Bulletin de la Société française de philosophie n.4 : d'un sensible l'autre : sur la signification métaphysique des sensibles (octobre-décembre 2020)

À propos

On partira d'une représentation qui, sous diverses formes, a dominé une part importante de la philosophie du XXe siècle : celle de « la fin des arrière-mondes ». On essaiera de comprendre comment la récession du désir d'évasion en direction de quelque chose qui serait désigné comme suprasensible n'a pas reconduit la philosophie contemporaine, tant s'en faut, vers une prise en compte du sensible comme tel. La philosophie contemporaine, dans l'ensemble, certes, ne raisonne plus en termes d'opposition entre un sensible et un suprasensible et ne se donne plus comme tâche prioritaire le passage de l'un à l'autre, mais on peut avoir l'impression que, en perdant le sens du suprasensible, elle a perdu celui du sensible aussi.Pour essayer d'en comprendre les raisons, on reviendra sur la fameuse fable nietzschéenne du Crépuscule des idoles et on proposera diverses interprétations de la fin du « platonisme » que, apparemment, il faudrait diagnostiquer à sa lumière. On discutera si cette fin, ainsi que ceux qui l'ont thématisée ont pu parfois le croire, doit être interprétée comme un retournement ou comme un renversement, ou bien si ce motif n'offre pas d'autres possibilités : si sortir du platonisme ne consiste pas en autre chose que le renverser. La représentation d'une telle sortie n'est cependant possible que si l'on parvient à la juste appréhension de ce dont on serait censé sortir ou être déjà sorti. On rouvrira donc la question de la constitution platonisante du rapport métaphysique au sensible - ce qui conduira aussi bien à faire réentendre l'ambiguïté et la tension inhérentes à la notion de métaphysique, quelque peu étouffées aujourd'hui. Plutôt que d'y voir une pure et simple occultation du sensible, on y reconnaîtra une façon de prendre en charge la réalité du sensible et, en fait, l'invention même de ce sensible comme tel. On mettra en lumière, à cet égard, un double mouvement : comment la métaphorisation métaphysique du sensible est indissociable de sa constitution en genre unifié par le moyen d'une synecdoque. À partir de là, on pourra réfléchir sur les différentes façons dont le sensible, plutôt que de voir sa réalité s'effacer avec la métaphore métaphysique qui l'avait produit au profit d'une « métaphysique sans métaphore », ce rêve constitutif de la philosophie moderne, peut aujourd'hui être remis en jeu dans sa diversité, en déplaçant les leviers mêmes actionnés par le platonisme pour le constituer.


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  • Auteur(s)

    Jocelyn Benoist

  • Éditeur

    Societe Francaise De Philosophie

  • Distributeur

    Vrin

  • Date de parution

    24/02/2022

  • Collection

    Bulletin De La Societe Francaise De Philosophie

  • EAN

    9782711650989

  • Disponibilité

    Disponible

  • Nombre de pages

    54 Pages

  • Longueur

    24 cm

  • Largeur

    15.5 cm

  • Épaisseur

    0.4 cm

  • Poids

    102 g

  • Support principal

    Revue

Infos supplémentaires : Broché  

Jocelyn Benoist

Jocelyn Benoist est un philosophe français, ancien élève de l'École normale supérieure.
Sa spécialité est l'étude de la philosophie du langage et de la connaissance, notamment à travers la confrontation entre la philosophie analytique et la phénoménologie. Ainsi, il a consacré une bonne partie de ses publications à la portée moderne de la première philosophie d'Edmund Husserl et des autres disciples de l'Autrichien Franz Brentano.
Il enseigne actuellement la philosophie à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il est également membre de l'Institut Universitaire de France.

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