Ce livre retrace le parcours d'un artisan « chaussetier » devenu pasteur et traversant la période des guerres de Religion au milieu des persécutions, dans le souvenir du Brésil visité en 1557. Léry est l'auteur de deux livres, l'Histoire mémorable de la ville de Sancerre, qui rapporte un cas de cannibalisme survenu quelque temps après la Saint-Barthélemy, et surtout l'Histoire d'un voyage faict en la terre du Bresil, si célèbre, si éclatant, si sensible qu'il éclipse tous les autres témoignages de la même époque. En cet itinéraire au pays des Indiens Tupinamba, jamais le moraliste ne l'emporte sur l'observateur, et la colère de l'homme de Dieu passée, c'est le retour à la sérénité de la description complice. Ce parcours anthropologique s'ouvre et se clôt par Claude Lévi-Strauss, admirateur de celui qui écrivait : « Je regrette souvent que je ne suis parmi les sauvages. » Lui-même dira lors de son arrivée à Rio de Janeiro : « J'ai dans ma poche Jean de Léry, bréviaire de l'ethnologue. »
Premier ouvrage abordant les violences faites aux femmes dans le 9e art, A coups de bulles et de cases est, dans le contexte actuel, à même de montrer la façon dont la bande dessinée franco-belge, les comics mais aussi les mangas traitent les agressions et les crimes de sang. La bande dessinée qui ne cesse d'ouvrir de nouveaux chantiers et de revisiter des domaines déjà balisés, soit en les renouvelant, soit en les inscrivant dans une tradition, continue d'investir l'imaginaire des sociétés contemporaines. Quotidiens, hebdomadaires, trimestriels font désormais une place de plus en plus importante aux cases et aux bulles, mais si les femmes de papier ont été parfois mises à l'honneur ou étudiées, c'est rarement le cas des brutalités, des insultes et des viols qu'elles subissent. Et pourtant, les récits graphiques regorgent de femmes victimes de violences les plus diverses: mariages forcés, humiliations, agressions physiques, viols.
Des bandes dessinées relèvent du témoignage et de la littérature du réel, d'autres appartiennent au registre de l'imaginaire, mais toutes traitent d'un fléau universel, parfois en une seule case, d'autres fois en plusieurs planches. La visée du présent ouvrage est d'inverser les perspectives communes, de montrer que les femmes ne sont pas enfermées dans la catégorie des femmes aguicheuses, ni dans celle des faire-valoir, ni non plus dans celles des seules victimes. En effet, même humiliées, brutalisées, martyrisées, elles conservent leur dignité ou leur fierté.
L'Histoire est souvent indexée sur les révolutions, les guerres, les coups d'Etat. Le règne de Napoléon III ne faillit pas à la règle: commencé par une Révolution en 1848, poursuivi par un coup d'Etat en 1851 qui aboutit un an plus tard à la restauration d'un empire, il s'achève en 1870 par la défaite militaire contre la Prusse. L'ouvrage choisit de porter sur cette période un autre regard en étudiant l'évolution des idées politiques et religieuses, les bouleversements économiques et sociaux en Bretagne durant ce règne marqué par la première révolution industrielle. C'est le voyage de Napoléon III en Bretagne en août 1858 qui permet d'apporter un éclairage politique sur les actions initiées ou évoquées par l'Empereur pour la Bretagne du XIXe siècle. Etudier les sources documentaires abondantes, rassembler des témoignages encore visibles du règne de Napoléon III, qu'il s'agisse des grandes infrastructures publiques et des aménagements de l'espace ou de l'érection de Rennes en archevêché, des fermes-écoles ou encore des premiers établissements d'aquaculture... Avec ses nombreuses illustrations, cet ouvrage constitue un recueil original des transformations de la Bretagne sous Napoléon III, sans volonté d'exhaustivité au regard de la multiplicité les sujets.
