment le président Bush envisage-t-il la prise de décision ? En a-t-il perçu les pièges ? Voici quelques questions auxquelles ce livre répond.
La maîtrise de la langue et de la communication constitue un enjeu important des politiques actuelles en faveur de l'intégration des populations étrangères. Cet ouvrage brosse un vaste panorama des problématiques que pose la prise en compte de la langue dans le processus d'intégration, que ce soit en milieu professionnel pour les migrants ou en milieu universitaire pour les étudiants allophones, en termes de formation, d'accompagnement linguistique, d'évaluation et de certification, de relations interculturelles, d'outils et de dispositifs, de contraintes institutionnelles, etc. Il se fixe pour objectif de présenter l'état de la question relative à l'intégration linguistique et de dégager les objectifs prioritaires d'une politique linguistique, culturelle et sociale d'accueil et d'intégration des populations migrantes.