Ce livre collectif est consacré à l'analyse des folies meurtrières dans différents domaines littéraires et artistiques, et selon la clinique psychanalytique. La création éclaire les multiples facettes du thème, offrant une série de points de vue sur l'énigme du réel qui le sous-tend. L'apport de la psychanalyse est alors décisif pour saisir ce que ces folies meurtrières, au sein desquelles le sujet disparaît souvent, parfois pour en renaître transformé, mettent en jeu.
La première partie de l'ouvrage explore la manière dont l'imaginaire collectif façonne des types de personnages incarnant souvent à la fois l'angoisse des auteurs et celle du public (monstres, tueurs traumatisés et tueurs psychopathes).
La deuxième partie, qui propose une focale sur la logique du passage à l'acte, rassemble aussi bien des études de cas (Charles Manson, Marcel Redureau) que des analyses d'¿uvres inspirées par des cas célèbres (Roberto Zucco, les soeurs Papin).
La dernière partie aborde la manière dont la création artistique rend compte des mécanismes inconscients à l'oeuvre dans les folies meurtrières. Cette approche traverse le genre du roman gothique (Patrick MacGrath), l'opéra avec Alban Berg, ainsi que le cinéma de Gus Van Sant (Elephant et Paranoïd Park) et de Bong Joon-ho (Parasite).
« L'histoire se fait avec des documents écrits, sans doute. Quand il y en a. Mais elle peut se faire, elle doit se faire, sans documents écrits s'il n'en existe point. Avec tout ce que l'ingéniosité de l'historien peut lui permettre d'utiliser pour fabriquer son miel, à défaut des fleurs usuelles. Donc avec des mots. Des signes. Des paysages et des tuiles. Des formes de champs et de mauvaises herbes ». Le programme tracé par Lucien Febvre en 1949 a été suivi par les historiens, sociologues, économistes et archéologues rassemblés en cet ouvrage afin de mettre en évidence les traces des savoirs ruraux. De grands mouvements s'esquissent dans cette vaste histoire des connaissances campanaires : du sensible au quantifiable, de la productivité à l'écologie, du quotidien au savant. C'est une autre histoire de la ruralité qui émerge, riche de rationalités pratiques.
L'influence de la pensée de Claude Lévi-Strauss sur l'oeuvre de Jacques Lacan n'est plus à démontrer. Quelques auteurs se sont déjà penchés sur la question, en mettant en rapport tantôt les sources directes qui ont inspiré Lacan dans sa définition formelle de l'inconscient freudien - qui doit tout à la notion de structure -, tantôt des indices plus hypothétiques, présents de manière éparse dans l'oeuvre du psychanalyste. Il y a ainsi une dette que Lacan reconnaît lui-même à plusieurs reprises, mais il y aurait aussi des références plus cachées à dévoiler. Ainsi, on pourrait supposer un art d'écrire chez le psychanalyste où la dette à l'égard de Lévi-Strauss serait à peine avouée, voire intentionnellement dissimulée.
Cet ouvrage suit une autre voie qui ne cultive aucune ambiguïté : Lacan a une dette envers Lévi-Strauss et elle passe par un exercice de formalisation très puissant, qui va parfois bien au-delà des attentes (voire des souhaits) du même Lévi-Strauss. Cela produit le paradoxe suivant : à maintes reprises, le psychanalyste expliquerait et appliquerait mieux que l'ethnologue certaines de ses prémisses formelles.
Ce travail de recherche mené depuis vingt ans est issu de l'examen minutieux des manuscrits du fonds Lévi-Strauss de la Bibliothèque nationale de France et s'appuie sur une correspondance, brève mais précieuse, que l'auteur a entretenue avec l'ethnologue entre 2000 et 2007. Un riche entretien avec Monique Lévi-Strauss à propos de ces deux grands auteurs français du XXe siècle complète l'ensemble.
Ce livre propose une approche originale de l'oeuvre de Camus, celle de son rapport complexe et nourricier à la poésie.
A partir des Carnets, c'est tout d'abord sa bibliothèque poétique qui s'ouvre au lecteur tandis que les voix de Philippe Jaccottet, Claude Vigée et Abd Al Malik livrent des points de vue différents sur la dimension poétique de son oeuvre.
L'ouvrage questionne ensuite l'émergence de la poésie dans la pluralité de ses écrits afin d'en montrer les seuils et les modes d'apparition. Malgré une méfiance plusieurs fois affirmée, Camus entretient en effet une relation profonde et secrète à la poésie - qu'il ne limite pas au seul genre lyrique.
Chercheurs, poètes contemporains et compositeur entrent en dialogue afin de mieux saisir la vibration poétique singulière qui se dégage de la prose de Camus. Des textes inédits font entendre les voix de Julie Delaloye, Antoine Emaz, Charles Juliet, Nimrod et Serge Ritman.
En avril 1981, Philippe Forget organisait à l'Institut Goethe de Paris une rencontre qui donnait à Hans-Georg Gadamer et Jacques Derrida l'occasion de faire connaissance. Ce livre est d'abord le récit détaillé, fondé sur les archives entièrement inédites conservées par l'auteur, de la préparation, du déroulement et des suites de ces échanges. Il compare ensuite la manière dont Gadamer et Derrida lisent respectivement Mörike et Baudelaire, et tous deux Celan, pour montrer que leur rencontre fut bel et bien « historique », puisqu'elle n'engage pas moins que notre « tradition philosophique dans son ensemble ».
L'ouvrage constitue donc une intervention profondément originale dans le champ de la philosophie contemporaine puisqu'il rouvre sur de toutes nouvelles bases le problème des rapports entre herméneutique et déconstruction, et tout indique qu'il est appelé à faire référence sur cette question. Il ne manquera pas de s'imposer comme un texte de premier plan dans les débats portant sur les rapports entre littérature et philosophie, sans parler de la contribution qu'il apporte à tout un pan de la philosophie contemporaine du langage.
Le fabuleux destin de Mme de Maintenon n'a pas échappé à ses contemporains pas plus qu'à ses biographes. Par sa réussite sociale inouïe, par le projet éducatif de Saint-Cyr, par les nombreux textes conservés (correspondance, théâtre pédagogique, entretiens, instructions, carnets secrets...), Mme de Maintenon se révèle une personnalité d'exception et une femme d'influence dont le sillage historique a durablement marqué l'imaginaire français et continue de fasciner.
Sans espérer percer le secret qu'elle a patiemment construit autour d'elle, cet ouvrage tente, en revalorisant en Mme de Maintenon la femme politique comme la femme de lettres, d'en circonscrire les limites. Il s'inscrit ainsi dans le mouvement actuel pour faire sortir les femmes de l'ombre (et parfois de l'invisibilité) où l'histoire les a souvent tenues.
Produis ! Consomme ! Profite ! Sois heureux ! - ainsi tonnent les sommations contemporaines alors que s'achève le déclin du patriarcat. Contrairement aux espoirs du XXe siècle, l'allégement de la morale traditionnelle n'a pas libéré l'humanité du poids des injonctions, aussi intransigeantes et insensées soient-elles.
C'est ce champ-là - celui des exigences, du jugement moral, de la culpabilité - que la psychanalyse aborde avec le concept freudien de surmoi. Mais, qu'est-ce le surmoi ? Où s'enracine-t-il ? Situé au joint de la pulsion et des impératifs de la civilisation, ce concept dévoile un fait de structure à la fois incontournable, civilisateur et féroce. Suivant de près les apports de Sigmund Freud et de Jacques Lacan, cet ouvrage s'attaque à son élucidation sans faire fi de sa complexité et de ses paradoxes.
Etant indissociable de son époque, le surmoi constitue une clé majeure pour interpréter celle-ci. Depuis sa création par Freud en 1923, on constate son incontestable puissance explicative. Sans son appui, il n'existe aucune chance d'éclairer des phénomènes apparemment incompréhensibles voire irrationnels, tels la dépression généralisée et le triomphe du fait religieux - que Lacan anticipait. A sa lumière, les trois grands monothéismes se révèlent sous un angle inédit comme autant de machines à cerner le vécu de la faute et à le traiter. Le terrorisme djihadiste, l'une des formes les plus aberrantes de la croyance aux temps des incroyants, se trouve aussi clarifié...
"Oublié" ou édulcoré par certains courants de la psychanalyse, ignoré pour mieux l'incarner par les thérapies psycho-éducatives, le surmoi est un concept incommode, subversif, dérangeant. Cet ouvrage constitue ainsi une pièce à conviction éveillant le lecteur à l'action de la voix du surmoi véhiculée par les berceuses et les chants de sirène de la civilisation. Le risque de le méconnaitre serait celui de relayer à notre insu son pousse-au-pire.
Avec le soutien de l'Université Paris 8 (École doctorale Pratiques et théories du sens et laboratoire Section clinique).
Une histoire du peuple de Bretagne, de la Préhistoire à nos jours.
Les histoires de Bretagne ne manquent pas... Mais celle-ci adopte un point de vue inédit : celui des paysans, des ouvriers, des marins, celui des hommes et des femmes sans histoire, sans papiers. Elle porte attention aux plus humbles, pas seulement aux puissants; s'intéresse à la vie concrète et aux rêves qui s'y enracinent, pas seulement aux couronnements et aux batailles ; risque d'autres chronologies; ruine quelques évidences...
La crise économique de l'âge du fer, l'arrivée des Bretons en Armorique, la condition paysanne pendant la féodalité, la révolte des Bonnets rouges, la traite négrière, la Révolution et la Chouannerie, le développement du chemin de fer, l'émigration bretonne, la Grande Guerre, la Résistance, la crise du modèle agricole breton, Notre-Dame-des-Landes... Autant de moments de notre histoire examinés d'un oeil neuf.
Émergent ainsi de nouvelles figures, émouvantes ou pittoresques, jusque-là noyées dans l'anonymat des siècles. Et de nouveaux sujets : manger à sa faim, lutter pour sa dignité, découvrir de nouveaux horizons, accéder au savoir, devenir citoyen...
Pas de jargon, un rythme de lecture facile : cette histoire a été rédigée avec le souci de s'adresser au plus grand nombre tout en obéissant à la rigueur du métier d'historien.
Ce livre a été rédigé par trois historiens et un journaliste : Alain Croix, Thierry Guidet, Gwenaël Guillaume et Didier Guyvarc'h.
Ils sont les auteurs de nombreux autres ouvrages dont, chez le même éditeur, l'Histoire populaire de Nantes.
L'oeuvre de Foucault, des années 1970 jusqu'à sa disparition en 1984, fut marquée par la critique d'un concept freudien central : le "complexe d'Oedipe". Contre le prétendu universalisme intemporel de ce concept, le philosophe se donne une double tâche : situer historiquement l'émergence de la prohibition de l'inceste et celle du concept freudien.
La critique foucaldienne se veut radicale, néanmoins elle soulève une difficulté de principe que cet ouvrage explore : comment lutter si vigoureusement contre le "complexe d'Oedipe" sans citer celui qui formula ce concept ? La radicalité de la critique de Foucault aurait impliqué, d'une part, un certain éloignement des psychanalystes de ses travaux et, d'autre part, que ses lecteurs prennent une certaine distance quant à la théorie freudienne.
Afin de dégager les modalités et les formes de cette opération de lecture qu'on peut qualifier d'"effacée", on abordera la logique négative des principales références foucaldiennes au "complexe d'OEdipe". Ainsi, plutôt que de se demander comment son écriture s'articule avec celle de Freud, on se demandera comment elles ne s'articulent pas, et ce qu'il en est de leur rapport intertextuel négatif.
Cet ouvrage s'inscrit à la croisée de deux historiographies, encore rarement convoquées de façon conjointe : celle de l'histoire religieuse envisagée sous l'angle des pratiques d'une part et celle de la culture matérielle, en particulier l'habillement, d'autre part. Les diverses contributions concernent le christianisme dans son ensemble, comme le judaïsme et l'islam, avec une attention particulière portée aux situations de pluralité confessionnelle et aux signes extérieurs de religion. Le cadre chronologique retenu, du Moyen Âge à l'époque contemporaine, permet de cerner les phénomènes d'appartenance confessionnelle manifestés à travers le vêtement à la fois sur le long, le moyen et le très court terme, en relation avec le recours aux traditions et le rythme plus serré des phénomènes de mode. Loin de se limiter au costume des clercs il s'agit d'analyser aussi les éventuelles connotations religieuses de l'apparence vestimentaire des simples croyants.
Les différents textes rassemblés dans ce volume sont essentiellement - mais pas seulement - dus à des historiens, ils permettent de restituer la dimension diachronique de phénomènes (le port du voile, l'habit clérical, le refus des couleurs) trop souvent analysés en fonction du seul contexte récent ou immédiat. Ils permettent ainsi d'apporter des éléments de réponse argumentés et nuancés à des questions contemporaines et notamment à cette interrogation: l'habit fait-il le croyant?
Comment penser les rapports entre travail et subjectivité ? Pour répondre à cette question, ce livre collectif réunit les contributions de philosophes et psychanalystes qui examinent les apports de la psychanalyse - notamment de la psychodynamique du travail - et leurs usages par les théories critiques, en particulier la théorie critique de l'école de Francfort. Afin de penser les incidences subjectives et politiques du travail, l'ouvrage dresse un bilan de la recherche à l'articulation des champs philosophiques et psychodynamiques. À travers l'analyse d'auteurs de référence, aussi bien classiques (Adorno, Arendt, Freud, Green, Horkheimer, Reich, Winnicott) que contemporains (Dejours, Fraser, Habermas, Honneth), les études ici réunies tentent de contribuer à l'élaboration d'une conception critique du travail et de la subjectivité héritière de Marx et de Freud et orientée vers la saisie des transformations contemporaines du travail. Des questions d'actualité, comme par exemple la souffrance au travail ou la gestation pour autrui, sont précisément abordées.
Cet ouvrage interroge les formes que revêtent les mémoires, le rapport du politique au passé, le rapport de la société avec les experts et les chercheurs. Évoquer la question de la reconstruction d'une société après un épisode traumatique permet de retracer les filiations qui se font ou se défont au prisme de la mémoire et de l'histoire d'un pays.
Le sujet principal est ici la guerre de Vendée, mais il aborde aussi d'autres conflits intraétatiques : Saint-Domingue devenue Haïti, l'Algérie, la Nouvelle-Calédonie du XVIe siècle à nos jours. Ces contributions comparatives passent par l'archéologie, l'ethnologie, la littérature et l'histoire.
Ce volume permet une meilleure compréhension de l'histoire et de la mémoire des guerres civiles telles qu'elles ont été pensées, écrites, reconstruites et transmises par les acteurs, les témoins, les contemporains, les historiens.
Les douze textes, ponctués par les conclusions de Jean-Clément Martin, permettent de mieux entrer dans la fabrique des mémoires des guerres civiles d'hier et d'aujourd'hui.
Avec le soutien de Nantes Université, de l'association Les Anneaux de la Mémoire et du musée d'Art et d'Histoire de Cholet.
Que peut nous dire le corps du souverain ? Comment permet-il d'identifier la forme et la nature du pouvoir politique ? Comment manifeste-t-il la prééminence et l'autorité du monarque ?
Ce volume étudie et compare pour la première fois, dans une perspective d'histoire culturelle et politique, les corps des rois hellénistiques et des empereurs romains en confrontant des sources diverses : textes, inscriptions, sculptures, peintures et monnaies. Il réunit des spécialistes européens de différentes disciplines - histoire, anthropologie, histoire de l'art, philologie - qui analysent la construction du corps des souverains antiques à travers sa codification et ses mises en scène, par rapport aux traditions et aux normes grecques, hellénistiques et romaines.
La vie de la reine Bérengère de Navarre possède quelque chose de romanesque : princesse hispanique, aînée de l'une des dynasties les plus modestes de la péninsule, elle devient l'épouse de l'un des souverains les plus célèbres d'Angleterre. Les épisodes d'une trajectoire hors norme, depuis la rencontre avec Richard à Messine, le mariage à Limassol suivi de son couronnement, enfin le séjour en Orient jusqu'à son retour en Europe, marqué par la longue captivité du roi, constituent autant de péripéties qui ont fasciné les contemporains, puis, après eux, historiens, artistes et hommes de lettres jusqu'à aujourd'hui.
La mort du roi Richard la place dans la situation d'isolement dévolue aux reines veuves et sans héritier, dont le retrait au couvent constitue souvent le seul horizon. Elle choisit cependant de se démarquer en élisant une vie active, assumant le gouvernement et l'administration de la ville du Mans et de ses environs.
Bérengère n'a ainsi pas connu l'effacement dans l'anonymat que connaissent nombre de personnages féminins de cette époque. Tout autant que les étapes de sa vie, les étapes de la construction mémorielle du souvenir de la souveraine constituent un objet d'attention, d'abord parce que Bérengère s'est attachée elle-même à construire et organiser la perpétuation de sa mémoire, au moyen du monument mémoriel que constitue l'abbaye de l'Épau. Si elle n'est pas la seule reine à fonder un couvent destiné à abriter sa sépulture, son geste demeure atypique puisque la fondation n'est dédiée qu'à elle-même. Le gisant qu'abrite l'abbaye est devenu le catalyseur d'une mémoire plurielle, bien vivante aujourd'hui, tant au Mans qu'en Navarre, à Chypre ou en Angleterre.
Avec le soutien du Conseil départemental de la Sarthe et de Le Mans Université.
Malgré l'expérience que l'humanité a faite du confinement dans le contexte de crise sanitaire, elle continuera très probablement à vivre dans des espaces urbains plus ou moins denses. Mais les villes seront-elles telles qu'on les imagine, avec leur centralité, la concentration des fonctions et leur périphérie ?
Éléments de réponse dans cet ouvrage, organisé autour d'un glossaire et d'entretiens avec des chercheuses et des chercheurs de différents horizons disciplinaires, mais qui n'en partagent pas moins un point commun : ils oeuvrent avec la nouvelle Université Gustave Eiffel, qui a vocation à contribuer à une meilleure connaissance des "villes de demain", de leurs défis et des manières d'y faire face.
Avec le soutien de l'Université Gustave Eiffel, la Comue université Paris-Est.
Parallèlement à son activité d'écrivain, l'illustre auteur des Mémoires d'outre-tombe a assumé des responsabilités politiques et diplomatiques très importantes. Or, il était injuste que cette dimension de la vie de Chateaubriand demeurât méconnue ou fragmentaire, car elle est aussi passionnante que l'oeuvre de l'écrivain. Surtout, son action d'homme d'État résonne tout particulièrement de nos jours, tant il n'eut de cesse de défendre les libertés individuelles, la liberté d'expression, ainsi que l'unité et la sécurité de la France. C'est ce qu'a mis au jour Agnès Kettler en explorant les Archives diplomatiques de La Courneuve et du Quai d'Orsay. Richement illustrée, cette exploration dans le passé de l'écrivain diplomate est d'une insolente actualité.
Des centaines de milliers de mères ont abandonné leur enfant au cours du XXe siècle. Elles sont encore actuellement 700, chaque année. La vox populi les juge souvent comme des femmes de mauvaise vie. Cet ouvrage va à l'encontre de ces préjugés. Il présente qui elles sont réellement, à travers leur âge, leur situation matrimoniale et familiale, leur origine géographique, leur profession et leurs ressources. Il vise aussi à mieux cerner les raisons qui conduisent ces mères à cette décision. Des caractéristiques communes rassemblent ces femmes. Des différences apparaissent aussi, liées à la singularité de chacune, et fonction des conditions économiques, des moyens contraceptifs disponibles, de la législation et du regard de la société.
L'auteure apporte aussi un éclairage sur ce que les mères transmettent à leur enfant, sur leurs demandes ultérieures de nouvelles et de reprise, ainsi que sur les démarches de leurs enfants pour les retrouver.
Ce livre qui s'inscrit dans l'histoire des femmes et l'histoire de l'enfance abandonnée rend visible les plus invisibles des femmes et montre combien loin d'être des mères indignes ce sont des mères courage. Leur histoire dit beaucoup du regard de la société sur les personnes en difficultés ou en dehors de la norme.
Des Français orgueilleux, des femmes luxurieuses, des gens du peuple ivrognes et paresseux, des courtisans cupides et envieux, des souverains sodomites : telles sont, entre autres, les figures récurrentes d'une véritable fabrique de la morale à l'oeuvre en Bretagne entre les XIIe et XVe siècles.
En faisant de ce duché un laboratoire d'observation privilégié, ce livre reconstruit les modalités par lesquelles l'Église et l'État mettent en place les normes morales essentielles à la définition et à la consolidation d'un ordre politique et social. En s'appuyant sur le concept de péché et en l'adaptant aux différents contextes, ces institutions forgent des identités d'exclusion à partir de la religion, de la nationalité, du statut social, du genre ou de l'âge, qu'elles médiatisent dans l'espace public par une pluralité de discours. La fabrique de la morale devient ainsi une arme de culpabilisation des sujets bretons, mais aussi un instrument de stigmatisation d'une altérité menaçante, visant à justifier l'obéissance aux pouvoirs établis.
Fondé sur des concepts transdisciplinaires et des sources variées (productions juridiques, oeuvres de pastorale, textes littéraires, sculptures), cet ouvrage est destiné aussi bien aux historiens et chercheurs en sciences sociales qu'à tout public soucieux de saisir les ressorts de la domination idéologique au Moyen Âge
« Rome n'est plus dans Rome, elle est toute où je suis », peut-on lire dans une tragédie de Corneille. Inversant le proverbe qui dit que tous les chemins mènent à Rome, ce livre révèle combien les voies partant de Rome conduisent vers d'insoupçonnables ailleurs. Du XVIe au XVIIIe siècle, entre Renaissance et Lumières, de multiples villes et territoires se sont en effet réapproprié le mythe de Rome, dépositaire d'un idéal politique antique tout à la fois impérial et républicain, et capitale d'une religion à vocation universelle. Ces réappropriations sont un véritable objet d'histoire politique et culturelle, car elles ne fonctionnent jamais par simple mimétisme mais par distorsions, transferts et distinctions vis-à-vis des réalités romaines. Du Moscou des Romanov à la Virginie de Jefferson, en passant entre autres par le Saint-Empire toujours romain-germanique, l'Espagne de Philippe II, la France de Louis XIV et celle de la Révolution, les 11 chapitres de ce livre sont autant de voyages conduisant de Rome au reste de l'Europe et du monde. Ouvrant la voie à une « histoire mondiale de Rome » qui reste à écrire, ils s'offrent aussi comme modèles d'interprétation des liens qui se tissent entre les villes, dans la rugosité de leurs édifices comme dans la plasticité de leurs imaginaires.
La relation de François Mitterrand au territoire revêt de multiples dimensions: politique, bien sûr, puisqu'il y trouve son enracinement et la construction d'un pouvoir, mais aussi sociale, culturelle voire esthétique en raison de son attachement bien connu aux sites et pays. Examiner son parcours au prisme de l'ancrage territorial, c'est donc tenir compte aussi bien des préoccupations et de la sensibilité du personnage, que de ses fonctions à tous les niveaux de la vie politique. Sa géographie personnelle se dévoile ainsi dans toute sa complexité: l'homme n'est pas réductible à un seul territoire, c'est l'une de ses originalités.
Cette approche ouvre plusieurs pistes de réflexion qui viennent structurer cet ouvrage collectif: le rapport entre ses ancrages locaux et ses ambitions nationales, la place des territoires dans les représentations et mises en scènes du pouvoir mitterrandien, enfin la politique territoriale de François Mitterrand, de sa conception à la définition d'une politique publique, dont il s'agit d'envisager les spécificités.